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Nos Lecteurs ont la Parole - Karl BOUNADER

Perspectives d’un émigré

Pourquoi m'efforcez-vous de replonger dans la politique chaque été, contraignant cette plaie qui refuse de cicatriser à se désunir pour me faire retomber encore et encore dans la déception. Les constations sont les mêmes, les cadors de la politique aussi. Il est facile de généraliser et de dire qu'aucun d'entre eux ne vaut la peine d'être écouté ou encore moins d'être défendu. Généraliser, c'est être ignorant vous diront certains. Je dois donc sûrement l'être...
Car non, il ne suffit pas de réclamer la construction d'un pays libre, souverain, indépendant et prospère pour mériter notre soutien. Il ne suffit pas non plus d'être victime d'injustices ou d'assassinats pour que l'on compatisse et que l'on se range de votre côté. Cette vision d'un Liban moderne doit être le minimum, la base de la base des positions de tout homme ou femme osant se lancer dans l'exercice public. Toute autre idée du Liban n'a pas le droit d'être. Cette vision ne s'est pas concrétisée et n'en reste qu'une après plus de 10 ans du retrait des forces armées syriennes. Bien au contraire, nous nous en sommes éloignés jour après jour, la normalité nous paraissant aujourd'hui comme un luxe et l'absurdité comme raisonnable. Votre délai d'action, messieurs, a expiré, passez votre tour.
Un individu, un seul, ayant le courage de refuser toute mainmise sur le Liban et de dire haut et fort que ce pays n'appartient à aucune entité autre que la libanaise, certainement pas arabe, que les Libanais forment à eux-mêmes une civilisation à part entière, et l'on suivra. Nous sommes une civilisation, distincte, unique, faite d'un mélange complexe d'une multitude de civilisations. Comprendre cela, c'est refuser toute ingérence étrangère dans notre pays, c'est faire la moitié du chemin vers notre souveraineté. Tout comme les Argentins, bien que parlant espagnol, n'en sont pas, ou les Brésiliens qui ne sont pas des Portugais, ou les Américains qui ne sont pas des Anglais, les Libanais eux ne sont pas arabes, mais libanais.
Le Liban n'est qu'un point de départ pour les Libanais vers le monde entier. Il est peut-être notre pays mais le reste du monde est notre terrain de jeu. Des millions de Libanais, brillants, distingués, respectés, reconnus et, en contrepartie, au Liban, des incompétents qui nous volent, nous gouvernent, nous mettent sous l'emprise des autres. Cette ambition trop grande pour un seul pays et cette ouverture aux autres sont ce qui nous définit. L'intolérance n'est pas libanaise, elle nous a été infligée par un lavage de cerveau. Quels idiots pouvons-nous être pour haïr tout un peuple sur le simple fait de leur origine ou de leur religion. Il n'y a que les ignorants qui sont capables d'un tel fanatisme.
En réalité, ce qui nous gouverne aujourd'hui, c'est le vide. Un vide qui a laissé place à la prolifération de politiciens instinctifs, corrompus, de bas niveau, entraînant le Liban entier avec eux dans leur médiocrité. Il n'existe pas cet individu, aujourd'hui ; il n'en existe pas un seul, lucide et courageux, tel que l'on a connu avec Fouad Chéhab ou Béchir Gemayel, ces derniers gardant jusqu'à ce jour des marques de leur passage au travers de ce vide Libanais.
À quand donc un nouveau visionnaire, un nationaliste, un révolutionnaire ? Il suffit d'un pour nous libérer de cette détresse, et il n'est pas en vue. Le temps passe et l'espoir de sortir du précipice dans lequel notre pays s'enfonce et ou notre identité se perd s'amenuise. Tant que cet espoir existe, je serai libanais. Je le suis aujourd'hui, mais combien de temps avant que je n'en devienne trop étranger et sois forcé de ne choisir qu'une seule facette de mon multiculturalisme pour tourner définitivement le dos à ce pays.

Karl BOUNADER

Pourquoi m'efforcez-vous de replonger dans la politique chaque été, contraignant cette plaie qui refuse de cicatriser à se désunir pour me faire retomber encore et encore dans la déception. Les constations sont les mêmes, les cadors de la politique aussi. Il est facile de généraliser et de dire qu'aucun d'entre eux ne vaut la peine d'être écouté ou encore moins d'être défendu....

commentaires (2)

PAS LE VIDE MAIS LES VIDES... CAR LE VIDE FUT FABRIQUE ET IMPOSE PAR LES VIDES... TRES CHER MONSIEUR !

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 22, le 22 août 2016

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • PAS LE VIDE MAIS LES VIDES... CAR LE VIDE FUT FABRIQUE ET IMPOSE PAR LES VIDES... TRES CHER MONSIEUR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 22, le 22 août 2016

  • Je suis Libanais arabophone, un point c'est tout. L'Egyptien parle l'arabe, il est Egyptien. Le Syrien parle arabe, il est Syrien. Les Canadiens anglophones et les Canadiens francophones sont Canadiens, un point c'est tout. Les Brésiliens parlent le portugais, ils sont Brésiliens. Toute l'Amérique du Sud et l'Amérique centrale parlent l'espagnol, ils sont des Argentins, des Chiliens, des Colombiens, des Boliviens, des Mexicains, des Panamiens, des Costa-Ricains etc... Les Etats-Unis est une nation formée d'Européens, d'Asiatiques, d'Africains etc... ils sont tous des Américains.

    Un Libanais

    16 h 45, le 22 août 2016

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