Après Pharaon et Makary, le Hezbollah propose d’ajourner la tenue du Conseil des ministres

Le Premier ministre Tammam Salam a parrainé hier au Grand Sérail une cérémonie organisée par le Conseil national de la recherche en l'honneur des élèves ayant excellé au baccalauréat, en présence notamment du ministre de l'Éducation Élias Bou Saab, et de la présidente de la commission de l'Éducation, la députée Bahia Hariri.
Dans son allocution de circonstance, M. Salam a déclaré que « nous sommes au cœur d'une crise politique, marquée par l'incapacité des leaders et forces politiques à faire régner le droit, précisément leur incapacité à élire un président de la République ». « Je n'ai eu de cesse de mettre en garde, pendant plus de deux ans (depuis le début de la vacance présidentielle), contre le cumul des effets négatifs de la vacance présidentielle ». Il s'est attardé sur « la paralysie » du pouvoir législatif. « Sachant que le Parlement doit se réunir au moins trois fois par semaine, il ne s'est réuni qu'une fois au cours de l'année écoulée, et pas une seule fois cette année. Comment donc le gouvernement peut-il travailler en l'absence d'un Parlement qui le suit et lui réclame des comptes ? »
Tout en confiant que « la situation n'inspire aucun optimisme », il a en même temps exprimé sa détermination à préserver ce qu'il reste des institutions, à travers le gouvernement. « Force est de relever qu'en dépit de toutes les secousses, les guerres et les ravages autour de lui, le Liban a réussi à préserver une cohésion interne enviable. » « En ce qui me concerne, je persévère, en coopération avec plusieurs collègues, à protéger le Liban. Nous ne reculerons pas ni ne faiblirons devant aucun défi. Il est demandé à tous de prendre conscience des dangers que nous affrontons et de faire front commun », a-t-il conclu, à la veille d'un Conseil des ministres auquel le Courant patriotique libre a annoncé son absence, pour protester contre un éventuel report du départ à la retraite du commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi.
Prenant la parole à son tour, le ministre Élias Bou Saab a fait une allusion à peine voilée à cette polémique. « Le pays continue de gaspiller les opportunités et les potentiels nationaux, a-t-il souligné. Ainsi, certaines forces ne réussissent pas à sélectionner les ressources humaines compétentes au sein des institutions, afin de leur confier des postes de commandement. Leurs prétextes futiles ne font que consacrer l'immobilisme et aliéner la décision nationale à l'étranger », a affirmé M. Bou Saab.
Par ailleurs, le Premier ministre a examiné avec ses visiteurs les moyens de limiter l'escalade annoncée par le camp aouniste. Il a ainsi reçu au Grand Sérail le vice-Premier ministre et ministre de la Défense Samir Mokbel, avant de s'entretenir avec le ministre du Tourisme Michel Pharaon, qui défend, avec le vice-président de la Chambre, Farid Makary, et le Hezbollah, l'idée d'un report du Conseil des ministres prévu aujourd'hui. « Le problème est moins dans la configuration de la réunion de demain, que dans le mécanisme de prise de décision, a déclaré M. Pharaon. Des décisions peuvent-elles être prises en l'absence de deux composantes du cabinet, à savoir les Kataëb et le Courant patriotique libre ? Selon quels paramètres ? Y aurait-il une composante chrétienne légitime, et une autre illégitime », s'est demandé M. Pharaon, en rappelant avoir pris part au cabinet en tant qu'indépendant du 14 Mars.
Le député Mohammad Raad, chef du bloc du Hezbollah, avait appelé plus tôt hier, dans un communiqué, à reporter la réunion ministérielle. « Au regard des répercussions prévisibles de la décision annoncée hier (mardi) par le bloc du Changement et de la Réforme de boycotter le Conseil des ministres prévu demain (aujourd'hui), et vu la nécessité de garantir au cabinet un cadre de travail fondé sur un partenariat positif entre toutes ses composantes, surtout en cette période sensible, le Hezbollah demande au président Tammam Salam de reporter la date du prochain Conseil des ministres, de manière à donner plus de temps aux concertations en cours entre les composantes du gouvernement. »
Cette demande du Hezbollah a été transmise officiellement au Premier ministre par le ministre Mohammad Fneich. Celui-ci a déclaré à l'issue de sa visite au Grand Sérail « avoir passé en revue les développements survenus après la position du bloc du Changement et de la Réforme ». « Nous avons jugé adéquat de demander le report du Conseil des ministres afin que les contacts en cours aient plus de chance d'aboutir à une issue valable qui épargne au pays une nouvelle confrontation », a-t-il ajouté. Interrogé sur la position du Premier ministre à cet égard, il a rapporté « l'appui de ce dernier à la tenue du Conseil des ministres et son intention de gérer la réunion de manière à contourner l'absence des ministres du CPL ». À une question sur la participation du Hezbollah à la réunion, M. Fneich s'est contenté de répondre : « Pour l'heure, nous n'avons pas pris la décision de boycotter le Conseil des ministres. »

Kahwagi et Richard chez Mokbel
Alors que se confirme l'hypothèse d'un report du départ à la retraite de l'actuel commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, ce dernier a été reçu hier par le ministre de la Défense, Samir Mokbel, qui s'est également entretenu avec l'ambassadrice des États-Unis Elizabeth Richard, en présence de l'attaché militaire auprès de l'ambassade. L'entretien avec la diplomate aurait été axé sur l'aide à l'armée. Mme Richard a valorisé « les accomplissements de l'armée face au terrorisme, ce qui incite les États-Unis à continuer de verser leurs aides à l'institution militaire ». De son côté, M. Mokbel a remercié les États-Unis pour « les aides obtenues et les aides futures ».
Par ailleurs, le général Kahwagi a reçu à Yarzé l'ambassadeur d'Úgypte, Mohammad Badreddine Mostafa Zayed, accompagné de l'attaché militaire auprès de l'ambassade. Il s'est également entretenu avec l'ambassadrice des Pays-Bas, avant de présider hier une réunion de la haute commission de gestion du projet militaire-civil (CIMIC), mis en œuvre en partenariat avec les autorités hollandaises.

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