Polémique autour de la rénovation du sanctuaire du prophète Chamoun à Lassa

Les incidents se suivent à Lassa, et le dernier en date a eu lieu hier, lorsque le Conseil supérieur islamique a décidé de poser la première pierre de la rénovation du sanctuaire du prophète Chamoun. Le sanctuaire en question se trouverait, selon des informations fournies par l'ancien député de la région, Farès Souhaid, sur un terrain appartenant à l'Église maronite, d'où le report de la cérémonie hier.

« Le Conseil supérieur islamique a annoncé la rénovation du sanctuaire en question il y a quelques jours. Mgr Antoine Nabil Andary a donc demandé au père Georges Atallah d'assister à cet événement, mais ce dernier a découvert que les travaux allaient être effectués sur un terrain appartenant au Wakf maronite. La situation s'est alors tendue et le père Atallah a averti le patriarcat maronite », a révélé M. Souhaid à L'Orient-Le Jour, tout en indiquant n'avoir jamais entendu parler de ce sanctuaire auparavant. La communauté chiite de Lassa, elle, a précisé dans un communiqué qu'elle comptait effectuer des travaux de rénovation sur un sanctuaire « existant depuis des centaines d'années » et non pas ériger un nouvel édifice. « Le report du lancement de la rénovation a été décidé afin de laisser aux négociations de mardi (demain) le soin de trouver une solution », a indiqué le représentant du vice-président du Conseil supérieur islamique, le cheikh Hassan Charifé.


(Pour mémoire : Les querelles de Lassa vers un règlement à l'amiable ?)


Des négociations devront commencer demain entre l'Église maronite et les autorités religieuses chiites pour régler la question des litiges entourant la propriété de certains terrains dans le village, qui opposent les chiites de Lassa au Wakf maronite depuis plusieurs années. Les chiites de la localité considèrent que le recensement des cadastres effectué en 1939 les a privés d'une partie de leurs terrains, au profit de l'Église maronite. Ils demandent qu'un nouveau recensement soit effectué.

« Ils veulent annuler les actes de la loi de 1939 et revenir vers un accord à l'amiable en présentant des titres de propriété qui datent d'avant le mandat français. Ils veulent négocier avec l'Église avec ces titres tout en créant un état de fait sur le terrain pour gagner plus », a affirmé M. Souhaid. Il cite « trois sortes d'état de fait pratiqués par la communauté chiite à Lassa. Ces états de fait sont d'abord agricoles : on cultive dans des terrains appartenant à l'Église. On y construit également des maisons. Et, enfin, on y enterre des morts », dit-il. « L'Église possède 96 terrains lotis à Lassa. Il y a eu des infractions sur 40 de ces terrains », conclut-il.

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