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Liban - Défense

Kahwagi en passe d’être reconduit au nom de la lutte contre le terrorisme

Le CPL entretient le suspense sur sa réaction en cas de prorogation du mandat du chef de l'armée.

Le général Jean Kahwagi en tournée à Tripoli hier. Photo Ani

Le Liban se prépare à un nouveau bras de fer politique avec la perspective de prorogation de facto du mandat du commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, qui expire le 30 septembre.
Faute d'avoir convenu d'un successeur et face à ce qui est considéré comme une impossibilité de désigner une nouvelle figure à la tête de l'institution militaire en l'absence d'un président de la République, les forces politiques se trouvent acculées, une fois de plus, à concocter une issue de secours pour éviter le vide.

C'est d'ailleurs la même impasse qui s'était déjà déclarée en août 2015, lorsque le Conseil des ministres avait décidé de repousser d'un an le départ à la retraite du général Kahwagi. Depuis, le marasme politique et les entraves à l'élection d'un président se sont poursuivis, plaçant le pays une fois de plus devant le fait accompli : la reconduction de facto, considérée comme « inévitable » par d'aucuns, du mandat de l'actuel chef de l'armée pour une nouvelle année.
Les forces politiques qui plaident en faveur de la prorogation arguent de « l'exception sécuritaire » et de l'absence d'un chef de l'État qui, en temps normal, doit avaliser la désignation du chef de l'armée en accord avec le Conseil des ministres réuni.

 

(Pour mémoire : Un nouveau commandant de l'armée après l'élection d'un président, affirme Sleiman)

 

La proposition de reconduire le général Kahwagi à la tête de la troupe continue toutefois d'être vivement contestée par le Courant patriotique libre. Hier, le chef du CPL, Gebran Bassil, a été on ne peut plus clair à l'issue de la réunion hebdomadaire du bloc aouniste. « Notre refus de la prorogation est inébranlable. Nous exigeons qu'un nouveau chef de l'armée soit désigné. Mais si elle a lieu, nous réagirons en conséquence », a-t-il lancé.

Le nouveau délai qui serait donc accordé au général Kahwagi devrait se faire sur la base d'une proposition du ministre de la Défense, Samir Mokbel, qui doit recourir, cette année encore, à l'article 55 de la loi de défense repoussant le départ à la retraite de l'officier, apprend-on de source sûre.
Pourtant, un spécialiste du dossier se montre plus que réservé à ce sujet. « Cet article accorde au chef de l'armée lui-même la prérogative de retarder le départ d'un de ses subalternes à la retraite, mais il ne peut le faire pour lui-même, c'est-à-dire à son propre avantage. Ce subterfuge est donc une aberration », estime-t-il.
L'entorse à la légalité réside en outre dans le fait que c'est le ministre de la Défense qui prend la décision, « en lieu et place du Conseil des ministres réuni et du président de la République qui est actuellement absent », enchaîne le général Charles Chikhani, un officier à la retraite. Ce dernier se désole du fait que l'armée ne se renouvelle plus et que la culture de la « pérennité » aux hauts postes de l'institution militaire se consacre.

 

(Pour mémoire : L'armée à l'épreuve de la politique)

 

« Notre armée vieillit », dit-il, en critiquant les prorogations à la chaîne en son sein et la « fuite des compétences et des grands officiers de l'institution, qui finissent par rentrer chez eux, leur aspiration à briguer de hauts postes au sein de la hiérarchie étant désormais réfrénées. Ce n'est pas sain pour le moral des troupes ». Et l'officier de rappeler que depuis 1990, seuls trois commandants en chef, Émile Lahoud, Michel Sleiman et Jean Kahwagi (en poste depuis 2008), se sont succédé à la tête de l'institution.
« En Israël, le chef d'état-major est renouvelé tous les 3 ans. Aucun d'entre eux n'a moins de 53 ans. Depuis 1985 à ce jour, l'armée israélienne a vu 13 chefs d'état-major prendre le relais », insiste le général Chikhani en faisant remarquer que ce « n'est pas le général Kahwagi qui doit en assumer la responsabilité, mais le pouvoir politique qui continue de consacrer ces anomalies ».

