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Liban

Mikati prend Sehnaoui au dépourvu en Conseil des ministres

Le chef de l’État Michel Sleiman présidant le Conseil des ministres à Baabda. À sa droite, le Premier ministre Nagib Mikati, avec lequel il s’est entretenu en aparté avant le début de la réunion. Photo Dalati et Nohra

Le bras de fer entre le Premier ministre Nagib Mikati et le ministre des Télécommunications Nicolas Sehnaoui a été réglé hier en Conseil des ministres, le second acceptant de mettre à exécution la décision de M. Mikati (approuvée il y a presque un mois par le gouvernement) d’accepter la demande écrite que lui avaient adressée les ministres de l’Intérieur et de la Défense, et dont l’objet est l’obtention des échanges téléphoniques effectués du 15 janvier 2013 jusqu’au 31 mai 2013, exigés par les services de sécurité pour mener à bien les enquêtes en cours.


Le ministre Sehnaoui qualifiait jusque-là d« ’inconstitutionnelle » la procédure selon laquelle le président du Conseil imposerait sa décision à un ministre, tandis que M. Mikati, fort du texte de la loi 140, relative à la protection des données téléphoniques, et qui consacre cette procédure, a martelé plus d’une fois que c’est à lui que revient la décision finale.


Ces tensions, qui avaient été mises sous silence lors du précédent Conseil des ministres, se sont exacerbées hier, surtout que l’affaire des données téléphoniques n’était pas prévue à l’ordre du jour et son intégration au cœur de la réunion hier a provoqué la surprise des ministres aounistes. C’est le Premier ministre qui aurait pris l’initiative de soulever la question sans préavis, dans le prolongement de sa réaction au rapt de l’enfant Mohammad Awada, comme le rapporte notre correspondante au palais de Baabda Hoda Chédid. Le Premier ministre aurait ainsi révélé qu’après avoir été sollicité par la famille de la jeune victime, il a contacté les services de sécurité compétents, qui se seraient plaints de la non-obtention du mouvement des télécommunications nécessaire à la poursuite des malfaiteurs.

Le Premier ministre a affirmé ensuite avoir contacté le ministre de l’Intérieur pour vérifier que ces données lui parvenaient depuis le 6 février (date de la décision du Premier ministre, objet de la polémique), ce à quoi ce dernier aurait répondu par la négative. Après cette introduction, Nagib Mikati se serait attaqué au cœur du problème en affirmant : « J’ai des responsabilités à assumer, et cette responsabilité m’impose de remettre les données téléphoniques aux services de sécurité pour enquêter sur ce crime et sur d’autres crimes. C’est pourquoi je demande de lever la séance jusqu’à ce que le ministre des Télécommunications exécute toutes les demandes d’obtention des données. » Le ministre Sehnaoui lui aurait alors assuré avoir signé tous les documents nécessaires, avant de renvoyer la non-exécution de la décision aux sociétés de télécommunications concernées, en demandant d’ouvrir une enquête à ce niveau. C’est lorsqu’il a précisé au Premier ministre avoir accepté d’exécuter sa demande « uniquement parce que cette demande n’inclut pas la teneur des échanges téléphoniques », que Nagib Mikati a haussé le ton, en lui disant sur un ton ferme : « Ce n’est pas ton affaire de sélectionner, ton travail est d’exécuter ce que je te demande et sans recours. »


Le débat s’est alors envenimé, et il a fallu que le président de la République Michel Sleiman, relayé par le ministre de la Réforme administrative Mohammad Fneich, intervienne pour apaiser le débat et aboutir à une forme de consensus relatif à la période temporelle (15-1 au 31-5) des échanges téléphoniques dont le Premier ministre a permis l’obtention du mouvement.
« Qui sème le vent récolte la tempête », aurait déclaré un ministre centriste à l’adresse des ministres aounistes, leur signifiant que le vote, la veille, du projet dit orthodoxe, par les commissions conjointes, perçu comme une victoire aouniste, devait inévitablement se répercuter sur eux.


Au sortir de la réunion, le ministre Sehnaoui a été le premier à s’adresser à la presse, reprenant son argument récurrent dont la teneur est que son refus a porté sur la remise du contenu des échanges téléphoniques. Le ministre Gebran Bassil est allé jusqu’à affirmer que « la décision initiale du Premier ministre a été amendée de manière à empêcher l’écoute des échanges téléphoniques de 4 millions de Libanais ».


Le Premier ministre a assuré encore une fois, en marge de la réunion, que les demandes initiales des ministres de l’Intérieur et de la Défense n’ont jamais porté sur le contenu des échanges téléphoniques. D’ailleurs, la loi 140 interdit, sauf cas exceptionnel, la remise du contenu des appels. Le ministre de l’Information a précisé pour sa part qu’aucune décision nouvelle n’a été prise en ce qui concerne les données téléphoniques.

Sleiman valorise la fraternité avec le Bahreïn
À l’ouverture du Conseil des ministres, le président Sleiman a appelé toutes les parties à maintenir leur engagement en faveur de la Déclaration de Baabda, plus précisément la clause relative à la neutralité du pays. Cet appel fait suite aux répercussions, au niveau diplomatique, des propos tenus par le député Michel Aoun qui a proclamé publiquement son appui à l’opposition bahreïnie, affirmant que « les revendications populaires au Bahreïn doivent être respectées ».

 

(Pour mémoire : Le CCG proteste contre les propos « trompeurs » de Michel Aoun sur Bahreïn)


Le chef de l’État a tenu à préciser dans ce cadre que « la neutralité de notre position concernant les crises dans la région inclut la crise relative au Bahreïn et à son gouvernement, avec lequel nous veillons à maintenir des relations fraternelles et amicales ». Le président Sleiman a néanmoins indiqué à cet égard que « les avis divergents des différentes parties et forces politiques n’engagent pas le gouvernement, et n’affectent pas les constantes consacrées par la Déclaration de Baabda ».

Le président Sleiman a fermement dénoncé « l’atteinte portée au roi Abdallah d’Arabie », avant de charger le ministre de la Justice du suivi de la procédure entamée par le procureur général sur ce plan.


Concernant en outre l’affaire de l’échelle des salaires, le chef de l’État a assuré que le dossier sera soumis au Parlement dans les plus brefs délais.


S’exprimant enfin sur la situation sécuritaire, le président Sleiman a estimé que « les incidents sécuritaires sont surtout liés à l’atmosphère interne tendue ».

 

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Il faut arrêter Sehnaoui pour tentative de masquer des preuves, donc complicité avec les assassins et les auteurs de rapts.

Saleh Issal

12 h 34, le 21 février 2013

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Commentaires (1)

  • Il faut arrêter Sehnaoui pour tentative de masquer des preuves, donc complicité avec les assassins et les auteurs de rapts.

    Saleh Issal

    12 h 34, le 21 février 2013

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