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Moyen Orient et Monde - Le point

Le nouveau Vieux Continent

Après le K.-O. de Dominique Strauss-Kahn, personne n’aurait parié un kopek sur ce Parti socialiste, incapable de donner un lointain successeur à François Mitterrand. Il y eut la contre-performance de Lionel Jospin en 2002, puis les trois p’tits tours de « la madone des sondages » en 2007. Ensuite, il ne restait qu’un troupeau d’éléphants sans chef, condamné à une errance ponctuée de scandales – et Dieu sait combien il y en eut, des montres de collection de Julien Dray à la loufoque élection d’un nouveau secrétaire général, en passant, comment l’oublier, par le porno très peu chic de la suite 2806 du Sofitel de New York. Nul ne se serait hasardé alors à voir en François Hollande l’homme providentiel qui guiderait sa tribu vers la terre promise élyséenne. Sauf l’intéressé lui-même qui, le premier, a détecté les failles dans la cuirasse de l’adversaire, s’empressant de se voir en président « normal », ce qui ne veut rien dire et d’ailleurs ne répond pas aux attentes des Français, nostalgiques de grandeur passée, de style gaullien et d’élévation sereine, même feinte. D’où aujourd’hui le constat que c’est aussi bien la gestion de la crise qu’une certaine idée de la fonction qui ont coûté sa réélection au locataire de l’Élysée en instance de départ, ainsi qu’une fébrilité quasi perpétuelle qui se voulait dynamisme.


Il suffisait en somme de se présenter en anti-Sarkozy pour devenir le septième président de la Ve République. Et surtout parler de croissance, quitte à promettre la lune, plutôt que d’austérité (laquelle ne devrait pas être une fatalité pour l’Europe, répétait Hollande). Comparez à cet égard le discours prononcé il y a cinq ans presque jour pour jour par l’homme à la montre Patek Philippe et aux boutons de manchette Mont Blanc et celui de son successeur : il y est question des valeurs républicaines fondées sur l’humanisme, la laïcité, la solidarité. Avec, cette fois, une différence de taille, représentée par une forme d’opposition aux théories et à la domination allemandes sur la scène européenne. À cet égard, convient-il de souligner, ce sont les résultats des législatives grecques qui ont pesé sur la réaction des marchés en ce début de semaine.
Il n’en reste pas moins qu’après avoir dévissé, on se prend à espérer que les Bourses sauront se ressaisir, tant il est vrai que, dans le monde impitoyable de la haute finance, on sait se montrer pragmatique et laisser au nouvel élu, à tout le moins pour un certain temps, le bénéfice du doute. Mais la période de grâce ne peut durer trop longtemps. On veut croire aussi que François Hollande ne mettra pas une hâte excessive à réaliser toutes les réformes promises s’il veut réellement compléter le pacte fiscal européen par des mesures de croissance. Il existe sur la question un sondage Ipsos pour France Télévisions, Radio-France, Le Point et Le Monde qui en dit long sur l’état d’esprit de l’électeur français. Réalisée entre le 3 et le 5 mai, l’étude indique que 46 pour cent des personnes interrogées s’attendent à une dégradation de la situation si Hollande est élu, 26 pour cent seulement pensant qu’elle va s’améliorer et 28 pour cent s’avouant sans opinion.


Dès dimanche soir, le vainqueur de la journée était invité (convoqué ?) par Barack Obama et Angela Merkel à discuter des grands thèmes de l’actualité internationale, soit, pour le premier, le retrait d’Afghanistan des troupes françaises prévu dès la fin de l’année en cours, et, pour la seconde, l’avenir d’un attelage qui, à l’évidence, nécessite un réexamen. Avec, dans le second volet, cette épée de Damoclès représentée par un tiédissement des rapports entre les deux pays qui déboucherait immanquablement sur la mise en terre de la monnaie unique. À moins de voir naître un
Merklande venant prendre le relais du défunt Merkozy.


En l’espace de quelques jours, on a vu en Europe le gouvernement hollandais s’effondrer, un régime chuter lourdement en Grèce, un mouvement de protestation gagner en ampleur en Espagne. Et par-dessus tout un continent honnir à l’unisson la panacée prescrite par le Fonds monétaire international. Il ne suffit plus de prôner la rigueur pour espérer sauver les meubles, encore que celle-ci continue de représenter un objectif primordial mais non pas le seul si l’on veut parvenir à une certaine forme de justice sociale, ce graal mythique que recherchent tous les régimes, de gauche comme de droite.


