La vérité, dit-on, sort de la bouche des enfants. Et aussi des microphones parfois, pour peu qu’ils ne soient pas encore débranchés à l’issue, par exemple, d’une conférence de presse. La scène mérite d’être rappelée à l’heure où, entre Barack Obama et Benjamin Netanyahu, la rupture semble consommée.
3 novembre 2011 à Cannes, où se tenait le sommet du G20. Les présidents français et américain viennent d’en finir avec ce périlleux exercice qui consiste à s’adresser aux journalistes pour ne rien dire quand Nicolas Sarkozy confie à son hôte : « Je n’arrive pas à supporter le Premier ministre israélien » ; c’est un « menteur ». Réponse plutôt diplomatique du chef de l’exécutif US : « Vous en avez assez, mais moi j’ai affaire à lui tous les jours. » Certains reporters qui ont gardé leurs écouteurs à l’oreille ne ratent pas une miette de ce bref échange, dont la teneur est illico reprise par la chaîne de télévision Arrêt sur images.
Barack-« Bibi » : dire qu’entre ces deux-là le courant n’est jamais passé relève de l’euphémisme. Le premier, d’une exquise courtoisie pourtant, affiche un sourire à peine poli quand l’autre s’adresse à lui, en général pour lui chercher noise, rectifiant tantôt ses erreurs sur l’histoire des juifs et tantôt le harcelant sur les sujets les plus divers, les plus délicats aussi. La semaine dernière, l’Israélien semble être allé plus loin que d’habitude, trop loin, quand il a déclaré : « Ceux qui, au sein de la communauté internationale, refusent de définir les lignes rouges à ne pas dépasser n’ont pas le droit d’en tracer pour Israël. » Dimanche, il remet cela, avec cette délicatesse de toucher qui lui est propre. « Il y a urgence », souligne-t-il sur CNN, appelant à une action comme celle entreprise par John F. Kennedy lors de la crise des missiles de Cuba « avant que l’Iran ne dispose de l’arme nucléaire ». Puis sur NBC : « Ils (les Iraniens) sont dans les derniers 20 yards », dans une image empruntée au football yankee.
Qu’est-ce donc qui justifie, bien plus que l’urgence d’un thème rabâché, la fébrilité de l’agité du bocal israélien ? D’abord, et même s’il s’en défend, une incroyable prétention à vouloir assurer le succès de Mitt Romney en détournant l’électorat juif américain de l’actuel locataire de la Maison-Blanche. Sur ce point, la tactique n’a donné, à tout le moins jusqu’à présent, que de modestes résultats : si, de 78 pour cent, le vote juif favorable au candidat démocrate est tombé à 64 pour cent, selon le dernier sondage Gallup, le poulain républicain, lui, continue de traîner péniblement derrière, avec 29 pour cent des voix. Plus inquiétant, le chef du Likoud est convaincu que l’on va vers un nouveau mandat Obama, même si les pronostics sont plus nuancés et si les éditorialistes rappellent que le 6 novembre, l’Américain moyen votera non pas en fonction du programme nucléaire de la République islamique, mais « avec son portefeuille », comprendre en tenant compte essentiellement de la conjoncture économique, un dossier qui permettrait au mormon de passer en tête devant son adversaire, considéré comme novice en la matière. Selon la rumeur qui court dans la capitale fédérale, l’Américano-Israélien Sheldon Adelson serait disposé à injecter 100 millions de dollars dans la campagne électorale pour permettre au représentant du Grand Old Party de siéger dans le bureau Ovale.
L’autre motivation de cette agressivité est qu’en fonçant tête baissée dans l’arène de la présidentielle américaine, Netanyahu sait qu’il joue son va-tout, même s’il demeure convaincu en son for intérieur qu’à Washington, on est très peu enclin à se lancer dans une nouvelle aventure alors que s’amorce un retrait du guêpier afghan. Il sait surtout que, réélu, Obama se montrera encore moins favorable à ses thèses, n’ayant pas oublié les avanies essuyées lors de leurs neuf rencontres et n’étant plus ligoté par les nécessités d’une réélection. Comme une armée qui, pour avoir trop avancé, se retrouve coupée de sa ligne arrière, le chef du gouvernement israélien est lâché par ses plus fidèles alliés, le plus notable étant Ehud Barak, et en butte aux assauts répétés de ses opposants, Shaoul Mofaz en tête. Fait sans précédent, son immixtion dans la présidentielle américaine a braqué contre lui nombre de législateurs américains qui ont emboîté le pas à Barbara Boxer, représentante démocrate de la Californie au Sénat, dans une charge étonnante de virulence. Des journalistes influents s’y sont mis aussi, tel Bill Keller, qui écrit dans le New York Times : « S’il est reconduit, il est douteux qu’Obama oubliera les manipulations entreprises par un leader israélien dont il a toutes les raisons de se méfier. »
Aux États-Unis, un pays que « Bibi » prétend bien connaître pour y avoir longtemps vécu, les couples divorcent pour beaucoup moins que ça, invoquant d’« irreconcilable differences ».
Enfin prit qui croyait prendre. Il n'aura eu que ce qu'il merite. Il lui reste cependant encore une seule maniere de mettre les Americains devant un fait accompli et celle-ci est la meme option que celle du Hezbollah: La guerre! Il semble que ces deux larrons ont tout interet a se retrouver sur l'arene pour en decoudre, les uns pour redorer leur blason sur la scene interne et les autres s'imposer une fois de plus dans la region en emlevant une carte genante de la main Iranienne.Que Dieu nous en preserve!
08 h 14, le 18 septembre 2012