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Culture - Rentrée littéraire

Terrorisme et crises identitaires interpellent les écrivains

Que les spéculations éditoriales commencent ! Car c'est à partir d'aujourd'hui, jeudi 18 août, que 560 nouveaux romans verront leur apparition sur le marché du livre en France.

Photo AFP

Roman vertigineux de Karine Tuil sur les crispations identitaires, écho des attentats terroristes chez Laurent Mauvignier, Laurence Tardieu et Éric-Emmanuel Schmitt, fracas de la guerre chez Laurent Gaudé : la rentrée littéraire qui débute aujourd'hui jeudi 18 août est en phase avec un monde troublé.
Pas moins de 560 romans, soit 29 de moins que l'an dernier, sont annoncés en librairie entre le 18 août et le mois d'octobre. Parmi cette pléthore de livres, on compte 363 romans français dont 66 premiers romans et 197 romans étrangers dont le nouveau Salman Rushdie, l'écrivain britannique sous la menace d'une fatwa le condamnant à mort depuis 1989.
Parmi les romans ancrés dans le réel, L'insouciance (Gallimard) de Karine Tuil s'impose. Ce livre de plus de 500 pages captivantes entraîne ses lecteurs de l'enfer afghan à l'ambiance feutrée, mais tout aussi cruelle des cabinets ministériels en passant par les banlieues en déshérence et le conseil d'administration de multinationales. À travers le destin de quatre personnages, Karine Tuil évoque les questions qui nous hantent et, parfois, nous effraient à l'heure du repli identitaire et du terrorisme.
Dans À la fin le silence (Seuil), Laurence Tardieu s'interroge. Roman écrit à la première personne, il raconte la quête (vaine ?) de « retrouver la joie intérieure » après les attentats de Charlie Hebdo et la prise d'otages de l'Hyper Cacher. D'autant, souligne la romancière, que « cela n'était qu'un début ». Le roman s'achève après le 13 novembre... avant Nice et Saint-Étienne-du-Rouvray.
Fiction évidemment, L'homme qui voyait à travers les visages (Albin Michel) d'Éric-Emmanuel Schmitt imagine un attentat à la sortie d'une messe. Dans Continuer (Minuit), Laurent Mauvignier nous fait suivre les pérégrinations d'une mère et de son fils au Kirghizistan. Habilement construit, le roman nous replonge dans les rêves brisés, un jour de juillet 1995 à Paris, de cette mère perdue.
L'avenir imaginé par la Belge Emmanuelle Pirotte dans De profundis (Cherche-Midi) est tout sauf serein. Le virus Ebola ravage la planète. À Bruxelles, les extrémistes religieux tiennent le haut du pavé et massacrent indistinctement. Dans ce cauchemar, on suit une femme, sa fille mutique... et un fantôme. Hallucinant.
Prix Goncourt en 2004, Laurent Gaudé revient avec un des livres les plus puissants de cette rentrée. Écoutez nos défaites (Actes sud) mêle des soldats d'aujourd'hui (au Proche-Orient) et d'hier (Grant, durant la guerre de Sécession, Hannibal marchant sur Rome et Hailé Sélassié assiégé par les troupes italiennes). Comment sauver l'humanité en chacun de nous, s'interroge Gaudé dans ce roman à la fois sombre et lumineux.

Les aguerris
Chaque rentrée est également l'occasion de retrouver des plumes aguerries.
Amélie Nothomb répond présente avec Riquet à la houppe (Albin Michel) où elle revisite de façon subtile le célèbre conte de Perrault.
Nina Bouraoui, prix Renaudot 2005, explique qu'elle a écrit Beaux rivages (JC Lattès), histoire d'une rupture amoureuse, « pour tous les quittés du monde ».
Cette année marque également le grand retour de Jean-Paul Dubois, prix Femina 2004, qui publie chez L'Olivier La succession, une chronique familiale où, lorsqu'on ne se suicide pas, on aime les chiens et les voitures anglaises.
Face aux désordres du monde, aimer est peut-être la forme ultime de résistance que veut nous faire croire Serge Joncour, lauréat du prix des Deux Magots en 2015, avec Repose-toi sur moi (Flammarion).
Récemment élu à l'Académie française, Andrei Makine, prix Goncourt et Médicis en 1995, nous entraîne dans la taïga sibérienne avec L'archipel d'une autre vie (Seuil), un formidable hymne à la liberté.
Prix Femina en 2005, Régis Jauffret propose Cannibales (Seuil), un roman épistolaire où une femme abandonnée et la mère de son amant volage mettent au point la façon de se débarrasser de l'infidèle. Histoire de meurtre encore dans Babylone (Flammarion) avec une Yasmina Reza qui prend plaisir à jouer avec nos nerfs, tandis que Leïla Slimani donnera des cauchemars à tous les parents avec sa Chanson douce (Gallimard).
Roman ascétique, superbement écrit, Le grand jeu (Rivages) de Céline Minard, lauréate du prix du Livre Inter en 2013, propose une solution radicale face au dérèglement du monde : s'en détacher.

Plusieurs premiers romans
Parmi les autres auteurs américains attendus, les lecteurs francophones auront la possibilité de lire le nouveau roman de David Vann, prix Médicis étranger en 2010, qui publie chez Gallmeister Aquarium, un livre saisissant dont le narrateur est une petite fille de 12 ans.
Donald Ray Pollock (Le diable tout le temps) revient avec Une mort qui en vaut la peine (Albin Michel), un livre poisseux comme le Sud profond où violence et religion se confondent.
Le Cherche-Midi publie le premier roman de l'avocat new-yorkais Sergio de la Pava, Une singularité nue, pavé de plus de 700 pages qui se dévore avec délectation et, en septembre, La vengeance des mères, suite très attendue de Mille femmes blanches de Jim Fergus.
Les francophones pourront découvrir le lauréat du Man Booker Prize 2015, le Jamaïcain Marlon James dont la Brève histoire de sept meurtres est publié par Albin Michel.
Équateurs publie le premier roman de la Britannique Emma-Jane Kirby, L'opticien de Lampedusa, un récit sans pathos sur le drame des migrants en Méditerranée.
Quai Voltaire a également choisi de publier un premier roman, The Girls de l'Américaine Emma Cline, récit effroyable d'une adolescente de 14 ans qui rejoindra la secte de Charles Manson.
Belfond aussi publie un formidable premier roman, Voici venir le temps des rêveurs de la Camerounaise anglophone Imbolo Mbue sur la quête d'un jeune Camerounais rêvant de devenir américain.

(Source : AFP)

Roman vertigineux de Karine Tuil sur les crispations identitaires, écho des attentats terroristes chez Laurent Mauvignier, Laurence Tardieu et Éric-Emmanuel Schmitt, fracas de la guerre chez Laurent Gaudé : la rentrée littéraire qui débute aujourd'hui jeudi 18 août est en phase avec un monde troublé.Pas moins de 560 romans, soit 29 de moins que l'an dernier, sont annoncés en librairie...

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