Rechercher
Rechercher

Scan TV - Scan TV

Trop de chair pour la caméra ?

La décision prise par la télévision d'État égyptienne de priver d'antenne certaines présentatrices à cause de leur surpoids, comme l'a annoncé jeudi à l'AFP sa directrice Safaa Hegazy, divise l'opinion publique dans ce pays et ramène au-devant de la scène la question de l'apparence physique irréprochable imposée aux femmes avant de leur permettre de paraître à la télévision.
Six à huit présentatrices seront touchées par la décision qui entre « dans le cadre du développement de la programmation dans la forme et le contenu », a indiqué Mme Hegazy. Les présentatrices auront la possibilité de continuer à travailler dans la production durant la période où elles doivent se mettre au régime. « Elles peuvent ensuite retourner à l'écran », a-t-elle ajouté.

La décision a été qualifiée de « discriminatoire » par des groupes de défense des droits de l'homme. C'est « honteux et contraire à la Constitution », a commenté le Centre d'assistance légale pour les femmes égyptiennes. Non seulement cette décision est discriminatoire mais complètement inutile dans le cas où c'est la qualité des informations qui prime. Ce n'est pas la première fois qu'une femme prend une décision discriminatrice envers les femmes.
Le physique de la femme n'est censé jouer qu'un rôle minime dans les émissions qu'elle pilote, c'est surtout son charisme, son caractère et son intellect qui devraient être mis en avant. Malheureusement, tout comme dans le monde publicitaire, le corps de la femme sert souvent d'appât pour accrocher le téléspectateur, dont on se demande souvent s'il est intéressé par le contenu de l'émission lorsqu'elle est présentée par une sex-symbol plutôt que par une journaliste professionnelle. En France, plusieurs femmes en surpoids, notamment Laurence Boccolini, ont réussi à garder la tête haute et assuré brillamment leur rôle de présentatrice. Idem aux États-Unis, ou le surpoids ne peut plus être une raison valable pour interdire la caméra à une journaliste.

 

(Lire aussi : Dans l’Égypte post-islamiste, le conservatisme reste la norme)

 

L'une des présentatrices ciblées par la décision, Khadija Khattab, a estimé que « la publication de cette décision dans les journaux équivaut à une diffamation contre les présentatrices ».
Mme Hegazy a rejeté les accusations de sexisme. « Comment peut-il y avoir de discrimination contre les femmes dans une institution dirigée par une femme », a-t-elle dit. Selon elle, les présentatrices « ne sont plus comme elles étaient quand elles ont été embauchées ».
Si certains ont dénoncé la décision de la télévision d'État, d'autres l'ont soutenue. « Je suis d'accord avec cette décision parce que l'apparence d'une présentatrice est un critère important », estime le journal al-Ahram citant un spécialiste des médias, Sami Abdel Aziz.

Une des présentatrices vedettes des États-Unis, Oprah Winfrey, a souvent fait part de ses combats contre son surpoids en direct devant des millions de fans à travers le monde, appelant les femmes à refuser tout jugement se basant sur leur forme physique. Oprah Winfrey est la preuve incarnée qu'une femme peut réussir et cibler toutes les tranches d'âge malgré une prise de poids, sans pour autant que cela ait une influence sur son audimat. Sa lutte lui a permis de se rapprocher de son public, lequel a pu s'identifier à cette image loin des présentatrices stars qui affichent une plastique parfaite à coups de bistouri. Les formes d'une femme, la couleur de sa peau ou sa taille ne sont censées en aucun cas être l'affaire des directeurs de chaînes de télévisions et encore moins un fait divers à jeter en pâture aux journaux. Il est temps de donner la priorité à la valeur ajoutée qu'apportent l'éducation, le niveau intellectuel, le professionnalisme, la sensibilité et le dévouement d'une femme à l'antenne. Arrêtons de réduire les femmes à un tour de poitrine et un tour de hanche, elles valent beaucoup plus que cela.

 

Pour mémoire
En Égypte, une "Madame foot" perce dans un univers masculin

Liliane Daoud à « L’OLJ » : Il ne m’est jamais venu à l’esprit qu’on se débarrasserait de moi de cette façon

La décision prise par la télévision d'État égyptienne de priver d'antenne certaines présentatrices à cause de leur surpoids, comme l'a annoncé jeudi à l'AFP sa directrice Safaa Hegazy, divise l'opinion publique dans ce pays et ramène au-devant de la scène la question de l'apparence physique irréprochable imposée aux femmes avant de leur permettre de paraître à la télévision.Six...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut