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Moyen Orient et Monde - Pakistan

Quand le combat contre le sida passe par les mosquées

Le taux d’infection a progressé chez les « toxicomanes utilisant des seringues », selon le rapport national sur l’évolution du sida au Pakistan. Rizwan Tabassum/AFP

Au Pakistan, des imams mènent de front la guerre contre le sida en sensibilisant les fidèles et en les invitant à prendre soin des personnes atteintes par ce virus encore considéré comme un « péché mortel » dans cette société conservatrice.
Abdul Khaliq Faridi faisait partie il y a deux ans seulement de la majorité de ces concitoyens méprisant les quelque 100 000 personnes ayant contracté le sida dans son pays. Mais aujourd’hui, il fait des sermons à la mosquée Jamia Sattaria de Karachi pour éduquer les fidèles à propos de ce virus. « Il y a deux ans, je pensais que le sida était causé par une relation sexuelle immorale de l’ordre d’un péché mortel, mais j’ai rencontré des experts qui m’ont invité à une formation », raconte-t-il, confiant : « J’étais vraiment réticent, je pensais commettre moi-même un péché en me rendant à cette conférence, mais j’étais aussi curieux. » La rencontre de l’imam avec les responsables de l’antenne locale du Centre pakistanais de lutte contre le sida, un organisme public, l’a éclairé et l’a même convaincu de se joindre au combat. Les centaines de fidèles à sa mosquée, le millier d’étudiants à sa madrassa forment désormais un public réceptif. « Au début, les fidèles étaient gênés, voire offensés, mais aujourd’hui, ils écoutent attentivement. Ils ont commencé à comprendre que le sida est une maladie et non un péché », ajoute-t-il.
M. Faridi est l’un des 2 500 leaders musulmans et communautaires impliqués dans le programme de lutte contre du sida de la province méridionale du Sind, dont Karachi, mégapole grouillante de 18 millions d’habitants, est la capitale. Et aussi la ville la plus affectée du pays par le virus. Au Pakistan, pays musulman de 180 millions d’habitants, les dignitaires religieux ont une force d’attraction et une capacité d’influence très prisées lorsqu’il est temps de sensibiliser la population à un enjeu comme le sida. « Les gens écoutent les imams avec dévotion et croient ce qu’ils disent... Ce sont eux qui influencent le plus la population », explique Munazar Khan, un coordonnateur du programme de lutte contre le sida. « Un projet comme le nôtre, mené par des personnes ancrées dans leur milieu, a permis de convaincre des gens de laisser leur gêne de côté et de faire le test de dépistage. Le nombre de personnes diagnostiquées (officiellement) avec le sida a doublé au cours des deux dernières années, ce qui montre que notre campagne fonctionne », ajoute-t-il. Plus les gens passent les tests de dépistage, plus il y a de gens diagnostiqués avec le sida, mais plus aussi il est possible de juguler la propagation de la maladie.
Les autorités chiffrent à environ 100 000 le nombre de personnes infectées à travers le pays, mais seulement 10 000 d’entre elles sont officiellement diagnostiquées. Or, plus il y a de gens infectés sans le savoir, plus le virus court.
Malgré la prévention, le taux d’infection a progressé chez les « toxicomanes utilisant des seringues », selon le rapport national sur l’évolution du sida dans le pays. Et le virus se propage à d’autres couches de la société. Abdul Latif, un père de quatre enfants, a été diagnostiqué avec le sida il y a huit ans. « Je pensais que j’allais mourir, mais des médecins et des imams m’ont fait comprendre que je pouvais mener une vie normale grâce aux traitements » antiviraux, souffle l’homme dans la quarantaine. « Au début, je ne voulais parler à personne de ma maladie, mais aujourd’hui, il n’est plus aussi difficile pour moi, ma femme et ma famille de mener une vie normale sans nous cacher. Les gens considèrent de plus en plus le sida comme une autre maladie », et pas le fruit d’un péché.
(Source : AFP)
Au Pakistan, des imams mènent de front la guerre contre le sida en sensibilisant les fidèles et en les invitant à prendre soin des personnes atteintes par ce virus encore considéré comme un « péché mortel » dans cette société conservatrice.Abdul Khaliq Faridi faisait partie il y a deux ans seulement de la majorité de ces concitoyens méprisant les quelque 100 000 personnes ayant...

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