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Liban - Dépotoir de Bourj Hammoud

Les ordures de nouveau dans les rues, dans l’attente d’un déblocage

Sukleen n'a pas collecté hier les ordures du Metn, du Kesrouan et de certains quartiers de Beyrouth. Silence radio du CDR.

Le site provisoire de stockage à Bourj Hammoud. Ani

C'est de nouveau l'impasse totale dans le dossier des déchets depuis la fermeture, hier, par la municipalité de Bourj Hammoud, en collaboration avec le parti Tachnag, de la route menant à l'aire de stockage temporaire des déchets, à Bourj Hammoud, provenant d'une partie de Beyrouth, du Metn et du Kesrouan. Une décision que le président du conseil municipal, Nardig Boghossian, avait annoncée mardi par courrier au Conseil du développement et de la reconstruction (CDR). Il avait déclaré refuser que les déchets continuent d'être empilés dans cet espace de stockage, si les travaux d'aménagement de la décharge définitive de Bourj Hammoud restaient bloqués.

Il faisait ainsi référence au blocage du site par le parti Kataëb et par les écologistes, réunis en sit-in depuis une dizaine de jours, dans une volonté de contrer la solution d'enfouissement des déchets, adoptée par le gouvernement le 12 mars 2016. Réclamant une solution alternative, ces derniers dénoncent haut et fort « l'impact écologique et sanitaire d'une telle décharge au sein d'un quartier populaire défavorisé », mais aussi l'opération « de remblayage de la mer avec des déchets non triés ».

 

(Pour mémoire : Les Kataëb déterminés à aller jusqu'au bout)

 

Au Metn et au Kesrouan, 1 100 tonnes de déchets par jour
Résultat, la compagnie Sukleen, chargée de la collecte et du traitement des déchets au Mont-Liban, n'a pas collecté les ordures hier, « dans les régions concernées », dont les déchets sont habituellement transportés dans l'aire de stockage temporaire de Bourj Hammoud, comme l'affirme à L'OLJ le bureau de presse de Sukleen-Sukomi. Par « régions concernées », elle signifie « certains quartiers de Beyrouth, le Metn et le Kesrouan ». L'entreprise avait publié un communiqué dans la journée, se déclarant être « dans l'impossibilité de collecter et de transporter les ordures des régions concernées par la décharge de Bourj Hammoud (...) en raison de la fermeture par la municipalité de l'accès au site ». Ce qui représente, en matière de volume de déchets, « 1 100 tonnes par jour environ provenant d'une centaine de localités et de municipalités du Metn et du Kesrouan », souligne encore à L'OLJ le bureau de presse.

Quant aux chiffres concernant les quartiers de la capitale touchés par le blocage, ils n'étaient pas disponibles, hier soir. La compagnie a, de plus, affirmé dans son communiqué avoir « notifié le CDR » du problème, et précisé en « attendre les instructions ». Mais à l'heure d'aller sous presse, aucune instruction du CDR n'avait été donnée, alors que son PDG, Nabil Jisr, contacté à plusieurs reprises par L'Orient-Le Jour, était aux abonnés absents.

Les ordures envahiront-elles une nouvelle fois les rues du pays ? L'éventualité semble inévitable, tant la crise est aiguë. D'autant que le parti Kataëb a opté pour l'escalade, comme le confirme à L'OLJ l'ancien ministre Sélim Sayegh. À moins que les autorités ne décident de « stocker ailleurs » les ordures de Bourj Hammoud, comme il le préconise. « Certains sites ont une disponibilité d'encore six mois, le temps nécessaire pour trouver l'alternative », assure M. Sayegh.

 

Blocage pour blocage
Ainsi, le parti Kataëb « monte en puissance » dans son initiative, s'appuyant sur le « soutien de la société civile et de quelques personnalités », l'objectif étant de pousser les autorités à « traiter le problème à l'origine » et à « envisager une solution rationnelle ». M. Sayegh invite les autorités à « saisir l'opportunité » pour débattre à nouveau du dossier des déchets et privilégier le tri et le traitement des ordures, plutôt que l'enfouissement et l'atteinte à la faune, à l'environnement et à la santé publique. « L'empilement dans l'aire de stockage provisoire de plus de 1 200 tonnes par jour de déchets triés et recyclés à 9 % dans le meilleur des cas représente un véritable danger pour les habitants de Bourj Hammoud.

La vie est devenue impossible dans ce quartier », martèle-t-il. Loin du parti la volonté de provoquer « une hystérie collective ». Le représentant des Kataëb se veut rassurant : « Il existe une panoplie de solutions intermédiaires, acceptables sur le plan écologique. »

Mais Bourj Hammoud ne l'entend pas de cette oreille. « Nous (le parti Tachnag et la municipalité) sommes entièrement d'accord avec le plan des déchets adopté en mars 2016 par le Conseil des ministres », affirme à L'OLJ le secrétaire général adjoint du Tachnag, Avedis Guidanian. Une réalité d'ailleurs expliquée à une délégation du PNL en visite à Bourj Hammoud. Il rappelle que « Bourj Hammoud a accepté cette solution, lorsque le pays était noyé sous les ordures », moyennant des contreparties financières, à l'instar des régions de Jdeideh et de Costa Brava. « Chacune de ces trois régions recevra 8 millions de dollars par an pendant quatre ans en guise de dédommagement et 25 millions de dollars destinés à des projets de développement », rappelle-t-il.

Mais cet accord est soumis à une condition : « Il est essentiel que toutes les étapes du processus soient respectées », souligne M. Guidanian, autrement dit que les déchets soient stockés dans un site provisoire, le temps que soit aménagée la décharge sanitaire de Bourj Hammoud-Jdeideh, sur le littoral. « Un processus sur lequel la municipalité a droit de regard », comme il l'explique et qui « privilégiera progressivement le tri, le recyclage et le compostage ». « Car, pour l'instant, le tri ne concerne que 7 à 8 % des déchets empilés », constate le représentant du Tachnag. « Or le blocage par certaines parties de l'accès au chantier d'aménagement de la décharge empêche l'application de ce plan », poursuit-il, craignant fort qu'avec l'arrêt des travaux d'aménagement de la décharge, Bourj Hammoud ne se trouve face à « une nouvelle montagne d'ordures ». Chose qu'elle « refuse formellement ». C'est la raison pour laquelle l'aire de stockage temporaire « restera fermée par la municipalité »... à moins que les manifestants « ne présentent une solution ».

 

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commentaires (1)

Super !!! Ainsi, le "stockage" des ordures dans les rues et autres endroits publics est plus écologique !!! BRAVO MESSIEURS LES SUPER-INCAPABLES ! tout cela pour de basses questions de bénéfices financiers... Irène Saïd

Irene Said

10 h 33, le 25 août 2016

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Commentaires (1)

  • Super !!! Ainsi, le "stockage" des ordures dans les rues et autres endroits publics est plus écologique !!! BRAVO MESSIEURS LES SUPER-INCAPABLES ! tout cela pour de basses questions de bénéfices financiers... Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 33, le 25 août 2016

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