À l’issue de la réunion hebdomadaire du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun s’est adressé à la presse. Après avoir affirmé qu’« il n’y aura pas d’élections sur la base de la loi de 1960, que tout le monde l’entende », Aoun a critiqué les affirmations selon lesquelles le projet dit orthodoxe serait contraire à l’entente et à l’esprit du pacte national. En réponse à une question, il a aussi laissé entendre, sur un ton mystérieux, qu’il pourrait y avoir un autre scénario que la prorogation, si les élections n’ont pas lieu à la date prévue.
Le général Michel Aoun a entamé ses propos en évoquant la déclaration de l’ambassadrice des États-Unis qui réclamait la tenue des élections à la date prévue. Aoun a ainsi affirmé qu’il est lui aussi avec cette affirmation et qu’il n’attend pas Mrs Connelly pour le lui dire, ajoutant qu’il n’est pas non plus en conflit avec elle. Il a aussi précisé que ce qui manque encore pour la tenue des élections, c’est l’adoption d’une nouvelle loi. Il a ainsi rappelé que le projet orthodoxe a été adopté en commissions et il ne lui reste plus qu’à être voté par l’Assemblée plénière. Tout en affirmant qu’il ne craint pas la loi de 1960, il a lancé : « Il n’y aura pas d’élections sur la base de cette loi. Que tout le monde l’entende bien. » Il s’est ensuite demandé comment on pouvait qualifier au préalable une séance parlementaire de contraire à l’esprit du pacte et à l’entente, en faisant allusion aux critiques lancées contre une éventuelle convocation par Berry d’une séance plénière pour voter ou non le projet dit orthodoxe. Selon lui, toute loi qui respecte la Constitution est conforme à l’esprit du pacte. Or la Constitution prévoit une parité véritable. Le projet orthodoxe respecte donc l’esprit du pacte, alors que ce sont les pratiques du camp adverse qui ne le font pas.
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Aoun a cité, à cet égard, le refus de l’ancien chef de gouvernement Fouad Siniora, à l’époque où il était encore Premier ministre, de désigner des ministres chiites en remplacement de ceux qui avaient démissionné, laissant son gouvernement amputé des représentants d’une grande communauté. Il s’est aussi demandé si le fait de diviser le Mont-Liban en deux circonscriptions pour faire plaisir à Walid Joumblatt alors que les mohafazats étaient adoptés comme circonscriptions électorales respectait l’esprit du pacte. De même, la dissolution du Conseil constitutionnel en 2005 était-elle dans l’esprit du pacte, a encore demandé le général Aoun. Il a aussi évoqué les agressions répétées contre l’armée, la fermeture des routes, les négociations avec les des repris de justice, l’exportation d’armes vers la Syrie, le transport de personnes recherchées par la justice dans les voitures des responsables, la politique de distanciation à l’égard de régions libanaises et, enfin, le discours takfiriste incitant à la discorde confessionnelle, se demandant s’ils sont aussi dans l’esprit du pacte et s’ils favorisent l’entente et la coexistence ?
Aoun a ensuite répondu à quelques questions, précisant qu’en cas d’absence de législatives, il est contre la prorogation des mandats aussi bien des personnes que des institutions, ajoutant une phrase sibylline : Il pourrait y avoir un autre scénario que la prorogation et la tenue des élections...
Au sujet de la déclaration du Premier ministre sur son refus de présider un gouvernement chargé des élections puisqu’il allait se porter candidat, Aoun a répondu ironiquement qu’il fallait demander l’avis de la voyante Leïla Abdellatif. Il a encore estimé que le président de la République et le Premier ministre n’auraient pas dû signer le décret de convocation du corps électoral car ils ont favorisé et participé aux campagnes contre le projet orthodoxe.
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commentaires (10)
La Polichinnerie dans toute son opulence !
SAKR LEBNAN
19 h 36, le 06 mars 2013