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Liban

Loi électorale : Relance des tractations fébriles, malgré le vote de mardi, en vue d’une formule de scrutin mixte

Le député Michel Aoun s’entretenant hier à Aïn el-Tiné avec le président de la Chambre. Photo tirée du site tayyar.org

Le projet de loi électorale dit du Rassemblement orthodoxe, avalisé mardi par les pôles du 8 Mars, les Kataëb et les Forces libanaises (FL), lors de la réunion des commissions parlementaires conjointes, demeure toujours au centre de tractations intensives entre les différentes factions locales.


Ce dossier a été au centre d’un entretien que le chef du législatif, Nabih Berry, a eu hier avec le chef du CPL, Michel Aoun. De son côté, le leader du courant du Futur, Saad Hariri, a eu hier deux entretiens téléphoniques avec le leader des Kataëb, le président Amine Gemayel, et le chef du Parti socialiste progressite, Walid Joumblatt. Ces deux appels téléphoniques font suite au long entretien par téléphone que M. Hariri a eu mardi soir avec le chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea. Les trois entretiens ont été axés sur les moyens à mettre en œuvre afin d’aboutir à une formule de loi électorale qui assurerait une représentation juste et équitable, tout en préservant l’esprit de coexistence.
Il se confirme dans ce cadre de diverses sources que les FL et les Kataëb laissent la porte grande ouverte à une entente avec le Futur et le PSP. C’est dans ce sens que le député Kataëb, Élie Marouni, a affirmé que « la nouvelle loi électorale ne mettrait pas en cause l’alliance du 14 Mars à laquelle notre parti est attaché ». « La balle est actuellement dans le camp du député Walid Joumblatt qui devrait accepter le projet des petites circonscriptions avec quelques modifications », a-t-il ajouté. M. Marouni a estimé qu’« un éventuel consensus était toujours probable et qu’il existait d’autres alternatives qui pourraient être soulevées, notamment le découpage en petites circonscriptions et le mode de scrutin mixte ».

 

(Interview Amine Gemayel à « L'OLJ »: Le débat reste ouvert)


Notons dans ce cadre que le député Walid Joumblatt a fermement dénoncé hier le projet de loi orthodoxe (ou projet Ferzli), soulignant qu’« il émiette la société libanaise et isole chaque communauté ». Il a salué à ce propos les positions du député Boutros Harb et du président Michel Sleiman. Le député Harb a en effet indiqué à cet égard que « le projet du Rassemblement orthodoxe est anticonstitutionne et constitue un visa de départ pour les chrétiens du Liban ».
Quant au président Michel Sleiman, il a depuis longtemps menacé de présenter un recours en invalidation devant le Conseil constitutionnel, si le projet Ferzli était approuvé par l’Assemblée.

Les réactions sunnites
Parallèlement aux chrétiens indépendants du 14 Mars, la communauté sunnite s’est fermement positionnée contre le projet, au sein du courant du Futur, mais aussi au niveau des sunnites modérés centristes ou pro-8 Mars, qui semblent craindre que ce projet Ferzli n’ouvre la voie du Parlement aux intégristes sunnites. Le ministre des Finances, Mohammad Safadi, a ainsi affirmé que « l’unité des Libanais souffre considérablement de ce projet ». « Ni les chrétiens ni les chiites ne sont sortis vainqueurs mardi, mais c’est leur peur qui a triomphé, au point de se dissocier de leurs partenaires sunnites », a-t-il affirmé, appelant au dialogue et se disant surpris d’une telle réaction de la part des chrétiens, « pionniers du modernisme et de la coexistence ».


