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Moyen Orient et Monde - Le point

Les désarrois du G.O.P.

De l’avis des vieux briscards, c’est la course à l’investiture la plus débridée, la plus ouverte aussi. Que l’on en juge : Rick Santorum vainqueur le 3 janvier dans l’Iowa, Mitt Romney premier dans le New Hampshire le mardi suivant, la Caroline du Sud dans l’escarcelle de Newt Gingrich le 21 du même mois. À qui la Floride, aujourd’hui ? Le plus probable est qu’elle sera le lot de l’un des mousquetaires, Mitt Romney, le mal-aimé de ses pairs – et d’une bonne partie de l’électorat républicain, qui finira cependant par se rallier à son panache fluctuant au gré des vents. À quelques heures du jour J, tous les sondages le donnent gagnant par une nette marge : 42 pour cent contre 31 à l’ancien « speaker » de la Chambre des représentants, et même un score de 42-27 à en croire une étude de NBC/Marist.
Le « Sunshine State » est connu pour abriter la palette d’électeurs la plus variée du sud-est du pays. C’est là que John McCain fut intronisé lors des primaires de 2008, ce qui ne lui évita pas d’être battu par Barack Obama. Et l’on n’est pas près d’oublier l’homérique décompte de l’an 2000, dont les résultats officiels – favorables à George W. Bush, grâce au coup de pouce de son frère Jeb, alors gouverneur de l’État – ne furent proclamés que le 12 novembre 2001. Ces temps-ci, le même Jeb observe un silence prudent, évitant d’apporter son soutien au favori, comme le prévoient les usages en vigueur au sein du Grand Old Party. Il reconnaît se méfier des prises de position du candidat sur l’immigration, un sujet délicat dans une région qui compte un pourcentage élevé d’Hispaniques, lui dont l’épouse mexicaine est née Columba Garnica Gallo. Et le fait que son père (mais pas son frère), l’ancien président George Herbert Walker Bush, ait endossé la candidature de Romney n’y changera pas grand-chose.
Face au Mormon bon teint qui a une triple réponse – oui, non, peut-être – à tout, enfin presque tout, l’homme haut en couleur qu’est Newton Leroy Gingrich ne paraît plus faire le poids, comme aux premiers temps de la campagne. Sur cet ancien professeur d’histoire, la plupart des avis se rejoignent. Un homme agressif, arrogant, qui divise son parti, estime une électrice. Une autre : « À ce stade de la compétition, je ne le vois pas battre Romney. » D’ailleurs, je ne le crois pas capable de venir à bout d’Obama, le 6 novembre prochain. « Il n’empêche, les chaînes de télévision croulent sous une avalanche de spots publicitaires d’une extraordinaire virulence. Les programmes situés à mille lieues de la politique, Wheel of Fortune, Jeopardy », sont mis à contribution, à coups de millions de dollars, et même le Weather Channel ou bien une chaîne consacrée à la gastronomie. Au fait, que vient faire la météo dans cette guerre sans merci ? Nos stratèges, vous répond-on, ont constaté que 36 pour cent des républicains ont suivi ses bulletins à un moment ou à un autre, la semaine dernière. On reste pantois devant une telle mobilisation d’énergie et de science politique pour un résultat hautement douteux. Mais bah ! Il faut bien que l’argent circule. À propos, savez-vous que la devise de la Floride est « In God we trust » ?
Devant la débauche de candidats, la presse s’en donne à cœur joie. « A Newt for all seasons », titre un éditorialiste de Time, tandis que le même hebdomadaire lance une interrogation : « Que le véritable candidat républicain veuille bien se faire connaître. » Car telle est l’incroyable gageure en cette année électorale qui a vu le président sortant faire figure de looser avant de se ressaisir et de reprendre la tête du peloton. La course à la Maison-Blanche, pourrait-on dire, a pratiquement cessé en raison d’un trop grand nombre de coureurs. Et aussi à cause de ces mêmes arguments qui ne portent plus, répétés à l’envi par l’un et l’autre des deux principaux adversaires. Un homme au service de Freddie Mac, l’institution derrière l’effondrement du marché immobilier, pour Romney. Un politicien au service de Wall Street, de Goldman Sachs plus précisément, responsable du krach sans précédent dont l’Amérique ne s’est pas encore remise, pour Gingrich.
Après le retrait de Michele Bachman, Sarah Palin a pris la relève pour brandir haut la bannière des tea-partiers. La petite phrase de la semaine prononcée par l’ancienne gouverneure de l’Alaska : « Rien que pour embêter un libéral, l’actuel locataire de la Maison-Blanche, votez pour Newt. » Sarah Palin dites-vous ? Vous savez celle qui, en 2010, s’engageait à rester aux côtés de « nos alliés nord-coréens » et qui, sans se laisser démonter après avoir parlé de « refudiate » – contraction, d’ailleurs improprement utilisée, des verbes « repudiate » et « refute » –, affirmait avec un superbe aplomb : « Après tout, Shakespeare aussi inventait de nouveaux mots. » Sacrés républicains !
De l’avis des vieux briscards, c’est la course à l’investiture la plus débridée, la plus ouverte aussi. Que l’on en juge : Rick Santorum vainqueur le 3 janvier dans l’Iowa, Mitt Romney premier dans le New Hampshire le mardi suivant, la Caroline du Sud dans l’escarcelle de Newt Gingrich le 21 du même mois. À qui la Floride, aujourd’hui ? Le plus probable est qu’elle sera le...
commentaires (1)

J'adore lire Merville, il a un style détaché de l'événement, tout en étant dans l'action, mais cette fois ci, c'est pas de sa faute, le sujet est sans importance et n'accroche plus les coeurs et les esprits, c'est comme aller au cirque, son et lumières , animaux décorés, artistes qui se surpassent, mais on a envi que ça finisse, pour rentrer à la maison en ayant eu bonne conscience d'avoir accompagné les petits, pour le plaisir de les voir heureux.

Jaber Kamel

04 h 05, le 31 janvier 2012

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Commentaires (1)

  • J'adore lire Merville, il a un style détaché de l'événement, tout en étant dans l'action, mais cette fois ci, c'est pas de sa faute, le sujet est sans importance et n'accroche plus les coeurs et les esprits, c'est comme aller au cirque, son et lumières , animaux décorés, artistes qui se surpassent, mais on a envi que ça finisse, pour rentrer à la maison en ayant eu bonne conscience d'avoir accompagné les petits, pour le plaisir de les voir heureux.

    Jaber Kamel

    04 h 05, le 31 janvier 2012

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