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À La Une - Iran

L'Académie de la langue persane en guerre contre les "Nutella Bars"

L'utilisation des mots étrangers étant théoriquement interdite pour les magasins, l'instance a proposé de rebaptiser en persan ces magasins: "Pain chaud, Chocolat chaud".

Un Iranien préparant une crêpe dans un "Nutella Bar", offrant des crêpes ou des gaufres au Nutella, à Téhéran, en Iran, le 17 août 2016. AFP / ATTA KENARE

Cachez-moi ce mot anglais que je ne saurais voir ! "Nutella Bars" est la dernière cible de l'Académie de la langue et de la littérature persane qui s'est donné pour mission de protéger la langue de l'Iran contre l'influence des termes étrangers.

Ces derniers mois, des bars Nutella ("Nutella Bars") -non franchisés- ont poussé comme des champignons à Téhéran, offrant des crêpes ou des gaufres au Nutella. L'utilisation des mots étrangers étant théoriquement interdite pour les magasins, l'Académie de la langue et de la littérature persane a proposé de rebaptiser en persan ces magasins: "Pain chaud, Chocolat chaud".

"Des Nutella Bars se sont malheureusement développés ces derniers temps à Téhéran", a écrit le président de l'Académie dans une lettre à la police. Ces magasins servant du "pain spécial (en référence aux gaufres et crêpes) avec du chocolat", l'Académie propose de les rebaptiser 'nane dagh chocolate dagh'", a ajouté le président.

Si les responsables des magasins ont été contraints de retirer l'enseigne "Nutella Bar", il n'était pas encore sûr s'ils allaient adopter le nouveau le terme proposé par l'Académie. Un magasin a d'ores et déjà préféré utiliser le terme de "Nubella Art", qui utilise les mêmes lettres que Nutella Bar mais dans le désordre.

Depuis plusieurs années, l'Académie propose régulièrement des noms en persan, en particulier pour lutter contre l'influence de l'anglais. Avec plus ou moins de succès. Ainsi, au lieu d'utiliser le terme "hélicoptère", de plus en plus de gens utilisent le mot persan "balgard" qui signifie "aile tournante". Mais presque personne, à part la télévision d'Etat ou les administrations, n'utilise le terme "durnegar" (littéralement "écriture de loin") pour "fax" ou encore "rayaneh" (machine d'organisation) pour "computer", le mot anglais pour ordinateur.

 

(Pour mémoire : En Iran, opération contre des chiens, symbole de "vulgaire culture occidentale")

 

Des siècles de pression
Même si légalement, les magasins n'ont pas le droit d'utiliser de termes étrangers, de nombreuses marques étrangères sont visibles sur les enseignes. Des magasins Massimo Dutti, Levi's, Apple, IKEA ou autres marques occidentales --sans licence-, ont ainsi ouvert ces dernières années un peu partout sans que les autorités ne prennent des mesures. Les raisons pour lesquelles "Nutella Bar" est arrivé dans le collimateur de l'Académie n'ont pas été données mais c'est peut-être en raison du terme "Bar" qui rappelle un peu trop les bars à boissons alcoolisées.

La langue persane ou le "farsi a été sous pression de l'influence étrangère, notamment de l'arabe, depuis des siècles", a rappelé à l'AFP Mohammad Ali Zamani, professeur d'histoire à l'université Kharazmi de Téhéran. "Parfois, les décisions de l'Académie ne font pas l'unanimité, mais elle cherche à préserver la créativité de notre langue", a-t-il ajouté.

Avec la conquête musulmane au VIIe siècle, les Iraniens ont adopté l'alphabet arabe, mais ils ont préservé leur langue indo-européenne, le farsi, notamment grâce au poète Ferdowsi du Xe siècle dont le livre "Shahnameh" (Livre des rois) utilise uniquement des mots en farsi et aucun mot en arabe dans ses 60.000 vers.

L'Académie a ses racines dans les années 1920, lorsque l'ancien roi Reza Shah, fondateur de la dynastie Pahlavi (renversée en 1979 avec la révolution islamique), avait ordonné le remplacement de nombreux mots arabes et français, utilisés communément à l'époque. Aujourd'hui encore, les Iraniens utilisent le terme français "merci".

Après la révolution islamique de 1979, des mots en arabe se sont développés dans la langue, les nouveaux responsables religieux utilisant des termes en arabe, la langue du Coran. "La lutte contre l'occidentalisation de la langue a des racines historiques profondes", estime M. Zamani. "Il est essentiel de préserver la langue persane pour sa richesse historique et le trésor de la littérature."

 

 

Pour mémoire
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commentaires (3)

LES DEUX FACES DE LA MEME MONNAIE !

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 35, le 19 août 2016

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Commentaires (3)

  • LES DEUX FACES DE LA MEME MONNAIE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 35, le 19 août 2016

  • et dire que y'a des gens qui trouve que l'iran est mieux que l'arabie...ils ne comprennent pas que les 2 sont la peste et le cholera

    George Khoury

    18 h 32, le 19 août 2016

  • Est-ce que chocolat est un mot persan?

    Michel Fayad

    18 h 03, le 19 août 2016

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