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Liban - En dents de scie

La leçon

Stan Honda/AFP

Quarante-septième semaine de 2012.
C’est tout un peuple qui a été danser et tirer en l’air comme s’il allait mourir de joie. Pour une première (et une dernière ?) fois, jeunes et vieux, musulmans et chrétiens, intellos et populos, pro-Fateh et pro-Hamas, radicaux et modérés, riches et pauvres, aux quatre coins du globe, tous les Palestiniens étaient égaux, immergés volontairement dans une espèce de ferveur collective absolument inédite. Émouvante au possible.
Même pour les Libanais. Des Libanais que le concept de cause palestinienne divise pourtant plus que tout : plus que 14 et 8 Mars, plus que les armes du Hezb ou le Tribunal spécial, plus que FL vs CPL, plus que sunnites contre chiites... Des Libanais bunkerisés, ghettoisés, qui dans leur fusion avec la cause, qui dans leurs surenchères débiles et malades de patriotisme palestinien, qui dans leur obsession raisonnable et infatigable pour le droit au retour, qui dans leur haine absolue pour les années de plomb pendant lesquelles Yasser Arafat et ses hommes n’en finissaient plus de dynamiter le Liban...
Il n’empêche : cette espèce d’empathie spontanée avec les spoliés de l’histoire, les Libanais l’ont fortement ressentie ; ils ont apprécié le symbole, aussi modeste soit-il ; ils ont commencé à espérer pour ce peuple qu’ils adorent et abhorrent également. Et pas que les Libanais... Même Barack Obama ne devait pas être très mécontent de cette leçon assénée à un Benjamin Netanyahu de plus en plus outrancier, de plus en plus criminel, de plus en plus colonisateur. Tous, sauf probablement les Iraniens et... le Hezbollah.
L’indéniable victoire diplomatique de Mahmoud Abbas, aussi modeste, encore une fois, soit-elle, est insupportable pour tous ceux que seul arrange un jihad palestinien tous azimuts contre Israël ; pour tous ceux qui ne peuvent (per)durer sans l’option militaire, sans la guerre ouverte, sans un Hanoi perpétuel. Cette victoire politique du peuple palestinien est un camouflet pour les ayatollahs de Téhéran, pour Hassan Nasrallah et ses hommes et pour les thuriféraires de l’agonisant régime Assad. Rien n’est pire pour ces gens-là que de prendre conscience que l’histoire peut s’écrire, ou se griffonner, autrement que par des Armageddon et des hécatombes ; rien n’est pire que cette preuve, monstrueuse, que personne n’a le monopole de la résistance. Que la résistance peut et doit, lorsque plus rien ne réussit, lorsque les morts sont pratiquement plus nombreux que les vivants, être éminemment politique.
Le oui de 138 pays, donc de l’Assemblée générale de l’ONU; le visage défait, littéralement, de l’ambassadeur israélien Ron Prosor lorsque s’est allumé le tableau d’affichage; l’hystérie de M. Netanyahu, qui s’est précipité pour annoncer la construction de 3 000 logements dans Jérusalem-Est : il est des acquis infiniment plus nobles et plus jouissifs que ces centaines de morts et d’orphelins tombés au pied de ce Pilier de Défense, plus efficaces aussi que centaines de millions de dollars de dégâts, plus retentissants et plus productifs surtout que ces victoires divines autoproclamées d’un Hezbollah-résistance désormais figé et empaillé, qui s’était réellement surpassé jusqu’en l’an 2 000, qu’Israël ait été chassé du Liban ou s’en soit retiré, mais qui n’a su que se transformer en la plus mortifère, la plus cannibale des milices.

P.S. : il est, sans transition, des anniversaires tellement sympathiques, tellement symboliques, qu’ils ne peuvent être occultés, ni ici ni ailleurs : demain dimanche, The Beirut Cellar fêtera ses 35 ans. Né dans/de la grande guerre du Liban, ce restaurant reste l’un des plus touchants exemples de résistance culturelle dans ce pays où ce mot, chaque jour un peu plus galvaudé, un peu plus prostitué que la veille, commence à perdre tout son sens. Joyeux anniversaire.
Quarante-septième semaine de 2012.C’est tout un peuple qui a été danser et tirer en l’air comme s’il allait mourir de joie. Pour une première (et une dernière ?) fois, jeunes et vieux, musulmans et chrétiens, intellos et populos, pro-Fateh et pro-Hamas, radicaux et modérés, riches et pauvres, aux quatre coins du globe, tous les Palestiniens étaient égaux, immergés volontairement...

commentaires (8)

Naïf non un Mahmoud Abbas plus que jamais homme de dialogue optant pour la paix . Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

10 h 07, le 01 décembre 2012

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Naïf non un Mahmoud Abbas plus que jamais homme de dialogue optant pour la paix . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    10 h 07, le 01 décembre 2012

