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Liban - Patrimoine

Restauration du temple de Bacchus pour relancer l’activité économique à Baalbeck

La restauration des sites historiques : un travail nécessitant une extrême minutie.

Les travaux de conservation et de restauration du temple de Bacchus à Baalbeck ont été achevés récemment, ce qui a permis la réouverture du temple aux visiteurs, plus particulièrement à l'occasion de la nouvelle édition du Festival international de Baalbeck. Une cérémonie marquant la fin de ces travaux de rénovation a été organisée sur le site, sous le patronage du ministre de la Culture, Rony Araygi, représenté par le directeur général des antiquités, Sarkis el-Khoury. Étaient notamment présents à la cérémonie Wafa Charafeddine, représentant le président du Conseil du développement et de la Reconstruction Nabil Jisr, Hussein Lakkis, président de la municipalité de Baalbeck, Guido Licciardi, directeur du projet Culture Heritage and Urban Development (Chud) à la Banque mondiale, des membres du conseil municipal de Baalbeck et de la Fédération des municipalités de la région, une délégation du comité du Festival de Baalbeck ainsi que des représentants de collectivités locales.

 

 

La restauration du temple se place dans le contexte du projet Chud financé par la Banque mondiale, l'Agence italienne pour la coopération et le développement et l'Agence française de développement. Ce projet est mis en œuvre par le CDR en collaboration avec le ministère de la Culture-DGA dans cinq villes historiques libanaises. Baalbeck constitue avec son site archéologique phare l'un des plus importants sites du patrimoine mondial au Liban. En dépit de cette importance, le site souffre de la dégradation de l'état de ses monuments ainsi que d'une stagnation de l'économie de la ville. C'est pour ces raisons que les actions du projet se sont concentrées sur l'amélioration de l'état des espaces publics et des infrastructures culturelles et touristiques afin de relancer l'activité économique dans la ville historique. Ce processus vise in fine à améliorer la qualité de vie des riverains.

Le financement

Le projet a débuté en 2005 dans la zone historique urbaine entourant le site, grâce à un financement de la Banque mondiale. Les accès nord-est et sud-ouest de la ville sont réhabilités, des parkings publics sont aménagés, les places Khalil Moutran et celle de la Qalaa sont mises en valeur, ainsi que les rues principales du centre historique, notamment celles faisant face à la grande mosquée, celles des églises et celles du quartier Chiyyah. L'infrastructure, les trottoirs et les routes, l'éclairage public, le mobilier urbain, etc. sont réhabilités.

Dans un second temps, le projet BTAP (Baalbeck and Tyre Archaeological Project) est lancé. Ce projet vise à améliorer la gestion du site, à en restaurer les monuments les plus importants et à mieux présenter la valeur exceptionnelle du site aux touristes par la création de parcours de visite commençant dans le site et se terminant dans la ville historique. Le projet comporte deux phases : la première sous financement de la Banque mondiale et la seconde sous financement de l'Agence italienne de coopération.

C'est au cours de cette première phase, et dès 2010, que les clôtures entourant le site sont réhabilitées, que de nouveaux accès sont réaménagés, notamment la route entourant le temple de Vénus (devenue piétonne et pavée en basalte et pierre naturelle) ; infrastructures, mobilier urbain et éclairage public équipent ces nouveaux espaces donnés à la ville et au site. Un nouveau centre pour les visiteurs est aménagé dans la maison dite « Bait Nassif » réhabilitée à cet effet.
En 2015, et toujours sous financement de la Banque mondiale, débute le grand projet de conservation et restauration des structures proprement archéologiques du site. Ces monuments ont souffert d'une longue période d'abandon datant des années 1975. Les travaux sont engagés dans les propylées, la cour hexagonale, la grande cour du temple de Jupiter, le temple de Bacchus, le temple de Vénus et la tour arabe. C'est le projet du temple de Bacchus qui a requis le plus d'efforts et de budget.

Dégradation et érosion

Le temple a longtemps souffert de l'exposition à la pluie, à la neige et au gel, et cela sans protection ; cela a provoqué la dégradation et l'érosion de sa structure et des pierres sculptées de ses façades, et cela au cours des 15 derniers siècles. Au cours des quinze dernières années, l'État libanais a pu assurer les budgets nécessaires pour les études, les travaux et la supervision d'actions très complexes ; un grand nombre d'experts, d'architectes, de conservateurs, d'archéologues libanais, italiens et de nationalités multiples ont uni leurs efforts dans cette tâche. Les travaux visaient à traiter avant tout les causes des problèmes. C'est pour cela qu'une couverture est installée; elle assure le drainage des eaux de pluie et de neige vers des gargouilles. Les eaux de ruissellement ne pénètrent donc plus dans l'épaisseur des murs et, de ce fait, ne mettent plus en péril leur bonne conservation.

Dans un second temps, les travaux se sont intéressés aux effets des problèmes, notamment la dégradation des façades intérieures du temple. Plus de vingt pathologies différentes des pierres des élévations ont été diagnostiquées. Chaque maladie a été cartographiée, analysée ; des tests de traitements divers ont été appliqués visant à minimaliser l'impact de l'intervention. Le but de l'intervention est de préserver les traces des outils des tailleurs de pierre antiques ainsi que la patine historique attestant du passage des siècles sur le monument tout en enlevant la pollution affectant la bonne conservation de la pierre. Après le nettoyage des salissures par les différentes techniques, y compris celles les plus modernes (pulvérisation d'eau et brossage jusqu'au laser), la surface des élévations a été consolidée. Enfin, une révision chromatique visant à homogénéiser les couleurs des façades a précédé l'application d'une couche de protection hydrofuge dont la fonction est d'empêcher l'absorption de l'eau et la prolifération des micro-organismes pathogènes.
De nombreux acteurs ont permis que ce projet se réalise. Avant tout le ministère de la Culture – DGA, et son équipe de gestion du site ; le CDR et son équipe de gestion du projet Chud ; la municipalité de Baalbeck ; la Banque mondiale, l'Agence italienne de Coopération et leurs équipes respectives ; l'équipe archéologique allemande du DAI et ses partenaires de l'Université libanaise ; le consultant ARS Progetti et ses différentes équipes, notamment son partenaire Rafik el-Khoury ; l'entrepreneur Jesco-AJLB JV et ses différentes équipes, notamment l'expert italien en techniques de nettoyage au laser M. Zanini ; et enfin, le site étant classé au titre du patrimoine mondial, le bureau régional de Beyrouth de l'Unesco qui organise des ateliers avec des experts internationaux Icomos où les actions proposées sont débattues, soumises à l'examen et agréées avant d'être mises en œuvre.

En 2016-2017 et après la clôture du projet financé par la Banque mondiale, la seconde phase du projet BTAP financée par l'Agence italienne de coopération sera lancée.


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commentaires (1)

Excellent projet. Bonne continuation!

Pierre Hadjigeorgiou

09 h 13, le 08 août 2016

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Commentaires (1)

  • Excellent projet. Bonne continuation!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 13, le 08 août 2016

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