 

(Pour mémoire : Une première dans l'armée : recours devant le Conseil d'État contre la prorogation de Kahwagi)

 

Partageant son opinion sur la nécessité d'injecter du sang neuf au sein de l'armée, la ministre des Déplacés, Alice Chaptini, reconnaît également que la procédure à laquelle devra recourir le ministre de la Défense « constitue une entorse à la loi et à la Constitution puisque la prorogation a lieu en l'absence du président ». « Ce dernier est, rappelons-le, le chef des forces armées. Mais la question est de savoir quelle est l'issue. Le pays ne peut pas endurer une autre vacance à un moment aussi critique », poursuit la ministre. Pour Mme Chaptini, la réponse à cette problématique est claire : « La sécurité du pays passe avant la dimension politique. » Elle évoque ainsi les risques encourus dans un contexte de guerre contre le terrorisme, cumulés à « la pathologie de la politique de blocage développée par le CPL et son refus systématique de toute proposition ou voie de sortie ». À commencer par la présidentielle qui, selon elle, « aurait pu nous éviter tout cet imbroglio s'il n'y avait pas, là encore, le niet systématique pratiqué par les aounistes ».

Il reste donc à savoir comment ce nouveau bras de fer entre, d'une part, le CPL, et d'autre part, les autres composantes du gouvernement, va se conclure. Le Hezbollah, qui est, de source sûre, en faveur de la prorogation de facto, risque de se trouver une fois de plus mis dans l'embarras par son allié chrétien qui menace de recourir à l'escalade si le général Kahwagi est reconduit.
Les ministres du CPL iront-ils jusqu'à la démission du gouvernement ? « Nous annoncerons en temps voulu le scénario envisagé », confie à L'OLJ un député de cette formation.

 

 

Pour mémoire

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Nominations sécuritaires : Le Groupe consultatif hostile à tout compromis

Le Liban se prépare à un nouveau bras de fer politique avec la perspective de prorogation de facto du mandat du commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, qui expire le 30 septembre.Faute d'avoir convenu d'un successeur et face à ce qui est considéré comme une impossibilité de désigner une nouvelle figure à la tête de l'institution militaire en l'absence d'un président...

commentaires (5)

LE GENERAL KAHWAGI DEVRAIT ETRE RECONDUIT...

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 47, le 11 août 2016

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Commentaires (5)

  • LE GENERAL KAHWAGI DEVRAIT ETRE RECONDUIT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 47, le 11 août 2016

  • La lutte contre le terrorisme faisant l'unanimité de tous (...) les libanais, why notre.

    Ali Farhat

    21 h 58, le 10 août 2016

  • Il y a la politique et la basse politique appelée la politicaillerie. C'est cette dernière qu'applique Gébran Bassil. Ou bien vous faites ce que je veux ou bien je m'en vais avec les ministres de mon bloc. Ou vous me donnez toute ma part dans le pétrole et le gaz off shore ou je m'en vais. Ou vous placez mon beau-père à Baabda ou je m'en vais. Ou vous renvoyez le général Kahwaji à ses pénates ou je m'en vais... Tout cela, est le résultat de l'absence d'un chef à la tête de l'Etat. "Quand l'Etat s'abstient ça merdoie". Le général de Gaulle, le 5 février 1964.

    Un Libanais

    15 h 56, le 10 août 2016

  • On a bien prorogé 2 fois !!!... le mandat de députés qui, pour la plupart d'entre eux, ne font pas leur devoir en boycottant depuis plus de 2 ans les séances pour l'élection du Président de la République, sans parler de tout le reste ! Alors, où est le problème avec la reconduction du Général J. Kahwagi ? Brusquement, M. Gebran Bassil se souvient de la légalité ??? Cela fait-il partie de la légalité que son parti, le CPL, bloque l'élection du Président de la République sur ordre du Hezbollah ? Décidément, les sentiments de honte et de décence sont inconnus pour certains "RESPONSABLES" de notre pauvre pays ! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 20, le 10 août 2016

  • Le cirque continue....

    Tabet Karim

    08 h 53, le 10 août 2016

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