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À La Une - conflit

La Turquie renforce son opération à Jarablos en Syrie

Repli des miliciens kurdes vers la rive est de l'Euphrate, selon Kerry.

Une colonne de fumée s'élève de la ville frontalière syrienne de Jarablos. Photo prise depuis la ville turque de Karkamis; REUTERS/Umit Bektas

La Turquie a envoyé jeudi un nouveau convoi de blindés en territoire syrien, au lendemain d'une offensive éclair des rebelles syriens qu'elle a soutenue et qui a permis de reprendre au groupe Etat islamique (EI) la localité de Jarablos, près de la frontière.

Avec cette opération,  la Turquie vise aussi à stopper l'expansion kurde à sa frontière. Le Parti de l'Union démocratique (PYD), principale milice kurde de Syrie, qui bénéficie du soutien militaire américain, élargit le territoire sous son contrôle. Il le fait soit directement, soit sous la bannière des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance constituée avec des forces arabes.

Dix chars, dix véhicules blindés de transport de troupes, des ambulances ainsi que des engins lourds ont franchi la frontière à la hauteur de la localité turque de Karkamis (sud-est) et sont entrés sur le sol syrien, où l'on entendait sporadiquement des rafales et des explosions, selon un photographe de l'AFP sur place. En quelques heures seulement, lors de cette opération "Bouclier de l'Euphrate" (du nom du fleuve voisin) des centaines de rebelles syriens appuyés par l'aviation et les chars turcs ont pris Jarablos (nord de la Syrie).

Par cette opération militaire, la plus grosse jamais lancée par la Turquie depuis le début du conflit syrien, Ankara répond d'abord à l'attentat qu'il a attribué à l'EI qui a tué 54 civils à Gaziantep (sud-est) samedi dernier.
Après plusieurs attaques meurtrières de l'EI en Turquie depuis 2015, le gouvernement, longtemps accusé de complaisance à l'égard des jihadistes, ne pouvait que réagir.

"Nous pensions faire cette opération en juin 2015 mais elle a été retardé en raison de trois facteurs", a expliqué un responsable turc sous couvert d'anonymat, citant la réticence de l'armée turque, le faible soutien de Washington à un tel plan et l'incident aérien avec la Russie qui a provoqué une crise russo-turque.

L'autre grand objectif avoué de l'opération est de mettre un terme à l'avancée de milice kurde. "Nous allons faire en sorte que le PYD ne remplace pas Daech (acronyme arabe de l'EI) dans cette zone", a dit jeudi le ministre turc de la Défense Fikri Isik.

 

(Lire aussi : Syrie : Erdogan fait d'une pierre quatre coups)

 

Pas de jihadistes, ni de Kurdes
La Turquie, en conflit avec les Kurdes sur son propre territoire, est farouchement hostile à l'idée que les Kurdes syriens forment une ceinture continue le long de sa frontière. Pour le régime turc, le PYD et son aile militaire, YPG, sont des organisations "terroristes", au même titre que le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), mouvement armé actif depuis 1984 sur le sol turc.

La rapidité de la reconquête de Jarablos a stupéfié les analystes alors que la capture par les Kurdes de localités tenues par l'EI dans le nord de la Syrie, comme Kobané ou Manbij, avait nécessité de longs combats. Les Etats-Unis apportent leur soutien - y compris dans les airs - à l'opération turque de l'autre côté de la frontière syrienne pour y repousser l'EI, ont indiqué des responsables américains sous couvert d'anonymat.

Le vice-président américain Joe Biden, qui s'est entretenu avec les dirigeants turcs mercredi pour apporter le soutien de Washington au régime du président Recep Tayyip Erdogan, visé le 15 juillet par un putsch raté, a mis en garde les Kurdes de ne pas franchir l'Euphrate, comme le réclame la Turquie. Jeudi, à Stockholm, où il s'est déplacé ensuite, M. Biden a estimé que "les Turcs sont prêts à rester aussi longtemps qu'il le faudra (en Syrie) dans l'objectif de neutraliser l'EI", saluant "le changement graduel de mentalité" d'Ankara à l'égard du mouvement jihadiste.

 

(Lire aussi : Plusieurs groupes rebelles seraient sur le point de fusionner en Syrie)

 

Jeudi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a indiqué au téléphone à son homologue turc Mevlüt Cavusoglu que "les forces YPG/PYD sont en train de se replier vers l'est de l'Euphrate", a indiqué un communiqué des services du ministre turc. Le ministre turc de la Défense, Fikri Isik, a pour sa part exigé que ce repli se termine rapidement et a averti, à défaut, que "la Turquie a tous les droits d'intervenir".

Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Office syrien des droits de l'homme (OSDH) a de son côté affirmé qu'"il a eu une petite partie des FDS qui s'est retirée à l'est de l'Euphrate", mais que "le gros de ces forces est encore à l'ouest".

La presse turque a adopté un ton largement nationaliste, saluant jeudi l'offensive et faisant état d'une centaine de jihadistes tués lors de cette opération, tel le quotidien Hurriyet. "Mehmetçik est en Syrie !" lançaient les quotidiens. "Mehmetçik" (le petit Mehmet) est le nom affectueux donné aux simples soldats en Turquie.
L'armée turque n'a déploré aucune perte, a indiqué Fikri Isik, donnant un bilan de deux rebelles tués et deux autres blessés.

 

 

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commentaires (2)

Il faut renforcer plus !!! C'est une preuve extraordinaire que la Turquie a besoin des kurdes Pourquoi ne pas faire la paix et s'associer contre Daesch Le seul moyen de ne plus avoir des attentats en Turquie L'opportuniste Erdogan ne réalise pas ça ????

FAKHOURI

18 h 34, le 25 août 2016

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Commentaires (2)

  • Il faut renforcer plus !!! C'est une preuve extraordinaire que la Turquie a besoin des kurdes Pourquoi ne pas faire la paix et s'associer contre Daesch Le seul moyen de ne plus avoir des attentats en Turquie L'opportuniste Erdogan ne réalise pas ça ????

    FAKHOURI

    18 h 34, le 25 août 2016

  • Connivence ou pas Russie consentante ou pas cela reste une agression d'un pays étranger contre un autre. Comme le font les us en Irak en Afghanistan et ailleurs en syrie.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 28, le 25 août 2016

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