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Moyen Orient et Monde - Le point

Tout sauf Berlusconi

« Je ferai aimablement remarquer
aux hommes politiques qui me
prennent pour un rigolo que ce
n’est pas moi qui ai commencé. »
(Michel Colucci, dit Coluche)

 


Il a versé une larme en racontant, à 61 ans, cet épisode de sa prime jeunesse : enfant de chœur âgé de 9 ans, il a, à la tête de ses « collègues », conduit une rébellion contre le curé de Bettola, son village d’Émilie-Romagne, qui refusait de partager avec les doux chérubins les dons des fidèles à l’occasion des mariages et des baptêmes. « Il se contentait, s’est- il souvenu, de nous distribuer quelques barres de chocolat et de nougat à Noël et à Pâques, ce que je jugeais injuste. » Un jour, à l’issue d’une cérémonie, l’enfant s’empara de l’argent et sortit de l’église. « À la Nativité, le prêtre décida de répartir le montant recueilli à parts égales entre les gamins. »


Après quoi, la carrière de Pier Luigi Bersani semblait toute tracée. Il sera communiste ma non troppo avant de virer démocrate bon teint au lendemain de la disparition en 1991 du PC italien, amateur de rock et de cigarillos « toscano », enfin ministre. Prochaine étape : sans doute chef de gouvernement après les législatives des 24-25 février. Au passage, il aura fait mordre la poussière à Silvio Berlusconi, Oscar Giannino, Antonio Ingroia et Beppe Grillo « il comico ». Mais, assuré d’une confortable majorité à la Chambre basse, au Sénat il devra, si l’on en croit les derniers sondages – les études d’opinion sont interdites à deux semaines du scrutin –, s’allier au président du Conseil sortant Mario Monti, leader d’une coalition centriste donnée en troisième position derrière le Parti démocrate de Bersani et le Peuple de la liberté d’Il Cavaliere.


Il serait exagéré de dire que tout allait bien, sous la férule du Professeur (surnom de l’actuel président du Conseil) qui avait imposé une austère politique faite de privations. Le pays allait cahin-caha plutôt, ployant sous les exigences draconiennes du Fonds monétaire international, confronté à un avenir fait de déficits de plus en plus élevés, de taux de chômage inquiétants atteignant aujourd’hui les 11 pour cent et 37 pour cent chez les jeunes, et d’une instabilité politique qui fait la joie d’une multitude de Rastignac disposés à promettre la lune en échange d’une place dans le paysage politique.


C’est ainsi que, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, plus de soixante gouvernements se sont succédé, avec le douteux succès que l’on connaît. De temps à autre, les Italiens se vengaient en s’amusant à envoyer au palais Montecitorio d’étranges représentants : hier (en 1987), c’était Ilona Staller, alias la Ciccciolina, une star du porno qui devait ultérieurement proposer à Saddam Hussein de partager sa couche en échange de la fin de la tension dans le Golfe... Demain, ce sera probablement l’homme du Mouvement 5 étoiles (M5S), appelé à réunir sur son nom quelque 18 pour cent des suffrages, qui pourrait jouer les trouble-fête. Jadis, il avait suggéré à el-Qaëda de bombarder le siège du Parlement, organisé un « Vaffanculo Day », proposé que les citoyens s’élisent entre eux et surnommé le Premier ministre « Rigor Montis », en allusion à sa politique de rigueur.


Les Italiens s’amusent, c’est un fait. Mais c’est difficilement, du moins veut-on le croire, qu’ils iraient jusqu’à ramener au pouvoir celui qui a tant fait pour ternir l’image de son pays au sein de l’Union européenne et dans le monde. Qui, en lui retirant sa confiance, a hâté la chute du cabinet et la tenue d’élections anticipées alors que la consultation populaire était prévue pour le mois d’avril. Qui remet en cause la ligne suivie depuis quelque temps, et par lui jugée « trop germanocentrique ». Celui à qui l’Italie doit en grande partie une gigantesque dette publique de 2 000 milliards d’euros, soit 127 pour cent de son PIB. Mardi, dans un éditorial retentissant, Le Monde indiquait que « de Bruxelles à Washington en passant par Francfort et Paris, on redoute le pire », c’est-à-dire un retour de « Monsieur bunga bunga ». Toutefois, il semble qu’un tel rétablissement ait été explicitement écarté en vertu d’un accord électoral entre les formations politiques, mais sait-on jamais avec ce diable d’homme...


À trois jours du scrutin, tout paraîtrait joué s’il n’y avait ce que les Américains appellent les « swing states », ces régions en balance, au nombre de quatre (Vénétie, Sicile, Campanie, Lombardie) dont les électeurs hésitent encore sur les personnalités à envoyer au Senato della Repubblica. Non, ce n’est pas demain la veille que se jouera le dernier acte de cette peu ordinaire commedia dell’arte.

 

Voir notre dossier sur les élections italiennes

« Je ferai aimablement remarqueraux hommes politiques qui meprennent pour un rigolo que ce n’est pas moi qui ai commencé. »(Michel Colucci, dit Coluche)
 
Il a versé une larme en racontant, à 61 ans, cet épisode de sa prime jeunesse : enfant de chœur âgé de 9 ans, il a, à la tête de ses « collègues », conduit une rébellion contre le curé de Bettola, son village...

commentaires (1)

L'Italie a ses clichés comme tout autre pays, spaghetti, pizza, youvé et Berlusconi. Je me rappelle tous ces bons films d'Ettore Scolla, de Pasolini et les western spaghetti dont un remake a été fait par Tarantino récemment, l'Italie très proche de nous autres libanais par un charactère méditerranéen bien trempé s'expatrie très bien aussi, et les réussites des immigrés italiens sont innombrables de par le monde, un peu comme nous autres libanais où le seul endroit au monde où on a du mal à progresser, c'est justemant à la maison. Mais y a pas à dire , ce pays évoque toujours une certaine fraicheur, comme chez nous dit !!!

Jaber Kamel

05 h 55, le 21 février 2013

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Commentaires (1)

  • L'Italie a ses clichés comme tout autre pays, spaghetti, pizza, youvé et Berlusconi. Je me rappelle tous ces bons films d'Ettore Scolla, de Pasolini et les western spaghetti dont un remake a été fait par Tarantino récemment, l'Italie très proche de nous autres libanais par un charactère méditerranéen bien trempé s'expatrie très bien aussi, et les réussites des immigrés italiens sont innombrables de par le monde, un peu comme nous autres libanais où le seul endroit au monde où on a du mal à progresser, c'est justemant à la maison. Mais y a pas à dire , ce pays évoque toujours une certaine fraicheur, comme chez nous dit !!!

    Jaber Kamel

    05 h 55, le 21 février 2013

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