De son côté, l’ancien Premier ministre Omar Karamé a estimé que « les députés nous ont ramenés mardi à l’âge de pierre », tandis que le ministre Ahmad Karamé a mis en garde contre les risques du projet Ferzli.
Même son de cloche du côté du courant du Futur, bien évidemment. Le député Ahmad Fatfat a précisé que « la confiance que nous avions en Nabih Berry a été secouée ». « Ce projet nuit aux bases de la coexistence mais n’a pas fragilisé l’unité du 14 Mars, a déclaré M. Fatfat. Celle-ci sera en danger si le projet est adopté. » Le conseiller de Saad Hariri, l’ancien ministre Mohammad Chatah, a pour sa part estimé que « le projet Ferzli aboutira à une annulation des élections ». Une affirmation reprise par le député Ammar Houry.


Le député Tammam Salam a qualifié quant à lui l’étape actuelle de « triste et douloureuse », soulignant que les Libanais se dirigent vers un confessionnalisme absolu, et ce par une loi électorale qui mène à la division. « La situation régionale qui menace le Liban de plusieurs dangers ne permet pas de négliger ou d’éloigner l’une des composantes principales du pays, en adoptant une loi électorale non consensuelle et anticonstitutionnelle », a-t-il affirmé.


Le projet Ferzli a été également stigmatisé par le chef du PNSS, Assaad Hardane, et par le député Atef Majdalani, lequel a précisé que « la communauté orthodoxe se demarque de cette loi ». Le mufti jaafari, Ahmad Kabalan, a indiqué de son côté que « le projet pourrait entraîner le pays vers de grandes crises ». Quant au ministre des Déplacés, Alaeddine Terro, il a vu dans la proposition Ferzli « la consécration des surenchères entre les FL et le Courant patriotique libre pour s’approprier le soutien de la rue chrétienne ». Il a appelé dans ce cadre à l’adoption d’une loi mixte.


Enfin, le Premier ministre Nagib Mikati a affirmé hier, via son compte twitter, qu’« il reste attaché au projet de loi proposé par le cabinet (13 circonscriptions) », et qu’« il avait émis des réserves dès le premier instant sur le projet du Rassemblement orthodoxe ».

Une possibilité de report
Force est de noter qu’un projet de loi mixte élaboré par le président de la Chambre, Nabih Berry, reste une éventualité sur laquelle compte plus d’une composante hostile au projet Ferzli. Si au terme de sa rencontre avec Nabih Berry, à Aïn el-Tiné, le député Michel Aoun a assuré que son camp « a recouvré ses droits sans toucher à ceux d’autrui », il a néanmoins indiqué qu’il restait ouvert « à une autre loi qui réaliserait la justice et la parité pour toutes les communautés ». Pourtant, les députés aounistes Simon Abiramia et Hikmat Dib ont donné hier un autre son de cloche.

 

M. Dib a ainsi affirmé que « nous avançons à pas sûrs vers l’approbation du projet de loi de la Rencontre orthodoxe au Parlement ». Quant à M. Abiramia, il a commenté les déclarations du président Saad Hariri concernant l’approbation du projet Ferzli, affirmant que « le 19 février 2013 est sûrement un jour noir pour le courant du Futur, lequel a commencé depuis les années 90 à confisquer les droits des chrétiens ». « Le courant du Futur doit revoir ses positions après avoir embarrassé ses alliés, a déclaré M. Abiramia. Nabih Berry a convoqué les commissions parlementaires conjointes pour soumettre la proposition au vote. Le Futur doit prendre pour modèle la position du Hezbollah et du mouvement Amal, lesquels ont dépassé les intérêts personnels pour assurer l’intérêt de la partie marginalisée au Liban », a-t-il affirmé.
À l’ombre de ces prises de position contradictoires, un report des élections reste une éventualité. De Bickfaya, le coordonnateur des Nations unies, Dereck Plumbly, a affirmé, après avoir rencontré le président Amine Gemayel, qu’« il est nécessaire de tenir les législatives à la date prévue, pour préserver la stabilité ».


En tout état de cause, la semaine prochaine promet d’apporter du nouveau à ce sujet, d’autant que des sources dignes de foi ont révélé hier que le 14 Mars prépare une surprise à son public, qui serait révélée dans quelques jours et qui apporterait la preuve que l’unité du 14 Mars demeure malgré tout solide.

 

 

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