Il importe de retenir que, comme tous les choix, ceux qui viennent d’être faits ne peuvent que paraître faussés car l’on juge, d’un côté, un bilan et, de l’autre, des promesses. Et puis, pour dérider un peuple prisonnier de sa morosité, il faudrait plus que de l’humour. Plus de vraie force aussi que de fausse tranquillité, si l’on ne veut pas le voir, ce peuple, céder à la tentation suicidaire, ainsi que le diagnostique aimablement un éditorialiste du Washington Times.

Après le K.-O. de Dominique Strauss-Kahn, personne n’aurait parié un kopek sur ce Parti socialiste, incapable de donner un lointain successeur à François Mitterrand. Il y eut la contre-performance de Lionel Jospin en 2002, puis les trois p’tits tours de « la madone des sondages » en 2007. Ensuite, il ne restait qu’un troupeau d’éléphants sans chef, condamné à une errance...
commentaires (2)

"…. les propositions Hollande sont a la limite du fallacieux" Non ! Car la création de postes d’enseignants est une mesure d’investissement dans l’avenir et pour les nouvelles générations qui auront plus de chance de devenir, grâce à cette sorte d’investissements : plus créatives ; et donc Non des mesures de consommation. Et la revalorisation des SMIG et autres allocations est surtout une mesure de Justice et de Cohésion sociale et non seulement de "consommation" ! En ce qui concerne les "hausses d’impôts", ce sont les mesures les plus efficaces pour diminuer les déficits publics "Pardi" ! Et c’est uniquement en revalorisant les SALAIRES, qu’on peut générer de la Croissance ! Personne n'est dupe, n’est-ce pas ? Et les Français moins que le reste : vu qu’ils l’ont bien élu ! Comme quoi.

Antoine-Serge KARAMAOUN

09 h 25, le 08 mai 2012

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Commentaires (2)

  • "…. les propositions Hollande sont a la limite du fallacieux" Non ! Car la création de postes d’enseignants est une mesure d’investissement dans l’avenir et pour les nouvelles générations qui auront plus de chance de devenir, grâce à cette sorte d’investissements : plus créatives ; et donc Non des mesures de consommation. Et la revalorisation des SMIG et autres allocations est surtout une mesure de Justice et de Cohésion sociale et non seulement de "consommation" ! En ce qui concerne les "hausses d’impôts", ce sont les mesures les plus efficaces pour diminuer les déficits publics "Pardi" ! Et c’est uniquement en revalorisant les SALAIRES, qu’on peut générer de la Croissance ! Personne n'est dupe, n’est-ce pas ? Et les Français moins que le reste : vu qu’ils l’ont bien élu ! Comme quoi.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    09 h 25, le 08 mai 2012

  • l’élégant grognement de désespoir que voila ! Hélas justifié. le nouveau président s'est fait fort au cours de sa campagne de relancer la croissance. rien que ça ! et comment compte-t-il s'y prendre ? mais en faisant de la croissance par les déficits publics pardi ! ceci est la forme la plus tendue de croissance et suppose tout un tas de conditions. La toute première étant que tous nos partenaires commerciaux soit en croissance réelle positive et a plus de 2% de préférence (sans vouloir vous ennuyer avec des détails, il y'a des multiplicateurs qui ne s'enclenchent avec une croissance G -de déficits étatiques- opposée a la croissance C -de consommateurs (modèle US) ou I -d'Investissement (modèle Allemand et Chinois) qu'avec des seuils de croissances élèves). Or les propositions Hollande sont a la limite du fallacieux puisqu'il propose la création de postes d’enseignants (mesure de consommation) une revalorisation des SMIC et autres allocations (mesures de consommation) et des hausse d’impôts (tout sauf générateur de croissance, G , C ou I). Personne n'est dupe et les Français moins que le reste si je me réfère au sondage que vous mentionnez. une petite dernière si vous permettez ? le nouveau couple n'est pas appelle MerKollande a Londres mais HoMer. tout un symbole ne trouvez-vous pas ?

    Lebinlon

    04 h 59, le 08 mai 2012

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