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Liban - Commémoration

Rifi au Hezbollah : Ce n’est pas le temps des victoires fantasmées, mais celui de la résistance des fils d’Alep

Le ministre démissionnaire de la Justice a lancé hier une attaque simultanée contre le parti chiite et son parrain iranien, ainsi que contre le régime de Damas, à l'occasion de la troisième commémoration du double attentat contre les mosquées al-Taqwa et al-Salam à Tripoli.

Image particulièrement symbolique. Achraf Rifi posant derrière un collage mêlant les images emblématiques de deux petits enfants victimes de la répression du régime syrien : Aylan Kurdi, retrouvé noyé sur les côtes turques en septembre 2015, et Omrane Dashneek, miraculé d’Alep il y a quelques jours.

« Nous poursuivons notre confrontation à une frénésie destructrice de l'État, des institutions et des valeurs de la République. Nous ne manquerons pas d'utiliser tous les moyens pacifiques pour faire échec au coup d'État contre la Constitution. Nous refuserons que le mini-État s'arroge le droit de nommer le président de la République et le président du Conseil. »
Tels sont en substance les messages adressés par le ministre démissionnaire de la Justice, Achraf Rifi, au Hezbollah et à ses alliés samedi concernant les dossiers intérieurs. Mais sur le plan régional, le leader tripolitain n'y a pas été de main morte non plus, rejetant les discours du parti chiite au sujet des « victoires fantasmées » en Syrie, et soulignant que c'est plutôt le temps des revers qui est venu, comme l'atteste, selon lui, la résistance des habitants d'Alep au siège imposé par les forces alliées au régime Assad
M. Rifi s'exprimait dans le cadre d'une conférence de presse à son domicile de Tripoli à l'occasion de la troisième commémoration des deux attentats contre les mosquées al-Taqwa et al-Salam à Tripoli, en présence d'une délégation du comité des ulémas musulmans présidée par le cheikh Zekraya el-Masri, et formée des cheikhs Salem Rafeï, Bilal Baroudi, Nabil Rahil et Kamal Rafeï. La délégation avait évoqué avec M. Rifi les derniers développements dans l'enquête relative au double attentat, selon M. Baroudi, qui a mis en exergue « l'attachement de Tripoli au vivre-ensemble ».

« La sanction tombera, tôt ou tard »
« Cette commémoration a un nouveau sens cette année. La justice s'apprête à entamer les procès de ceux qui sont impliqués dans la planification et la mise en application de ce crime (...), a indiqué d'emblée M. Rifi. C'est une promesse que nous avions faite, celle de poursuivre les criminels, petits et grands, pour les sanctionner. Nul d'entre eux n'échappera à la justice. Certains seront jugés devant la cour de justice prochainement, et d'autres par contumace. Mais la sanction tombera, tôt ou tard. »
« La commémoration de ce double attentat intervient alors que la patrie toute entière se trouve prisonnière : nos institutions sont bloquées, notre président de la République n'a pas été élu depuis plus de deux ans, notre gouvernement est paralysé par les blocages et certains de ses symboles sont désormais pollués par la corruption. Ce gouvernement a été créé pour gérer la crise avec le mini-État et s'est malheureusement transformé en couverture pour les exactions de ce dernier », a affirmé le ministre démissionnaire.
« J'ai présenté ma démission de ce gouvernement sans regrets. Mon devoir national, ma responsabilité et ma conscience m'ont imposé de ne pas rester un seul instant en tant que faux témoin pour accorder une couverture à ce que je refuse de couvrir, comme l'absence totale de décision nationale, la propagation de la corruption qui a atteint des records. Ils sont tous désormais comme un groupe de personnes en désaccord, mais pourtant sur la même longueur d'onde, celle de poursuivre leur politique de vol des deniers publics à l'heure où la situation économique et financière s'effondre vers des profondeurs inquiétantes », a poursuivi l'ancien patron des Forces de sécurité intérieure.

« Prêts à répondre à l'appel »
« La commémoration des deux attentats s'inscrit dans une même logique, qui a commencé avec la tentative de l'assassinat de Marwan Hamadé et s'est poursuivie avec l'assassinat du martyr du Liban, le président Rafic Hariri, puis de tous les martyrs de la révolution du Cèdre », a estimé Achraf Rifi. « Il s'agit du terrorisme pratiqué par le régime syrien et ses acolytes, qui ont baigné dans le sang libanais – et les voilà à présent qui noient la Syrie dans le sang de ses habitants, dans un massacre permanent qui dure depuis cinq ans », a-t-il ajouté. « Depuis l'assassinat de Rafic Hariri, nous avons pris la grande décision de faire face, et nous la maintiendrons, quels que soient les prix à payer. Se soumettre au mini-État et ses parrains n'est pas dans nos us et coutumes. La confrontation avec ce projet, quel qu'en soit le prix, reste moins coûteuse que de perdre la patrie », a-t-il noté.
« (...) Je vous promets que la cause pour laquelle nos martyrs ont payé de leur vie ne mourra pas tant que le sang continue de couler dans nos veines. Nous sommes garants de ces grands sacrifices. Nous avions failli figurer au nombre du cortège glorieux des martyrs lors des attentats contre les deux mosquées, mais Dieu en a voulu autrement, pour que nous puissions continuer à assumer nos responsabilités vis-à-vis du peuple », a souligné le ministre démissionnaire.
« Partant de cette responsabilité et la confiance dont nos proches nous ont investis, nous annonçons sans équivoque que nous poursuivrons dans notre confrontation de cette frénésie qui vise à détruire les institutions et les valeurs de la République », a encore dit Achraf Rifi. Et de souligner : « Nous rejetterons le coup d'État contre la Constitution et nous y ferons face, qu'il se dissimule sous les oripeaux du package deal ou qu'il dévoile son vrai visage visant à torpiller l'accord de Taëf. Lorsqu'il le faudra, nous n'hésiterons pas à utiliser tous les moyens pacifiques pour faire échec à ce coup d'État. Nos proches sont prêts à répondre à l'appel, comme lors du 14 février ou du 14 mars 2005. »