  • De QUI donc les SAINS, Palestiniens et Libanais, seront-ils demain les Véritables Héritiers ? Des Présidents Abbas et Hariri qui avaient dit : "Nous paierons le prix, assumerons le fardeau, affronterons les épreuves, soutiendrons un ami, combattrons un ennemi dans la mesure possible-nécessaire pour assurer la Survie et le Succès de La Liberté ?". Ou de "H 1er et Haniyéh" qui avaient proclamé : "Le temps est passé où Sains Folosstinïyéhs et Cédraies auront la prétention de dicter aux Absolutistes Archi-Rétrogrades comment régler leurs propres affaires et promouvoir "leur liberté" Traficotée ? Ce ne sera donc pas très difficile à deviner ! Jusqu’à maintenant cependant, c’étaient ces deux mêmes, "Hanïyéh et N.1er" qui tenaient le devant de la scène, tout de soutane et de Djellaba vêtus et porteurs de tous les Désespoirs ! Que grâce soit rendue à Mahmoud, Saad et Rafik, d’avoir averti mais malheureusement un peu tard, que leur maintien Arrogant au pouvoir à ces deux-là et leur Entrée en Scène Néfaste, Autoritaire et Brutale, sera Catastrophique et pur Calvaire pour tout Palestinien et Libanais Sain.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    09 h 09, le 01 décembre 2012

  • SUITE : Mais, LE BIG et Fichu Problème, est que leurs Affidés pâmés qui suivront inévitablement, mieux qu' Arrivistes puinés, seront d’une obstination hyper importune et lassante, suggérant certains Parasites insistants dont on ne se défait pas aisément…. genre Grimpionz-ébaubis ! Le fait est, que tout un chacun a connu des Parasites et des Larbins dans son entourage privé ou professionnel : Petits carriéristes super Dérisoires quoique Provocants notoires. Qu’en Sus, il arrive que certains d'entre eux acquièrent tout de même une envergure exceptionnelle, transformant parfois, mais Rarement, en une admiration stupéfaite cet impossible et impitoyable Agacement premier ! A à un point tel, que ces Sbires finissent par épater, sans pour cela d'ailleurs devenir épatants ! Ainsi de ce Triste duo, "Haniyéh- N.1er", qui furète aux quatre coins de ces deux Kottors Jumelés ; c’est un Fait ; Loubnâne wâ Falastîne, comme disent certains "Spécialistes…. Géomèèètres-Expèèèrts ".

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    09 h 05, le 01 décembre 2012

  • Le Hezbollah n'est pas "fige" comme vous le dites M. Makhoul. Il est prudent et s'abstient de commenter sur la situtation actuelle pour des raisons politiques. Ensuite, le Hezbollah est tres content en ce qui concerne la decision de la declaration de la Palestine comme Etat observateur a l'ONU. Je ne comprends pas comment vous avez pu tirer votre conclusion qui suggere le contraire... Sayyed Hassan Nasrallah a toujours ete un grand militant en faveur de la cause palestinienne. Ce que vous dites est illogique...

    Michele Aoun

    08 h 32, le 01 décembre 2012

  • Quand les Victoires peuvent être réelles et emportées par la politique, pourquoi les guerres, les tueries et les catastrophes ? L'exemple Palestinien, d'avant hier, est une Leçon à toutes les têtes chaudes. Le Peuple n'avait jamais dansé après une guerre. Il A DANSÉ pour DEUX NUITS consécutives pour cette VICTOIRE SANS SANG VERSÉ ! EXEMLPLE À SUIVRE !

    SAKR LEBNAN

    03 h 03, le 01 décembre 2012

  • Malgré les paroles de mécontentement du Président Obama et de Madame Clinton, " pour cacher leur secret contentement ", ils sont derrière cette initiative du Président Abbas. Naïf qui croirait le contraire.

    SAKR LEBNAN

    02 h 43, le 01 décembre 2012

  • "Le Hezbollah-résistance aux victoires divines autoprocalmées et qui s'était réellement surpassé jusqu'en l'an 2000", dans la lutte pour la libération du Sud de l'occupation israélienne, "n'a su que se transformer en la plus mortifère, la plus cannibale des milices". Pourquoi ? Il y a une raison d'extrême importance pour cela. Parce que le Hezbollah a un projet spécifique au Liban, "qui commence à être exécuté juste après la libération du Sud et que notre idéologie nous impose, rendant strictement impossible que nous ayons un autre projet. Ce projet est l'Etat islamique et le gouvernement de l'islam, le Liban n'étant point un Etat islamique séparé, mais faisant partie intégrante du grand Etat islamique, gouverné par le maître du temps (al-Mahdi) et son adjoint légitime, al-wali al-faqih, al-Imam al-Khomeiny". Cette définition stricte du projet du Hezbollah et ces paroles sont de la bouche de sayyed Hassan Nasrallah. Ils montrent clairement que le Hezbollah ne peut absolument pas dévier un instant de ce projet et de cet objectif. Voici encore une fois le "link" de la video dans laquelle le secrétaire général du Hezbollah définit et présente ledit projet : www.youtube.com/embed/K7USVPyEaMY

    Halim Abou Chacra

    01 h 27, le 01 décembre 2012

  • "Cette espèce d’empathie spontanée avec les spoliés de l’histoire, TOUS l’ont fortement ressentie. TOUS, sauf les Iraniens et... le Hezbollah." ! Plus Clair que ça tu Meurs, car TOUT est dit par Ziyad Makhoul Ici.....

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    00 h 13, le 01 décembre 2012

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