La passion qui habite Nada Anid n'a d'égal que son profond engagement à la cause qu'elle défend depuis plus de quatre ans. Cofondatrice avec Joëlle Abou Farhat et Paola Majdalani de l'ONG Women in Front, elle, qui est par ailleurs auteure de deux biographies, allie dans son combat ses diverses compétences en matières de stratégie, communication, création de réseau, avec comme toile de fond un sujet qui l'a toujours intéressée : la politique. Women in Front est née d'un constat fort simple : les femmes au Liban n'ont pas de vraie visibilité dans les secteurs publics et ne sont pas décisionnaires dans les cercles politiques. Pourtant nombre d'entre elles allient diplômes et expertises et n'ont rien à envier aux hommes. Alors ? Alors Nada et Joëlle décident de s'attaquer de front au problème en menant des actions concrètes et efficaces.
Women in Front travaille sur trois plans bien distincts et bien complémentaires. D'abord sur les femmes elles-mêmes, en leur donnant confiance en elles, en leur montrant l'importance de leur participation à la vie politique, en les poussant à s'exprimer. Ensuite en travaillant au niveau de la loi électorale pour que, quelle que soit la loi adoptée, elle inclut le système de quotas, c'est-à-dire 30 % de femmes. Et enfin au niveau des médias pour les encourager à donner plus la parole aux femmes.
Concrètement, cela donne sur le terrain une série d'ateliers de travail menés régulièrement dans toutes les régions libanaises. C'est également un réseau de plus de 400 profils de femmes spécialisées dans divers domaines. Et surtout une collaboration étroite avec tous les partis politiques qui commencent à comprendre l'importance de la mixité dans les sphères de décision.
L'optimisme de Nada Anid est contagieux. Le changement est déjà perceptible. L'arrivée des femmes au Parlement, dans les ministères, dans des postes-clés de l'administration va donner au secteur politique un nouveau souffle salutaire. L'énergie de Nada Anid est communicative. Women in Front travaille sur le terrain, dans les universités, dans les villages, avec les autres ONG et a constitué sur tout le territoire un vaste réseau de femmes convaincues, de médias acquis à la cause, de volontaires résolus, de formateurs motivés, de chefs de projets décidés. L'enthousiasme de la jeune femme est palpable. Dans les dernières listes des municipalités, il y avait au départ bien plus de femmes que d'habitude. C'est devenu comme une évidence et, même si le chemin est encore long, notamment à cause des problèmes que rencontre le pays, la gent féminine a enfin son mot à dire dans la sphère politique, et les médias s'y sont vraiment intéressés.
La conviction de Nada Anid est puissante. Il faut encourager toutes les femmes à suivre ce qui se passe dans le pays. Lire les journaux, se tenir au fait de l'actualité et surtout comprendre que la politique, ce n'est pas uniquement les réunions au sommet et les accords internationaux, mais tout ce qui touche à la vie d'un pays, à son fonctionnement, à son développement et sa bonne santé démocratique. Pour changer les choses en profondeur, il faut connaître les mécanismes. La responsabilité du changement nous incombe tous, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes. Pour Nada Anid, ce sont les citoyens qui doivent être les futurs décideurs, en demandant des comptes, en exigeant de la transparence, en poursuivant les idées tout en faisant des alliances et des groupes de pression. Avoir réussi à fédérer des ONG autour d'un même projet, avoir réussi à faire de la participation de la Libanaise à la vie publique une vraie nécessité, avoir convaincu les partis de cette nécessité, c'est cela la politique positive.
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Positive Lebanon est un concept basé sur les initiatives concrètes de la société civile libanaise. Ces initiatives qui font que le pays tient encore debout. Mais derrière chaque initiative se tient une Libanaise ou un Libanais courageux, innovant, optimiste et plein d'amour pour son pays. (voir ici)
commentaires (2)
BRAVO MADAME TANIA HADJITHOMAS MEHANNA... ET HONTE A TOUS LES HAINEUX QUI VEULENT CLASSIFIER LES LIBANAIS PAR LES RESONNANCES DE LEURS NOMS...
LA LIBRE EXPRESSION
11 h 52, le 18 août 2016