Les attaques les plus meurtrières se sont produites dans la ville sainte chiite de Kerbala et à Kirkouk, avec 13 morts chacune. Selon le chef de la police de Kirkouk, le major général Taher Baker, « c’est el-Qaëda qui a fait ça car la plupart de ses chefs ont été arrêtés récemment, a-t-il estimé. Deux voitures piégées ont également explosé à Bagdad, dont l’une dans un parking proche du ministère des Affaires étrangères, qui a fait au moins trois morts et quatre blessés, ont indiqué deux sources officielles sous le couvert de l’anonymat. L’autre voiture piégée, conduite par un kamikaze, a explosé dans le centre-ville, faisant quatre morts et huit blessés. Trois policiers ont par ailleurs été tués tôt hier par des inconnus munis d’armes à silencieux devant l’église orthodoxe Saint-Thomas dans l’ouest de Bagdad ».
Ailleurs dans le pays, d’autres attentats ont frappé Hilla, Ramadi, la province de Salaheddine : au total 18 villes ont été affectées par les violences. La plupart des attaques, qui ont fait près de 250 blessés, ont eu lieu entre 7h00 et 9h00 heure locale. Un membre de la minorité shabak, une secte ésotérique issue du chiisme, a par ailleurs été tué dans la matinée par des hommes armés à Mossoul, selon la police.
Ces violences sont les plus meurtrières depuis le 14 janvier, quand au moins 53 personnes avaient été tuées près de Bassora dans le Sud dans un attentat-suicide contre des pèlerins chiites. Elles interviennent, outre le jour même du 9e anniversaire de l’invasion américaine, à neuf jours d’un sommet de la Ligue arabe à Bagdad. Ce sommet, le premier en Irak depuis 1990, sera précédé le 27 mars d’une réunion des ministres arabes de l’Économie, et le 28 d’une rencontre des ministres des Affaires étrangères. Les autorités espèrent y accueillir plusieurs chefs d’État et le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. Les autorités irakiennes avaient pourtant prévenu qu’el-Qaëda allait tenter de « semer le chaos » à cette occasion. Des mesures exceptionnelles ont d’ailleurs été mises en œuvre et des milliers d’hommes mobilisés pour assurer la sécurité de la rencontre.
Le porte-parole du gouvernement Ali el-Dabbagh a annoncé après les attentats hier que la période du 25 mars au 1er avril serait fériée en Irak. Les autorités disent espérer ainsi limiter les encombrements et faciliter la tenue du sommet. Le président du Parlement Ossama el-Noujaifi a pour sa part dénoncé une tentative de faire échouer le sommet et de « maintenir l’Irak dans la violence ».
La communauté internationale a aussi immédiatement condamné les attaques. L’envoyé spécial des Nations unies en Irak Martin Kobler a fustigé « des crimes atroces » et demandé aux Irakiens de « rester fermes face à ces tentatives de fragiliser un Irak stable et pacifique ». Les États-Unis ont eux estimé qu’il s’agissait d’une tentative évidente de la part d’extrémistes de saper les progrès effectués par les Irakiens. Et le ministère syrien des Affaires étrangères a de son côté dénoncé les attentats, y voyant la même « main meurtrière » que derrière les récents attentats à Damas et à Alep en Syrie.
(Source : AFP)
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