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Moyen Orient et Monde - Témoignages

« Même si le régime détruit nos terres, nous planterons sur nos balcons et dans nos couloirs »

L'unique hôpital de campagne de Daraya, qui en est à plus de 1 300 jours de siège, a été détruit lors de frappes des forces pro-Assad.

Les enfants de Daraya manifestant leur colère, hier. Photo conseil local de la ville.

1 370 jours de siège. Les habitants de Daraya ne sont pas au bout de leurs peines. Quatre ans déjà que les 8 300 personnes prises au piège résistent aux forces du régime et aux bombardements sans relâche. Depuis le 14 mai 2016, et après un semblant de trêve de plusieurs semaines, des milliers de barils et de bombes à sous-munitions continuent de défigurer davantage cette ville au sud de Damas et de faire de nombreuses victimes. Au gré des témoignages, les habitants révèlent chaque fois que « la situation est pire qu'avant ».

Après la faim, les frappes incessantes, la mort qui rôde et un semblant de vie terrés dans des abris insalubres... C'est l'unique hôpital de campagne qui a fait les frais de la barbarie du régime. Un an après une première attaque au napalm sur Daraya, l'aviation militaire a une nouvelle fois largué ses bombes incendiaires le 16 août sur l'hôpital, faisant 4 blessés. Trois jours plus tard, 4 barils, une fois encore remplis de napalm, ont été largués sur ce même hôpital. La vingtaine de personnes présentes à l'intérieur du bâtiment ont pu être évacuées, mais l'établissement a été totalement détruit par les flammes, a précisé Issam al-Reiss, porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL) dans la région.

(Lire aussi : « Nous ne voulons pas endurer le même calvaire que les habitants de Madaya »)


« Heureusement, personne n'est mort sous les bombes au napalm, mais il y a eu plusieurs blessés », affirme Ahmad, un activiste du conseil local de la ville contacté via Facebook. Des immeubles ont été détruits suite à des incendies. Une vidéo diffusée sur la page Facebook du conseil local montre notamment le personnel médical soignant un blessé, en s'aidant de la lumière de leurs téléphones portables. Le régime, qui n'a jamais signé le protocole III de la convention des Nations unies sur certaines armes classiques (CCAC), a plusieurs fois fait usage de ce type de bombe incendiaire depuis le début du conflit.

« Quelques jours après la déclaration publiée par le conseil local de Daraya, dans laquelle nous avons appelé l'Onu et le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) à intervenir afin de stopper les crimes commis contre les civils assiégés à Daraya depuis quatre ans et stopper également l'utilisation des barils remplis de bombes au napalm interdites, nous ne nous attendions pas à ce que la première réponse à cet appel soit une escalade de la violence de la part du pouvoir », affirme le dernier communiqué du conseil local adressé aux Nations unies le 19 août. Ce jour-là, l'armée syrienne a largué 45 barils d'explosifs et pilonné la ville avec des roquettes et de l'artillerie, selon l'OSDH rapporté par l'AFP.

Après ce nouvel épisode de violence, l'incompréhension et la colère des habitants vis-à-vis des instances onusiennes grandissent. Une photo publiée hier après-midi sur la page Facebook du conseil local de la ville montre une femme cachée derrière une pancarte où il est écrit : « Nous espérons que la chaleur du napalm sur Daraya ne gâchera pas le beau temps des délégations de l'Onu à Damas ! »


(Lire aussi : « S’ils rejoignent Daech, c’est pour mourir et ils le savent »)


L'étau se resserre
Le 1er juin, l'espoir avait cependant regagné les esprits, après que la première aide de l'Onu depuis le début du siège eut été acheminée dans la ville. Un cessez-le-feu temporaire avait notamment permis aux habitants de respirer, de nettoyer les rues, de manifester ou de réorganiser leur cimetière. Quant au peu de marchandises livrées, il n'en reste plus qu'un vague souvenir. « Depuis, c'est silence radio du côté de l'Onu », confie Ahmad. « La seule chose qu'ils nous disent est qu'ils attendent l'accord du régime. Mais en réalité, ils nous ignorent et ne nous mentionnent même pas dans leurs déclarations ou leurs communiqués », poursuit-il.

