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Moyen Orient et Monde - Le point

Le paradoxe « Bibi »

Benjamin Netanyahu est d’humeur agressive ces temps-ci. Normal, dira-t-on : les législatives anticipées auxquelles il a appelé, c’est dans moins de deux semaines. Et puis, n’est-ce pas que le personnage n’a jamais cessé tout au long de sa carrière d’afficher une attitude faite d’arrogance et de suffisance qui exaspère nombre de ses proches et en lasse bien d’autres ? Alors... Lundi, il a étonné tout le monde en affirmant que ce ne sont pas les colonies dans les territoires palestiniens, mais le programme nucléaire iranien et les armes chimiques de Bachar el-Assad qui menacent la paix mondiale. « L’histoire, a-t-il ajouté, jugera sévèrement ceux qui s’en prennent à nous. »


Voilà donc le Premier ministre israélien dans une posture qu’il affectionne : celle de la victime, dans un pays où la majorité est convaincue, c’est la chanson qui le dit, que « le monde entier est contre nous ». Depuis 2003, l’ONU a adopté 232 résolutions concernant l’État hébreu, soit 40 pour cent du total des textes votés, le Soudan se classant loin derrière avec six fois moins de condamnations. Il serait inutile de faire valoir que ce chiffre traduit la détermination de Tel-Aviv à violer les lois internationales et non pas l’hostilité des membres de l’auguste assemblée.


Le Likoud mène sa campagne sur un thème éloquent : « Un chef de gouvernement fort, un Israël fort. » De fait, « Bibi » est assuré de l’emporter, les sondages sont formels, malgré le soudain accès de faiblesse de son principal allié, le parti Israël Beiteinou, d’Avigdor Lieberman, en délicatesse avec la justice et forcé de céder son maroquin des Affaires étrangères. Selon une récente étude, 81 pour cent des Israéliens sont convaincus que le président du Conseil est bon pour un nouveau mandat. Toutefois, il perdrait une dizaine de sièges, 32 contre 42 dans l’actuelle Knesset qui compte 120 députés, si le scrutin venait à se dérouler demain. Certes, il y a, pour expliquer cette baisse, l’usure du pouvoir, mais aussi des erreurs tactiques, comme l’alliance avec le parti de Lieberman, ses critiques contre les modérés de sa majorité, contre le Shass, un ancien allié pourtant, enfin contre Naftali Bennett, un intrus que personne n’avait vu venir et qui est en train de lui tailler des croupières. Au point que son parti, HaBayit hayehudi, est assuré de tripler le nombre de ses élus, devenant ainsi la troisième formation politique du pays.


Après des millions gagnés dans la high-tech, ce quadragénaire, sioniste convaincu et ancien membre du Conseil des implantations de Judée-Samarie, est descendu dans l’arène électorale sans complexe mais aussi sans scrupules. Sans beaucoup de convictions affichées non plus : il passait pour être inconditionnellement favorable aux implantations en Cisjordanie, mais depuis quelque temps – prudence électorale ? –, il préfère ne pas en parler ; sur l’Iran et la Syrie, il est tout aussi silencieux. Fils d’immigrants californiens, il a suivi les cours d’une école religieuse avant de s’enrôler dans les rangs de la Sayeret matkal, une prestigieuse unité d’élite, puis, de retour dans la vie civile, de fonder une firme d’informatique, vendue peu de temps après avec un joli bénéfice de 145 millions de dollars. Naftali, affirment ses lieutenants, ne veut pas entendre parler d’un retour aux lignes de 1967. Ce qu’il ne veut pas, on le sait ; c’est ce qu’il veut que l’on ne sait pas, et c’est cela qui irrite au plus haut point le patron qu’il avait servi deux années durant et qu’il a quitté « pour des divergences d’ordre politique » : Benjamin Netanyahu.


L’essentiel de sa force, l’actuel chef de gouvernement le tire de la faiblesse idéologique du camp adverse et de l’incapacité de celui-ci à présenter un front uni. Après une série de réunions, les trois partis de gauche et du centre ont dû avouer qu’ils n’étaient pas parvenus à s’entendre sur un projet de programme commun. Le Hatenuah de Tzipi Livni, le Yesh atid de Yair Lapid (tous deux centristes) ainsi que le Parti travailliste de Shelly Yachimovich n’en espèrent pas moins être en mesure d’envoyer au Parlement une quarantaine d’élus, ce qui compliquerait grandement les efforts que Netanyahu entreprendra pour former son cabinet.


Mais avant d’en arriver là, il conviendrait que le favori de la course puisse convaincre qu’il est, sinon le seul, à tout le moins le meilleur. Il lui faudrait aussi trouver un cheval de bataille susceptible, comme le fut jusqu’à une date récente la campagne contre la Bombe de la République islamique, de mobiliser ses troupes. Rien n’est moins sûr, au vu des bourdes qu’il n’a cessé d’accumuler. Il faudra dès lors s’accommoder d’un Premier ministre incapable, pour cause de rupture de stocks, de sortir de nouveaux lapins de son chapeau.

 

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Benjamin Netanyahu est d’humeur agressive ces temps-ci. Normal, dira-t-on : les législatives anticipées auxquelles il a appelé, c’est dans moins de deux semaines. Et puis, n’est-ce pas que le personnage n’a jamais cessé tout au long de sa carrière d’afficher une attitude faite d’arrogance et de suffisance qui exaspère nombre de ses proches et en lasse bien d’autres ? Alors......

commentaires (1)

Il l'a toujours été.

SAKR LEBNAN

02 h 51, le 10 janvier 2013

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Commentaires (1)

  • Il l'a toujours été.

    SAKR LEBNAN

    02 h 51, le 10 janvier 2013

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