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Moyen Orient et Monde - Témoignage

« J’ai vu des femmes qui ont été violées, torturées, battues de manière si violente qu’elles ne pouvaient plus tenir debout »

Comme de très nombreux Syriens, Mayssa Saleh vit à Gaziantep, en Turquie, où elle travaille comme chercheuse spécialisée sur la Syrie au centre de recherche Orient Policy Center. Elle y vit depuis maintenant trois ans. Contactée par Amnesty International au début de l'année, Mayssa a accepté de contribuer, par son témoignage, au rapport publié hier par l'ONG sur les tortures dans les prisons syriennes. Elle-même arrêtée en 2013, la jeune femme est consciente de sa « chance » : elle n'a pas été torturée avec la même violence que tant d'autres prisonniers. Elle garde toutefois des traces de sa détention, qui aura duré sept mois au total.

Arrêtée le 23 mars 2013 pour ses activités politiques et médiatiques, la jeune femme travaillait à l'époque pour le média d'opposition Orient News. « Après mon arrestation, j'ai d'abord été détenue à la prison connue sous le nom de la "Branche Palestine", pendant quatre mois, avant d'être transférée à la prison centrale de Adra, en passant par le centre de détention de Kfar Soussa », raconte-t-elle à L'Orient-Le Jour. « Les premiers jours, j'ai été frappée, humiliée, menacée », mais pas plus, tient-elle à préciser.

 

(Lire aussi : Dans les prisons du régime syrien, « un déni total d’humanité »)

 

Dans les différents centres de détention – mixtes – par lesquels passe la jeune femme, les hommes surtout sont torturés, notamment dans le centre de détention appelé "Branche Palestine" , connu pour ces abus. « Chaque fois qu'on allait aux toilettes, ou qu'on sortait dans le couloir, on voyait du sang par terre, sur les murs. On voyait des prisonniers alignés le long du mur, en train d'être battus, torturés. On entendait les cris, lors des interrogatoires, et cela ne cessait jamais, les tortures avaient lieu 24h/24 », relate Mayssa, de manière presque détachée.
Les femmes ne sont toutefois pas épargnées, souligne la jeune femme. Dans les autres centres de détention où elle est transférée, les femmes aussi sont visées par plusieurs formes de violences, notamment sexuelles. « J'ai vu des femmes qui ont été violées, torturées, battues de manière si violente qu'elles ne pouvaient pas tenir debout », se souvient-elle. La chercheuse a aussi partagé une cellule, dans chacun des centres, avec au moins une femme enceinte. Les femmes enceintes – souvent arrêtées pour forcer leurs maris à se rendre – n'ont pas le droit de consulter un médecin, d'aller à l'infirmerie et l'accouchement se fait en cellule.

 

(Lire aussi : « Les gardes adoraient nous distribuer de la nourriture et nous interdire d'y toucher »)

 

« Corde au cou, comme un animal »
Mais le souvenir qui la marque le plus est celui d'une prisonnière, à Kfar Soussa, d'une cinquantaine d'années, devenue folle à cause de la torture. « Les gardes l'utilisaient pour nous faire peur. Ils la gardaient constamment nue, le corps marqué par la torture, une corde attachée au cou comme un animal, et elle faisait tous ses besoins sur elle-même. De temps en temps, pour s'amuser, ils lui donnaient un tuyau et la forçaient à nous battre », raconte Mayssa, la voix chargée d'émotion.
La jeune femme finit par être libérée dans le cadre d'un échange de prisonniers à Aazaz, conclu entre le régime et l'Iran d'un côté, et l'Armée syrienne libre (ASL) de l'autre. Elle fuit au Liban, avant d'aller en Turquie, où sa famille la rejoint. De là, la jeune femme continue de se battre pour son pays. C'est son devoir, estime-t-elle. Aujourd'hui, qu'espère-t-elle du rapport d'Amnesty International ? « Ce n'est ni le premier ni le dernier rapport, et je n'en espère pas grand-chose », affirme amèrement Mayssa. « Les témoignages se suivent et se ressemblent, et à l'origine je ne voulais même pas parler de ce que j'ai vécu. Mais la situation a continué d'empirer. Alors, je me suis dit que peut-être à force de témoignages, ce rapport et ceux qui suivront finiront bien par laisser des traces et éveiller les consciences... »

 

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commentaires (3)

Quand on perd sa guerre sur le terrain des objectifs à atteindre ,cad fait partir un héros de la resistance , affaiblir une résistance libanaise discréditer 2 puissances régionales et mondiale , voir un allié de l'otan vous snober et ne plus avoir de vision politique face à ses alliances avec les bactéries wahabites, eh bien il ne vous reste plus que la propagande facile mais pas gratuite parce qu'on paye cher pour ça, pour essayer de sauver la petite face qu'il vous reste .

FRIK-A-FRAK

11 h 44, le 19 août 2016

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Commentaires (3)

  • Quand on perd sa guerre sur le terrain des objectifs à atteindre ,cad fait partir un héros de la resistance , affaiblir une résistance libanaise discréditer 2 puissances régionales et mondiale , voir un allié de l'otan vous snober et ne plus avoir de vision politique face à ses alliances avec les bactéries wahabites, eh bien il ne vous reste plus que la propagande facile mais pas gratuite parce qu'on paye cher pour ça, pour essayer de sauver la petite face qu'il vous reste .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 44, le 19 août 2016

  • c'est pas grave tout cela, parceque d'apres la loi Libanaise qu'on connait maintenant tres bien, il suffit d'epouser la pauvre femme pour faire tomber les charges... probleme reglé

    George Khoury

    09 h 24, le 19 août 2016

  • LES CONSCIENCES SONT EN LETHARGIE... ET LE MONDE ENTEND ET VOIT MAIS NE VEUT PAS COMPRENDRE... IL N,EN EST PAS TEMPS ENCORE... MAIS CA VA VENIR CAR LE BARBARE KARAVIC ATTEND SES PLUS BARBARES CAMARADES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 11, le 19 août 2016

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