Lors du siège d'Alep, les habitants n'ont pas compté sur une aide providentielle des institutions internationales, mais bien sur la détermination des combattants. « Quand les combattants ont rompu le siège, les gens de Daraya étaient très excités, même s'ils savaient que ça n'allait pas changer grand-chose à leur situation. Tout le monde espérait que des combattants viennent se joindre à l'ASL qui nous défend du mieux qu'elle peut », confie Ahmad, qui ne se fait pas d'illusions. « Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra) n'a pas de pouvoir dans le sud du pays. Nous avons contacté différentes branches de l'ASL ainsi que des combattants de Falluja al-Houran opérant à Deraa, mais nos tentatives sont restées lettre morte », déplore-t-il.


(Lire aussi : Les volontaires occidentaux se bousculent pour combattre les jihadistes en Irak)


Car l'étau se resserre sur Daraya. L'offensive terrestre démarrée en mai dernier et appuyée par des bombardements intensifs a permis aux forces de Damas de s'emparer de quartiers au sud et à l'ouest de la ville. « Ils ont pris la plupart des terrains agricoles et s'attaquent désormais aux zones résidentielles », explique l'activiste. Sans nourriture ni eau potable, les habitants de Daraya parvenaient jusqu'alors tant bien que mal à faire pousser quelques légumes. L'eau utilisée provient de puits, mais aucun système de purification n'a été implanté, faute de moyens.

« Le régime détruit vos champs et vous persistez à les replanter après chaque bombardement. Comment restez-vous déterminés ? » se demande un activiste du conseil local, en prenant à partie un fermier. Ce dernier lui répond : « Si on baisse les bras, c'est qu'on se rend au régime. Notre foi nous habite, et même s'ils détruisent nos terres, on plantera sur nos balcons et dans nos couloirs. » « Cet état d'esprit est répandu ici. Tout le monde est à bout mais garde espoir », estime Ahmad. « On vit dans les caves. Les gens y rentrent tôt le matin et en ressortent le soir. Mais certaines familles y vivent constamment », poursuit l'activiste. Toute manifestation à l'extérieur est interdite. « Des activités pour les enfants sont parfois organisées très tôt le matin, avant que les bombardements ne commencent. On évite également les prières collectives, car la mosquée a plusieurs fois été endommagée », explique Ahmad.

1 370 jours. Délaissé de tous, l'un des premiers bastions de la révolution syrienne garde espoir malgré l'adversité. « Nous ne sommes sûrs de rien. Tout le monde est angoissé ici. Les gens s'imaginent que si le régime parvient à contrôler la ville, on se fera tous massacrer. J'espère que ça n'arrivera pas, mais les gens ne peuvent pas s'empêcher de penser à ce genre de scénario », poursuit l'activiste. « La priorité est de sauver les civils, et le conseil local comme l'ASL sont prêts à accepter un accord avec le régime, mais pour l'instant, rien de tel ne se présente », conclut-il.


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1 370 jours de siège. Les habitants de Daraya ne sont pas au bout de leurs peines. Quatre ans déjà que les 8 300 personnes prises au piège résistent aux forces du régime et aux bombardements sans relâche. Depuis le 14 mai 2016, et après un semblant de trêve de plusieurs semaines, des milliers de barils et de bombes à sous-munitions continuent de défigurer davantage cette ville au sud...

commentaires (2)

HEROIQUE PEUPLE SYRIEN... TA VICTOIRE EST ASSUREE ! L,INIQUITE N,AURA JAMAIS RAISON DU DROIT ET DE LA LIBERTE...

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 33, le 22 août 2016

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Commentaires (2)

  • HEROIQUE PEUPLE SYRIEN... TA VICTOIRE EST ASSUREE ! L,INIQUITE N,AURA JAMAIS RAISON DU DROIT ET DE LA LIBERTE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 33, le 22 août 2016

  • C'est ce que les palestiniens sunnites et chrétiens disaient aux usurpateurs de leur terre sunnite et chrétienne. Le plus simple était de ne pas se laisser berner par les bensaouds. Les 2. Je suis dans un train entre Cannes et Nice,une annonce est faite au micro qu'il fallait se méfier d'un pickpocket qui tenait un enfant dans ses bras. Malin ce pickpocket,il sait que ce genre de leurre marche tjrs avec les huluberlus. Lol..

    FRIK-A-FRAK

    14 h 53, le 22 août 2016

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