« Ne pas se laisser prendre au piège des compromis trompeurs »
« Des erreurs gravissimes ont été commises par certains, mais la foi des Libanais dans leurs capacités n'a pas été ébranlée », a encore estimé M. Rifi. « Nous refuserons que le mini-État s'arroge le droit de nommer le président de la République ou du Conseil, de s'accaparer la Chambre des députés et de transformer les institutions en poupées démantibulées. Nous avons dit notre mot et souhaitons à tous de ne pas se laisser prendre au piège des compromis trompeurs. Les Libanais ont fait l'expérience de ce genre de compromis, qui n'ont été qu'un voile pour s'abattre sur l'État et le phagocyter, et pour modifier les rapports par la contrainte des armes », a-t-il noté.
« Les armes et la menace ne nous terroriseront pas, tant que nous défendons le droit des Libanais de défendre leur État et leurs institutions. Les Libanais sont capables de faire face à cette menace. De même, nous ne serons pas terrorisés par les fanfaronnades du temps des victoires fantasmées, teintées du sang syrien », a-t-il dit, dans une réponse manifeste au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. « Le sort de ces aventures folles est la défaite, et ses premiers signes commencent à poindre à l'horizon. Leurs victoires illusoires sont comme de la fausse monnaie : nous ne permettrons pas qu'elles soient exploitées avec arrogance et triomphalisme au Liban », a-t-il noté.

« Le temps de la résistance du peuple syrien »
« Nous suivrons avec vous le cours des événements en Syrie, dont les habitants résistent à l'occupation iranienne et à l'ingérence syrienne, surtout à Alep, qui a brisé le siège par la résilience de ses habitants. Nous saluons Alep et ses héros, qui par leur résistance ont prouvé que le peuple syrien est capable de briser le siège de toute la Syrie. Nous saluons l'enfant Omrane qui a échappé à la mort pour prouver que le combat de ce peuple face au despote et ses alliés est celui du vainqueur », a martelé Achraf Rifi.
« Les habitants d'Alep ont montré le caractère erroné du slogan des "temps victorieux". Ce n'est pas le temps des victoires, mais celui des crimes commis par le régime syrien, avec l'aide et la solidarité de l'Iran, force d'occupation ; et c'est le temps de la résistance du peuple syrien qui libérera son territoire du régime du despotisme et de l'occupation iranienne », a-t-il encore lancé.
« De Tripoli, nous rappelons, à l'occasion de la commémoration des deux attentats, nos valeurs nationales et religieuses et notre attachement au vivre-ensemble et au Liban d'abord tel que voulu par Rafic Hariri. La ville de Tripoli, qui a payé le prix des crimes commis par le régime syrien, en est ressortie plus forte en dépit des blessures. Elle restera la ville du vivre-ensemble, au cœur de la vie nationale, et à l'avant-poste lorsque la patrie est en danger », a-t-il conclu.

« Nous poursuivons notre confrontation à une frénésie destructrice de l'État, des institutions et des valeurs de la République. Nous ne manquerons pas d'utiliser tous les moyens pacifiques pour faire échec au coup d'État contre la Constitution. Nous refuserons que le mini-État s'arroge le droit de nommer le président de la République et le président du Conseil. »Tels sont en...

commentaires (6)

ALLAH I KHALLIK OU I KATTER MITLAK...

LA LIBRE EXPRESSION

22 h 16, le 22 août 2016

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Commentaires (6)

  • ALLAH I KHALLIK OU I KATTER MITLAK...

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 16, le 22 août 2016

  • Ses gars de l'ei s'y attellent pourtant. Si on pouvait avoir 2 felons de sa trempe adieu saad. ....lol....

    FRIK-A-FRAK

    12 h 00, le 22 août 2016

  • Chapeau le gars !

    Remy Martin

    10 h 16, le 22 août 2016

  • Rifi t'es un vrai homme d'etat, un champion! on a besoin d'hommes comme toi. Pas comme nohad machnouk qui ne se soucie que de ses montres et bottines.

    George Khoury

    10 h 05, le 22 août 2016

  • SI IL Y AVAIT DEUX RIFI ENCORE.... HELAS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 33, le 22 août 2016

  • J'AI HATE À SERRER LA MAIN À CE PATRIOTE COURAGEUX. IL EST TEMPS DE DÉNONCER AUSSI SAAD HARIRI ET TOUTE LA FAMILLE HARIRI AUSSI. ON N'A PAS QUE DES MERCENAIRES IRANIENS, ON A AUSSI LES MERCENAIRES SAOUDIENS. SE LIBÉRER D'UN CÔTÉ ET IGNORER L'AUTRE CÔTÉ ? CE N'EST PAS LA BONNE SOLUTION POUR LE PAYS. IL FAUT UNE CERTAINE DOSE DE COURAGE POUR LE FAIRE, ET ÇA VIENDRA TRÈS PROCHAINEMENT JE L'ESPÈRE, SINON LES CHOSES NE BOUGERONT JAMAIS.

    Gebran Eid

    03 h 30, le 22 août 2016

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