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Liban - Événement

Le Rath de Genève fasciné par le Liban

Quinze ans après l’exposition « Liban, l’autre rive » qui avait présenté à l’Institut du monde arabe de Paris les trésors des civilisations qui se sont succédé sur ces 10 452 km2 depuis l’âge du bronze jusqu’à celui des émirs, c’est une grande, une magnifique exposition sur le patrimoine culturel libanais qui enflammera le musée Rath de Genève du 29 novembre 2012 au 31 mars 2013 : « Fascination du Liban ».

En bronze recouvert de feuilles d’or, le veau du bronze moyen (Byblos).

Organisée par la direction des Musées d’art et d’histoire de Genève et le ministère libanais de la Culture, l’exposition « Fascination du Liban » déroulera au travers de 277 œuvres archéologiques, puisées dans les réserves de la Direction générale des antiquités et présentées en première mondiale, le récit de soixante siècles d’histoire de religion, d’art et d’archéologie au pays du Cèdre. L’exposition, dont l’unique étape européenne sera Genève, présentera également une sélection d’icônes melkites de la collection de Freddy Abou Adal, des photographies du Tripoli des Mamelouks prises au début du siècle dernier par Max Van Berchem, ainsi qu’un manuscrit liturgique ancien emprunté à la Bibliothèque orientale de l’Université Saint-Joseph et une bible du XVIIIe siècle prêtée par Antoine Maamari.

Fresque
Provenant des diverses fouilles du pays, des poteries, des bijoux, des figurines, des statues, des sarcophages, des autels, des mosaïques, des stèles funéraires, des croix, des encensoirs et des chapiteaux à monogrammes vont dessiner une véritable fresque chronologique des rites, des sacrifices et des cultes pratiqués en terre phénicienne depuis le IVe millénaire avant J.-C. jusqu’à l’époque ottomane.
Outre l’opportunité de véhiculer l’image d’un pays au patrimoine millénaire, l’évènement sera l’occasion d’exhiber un aperçu des résultats des nouvelles fouilles, mais aussi des pièces archéologiques qui dormaient depuis des lustres dans les dépôts et qui sont désormais restaurées, signale Anne-Marie Maïla Afeiche, conservatrice du Musée national de Beyrouth et cocommissaire de l’exposition avec Marielle Martiniani-Reber et Marc André Haldimann.
D’une pierre, deux coups : tous les trésors de cette exposition ont donc fait peau neuve ; les uns sous le scalpel des experts suisses, les autres à Beyrouth dans les laboratoires d’Isabelle Doumit Skaff et de son équipe. Les grandes pièces ont été acheminées vers Anvers puis Genève par la CGM CMA, et les petites ont été transportées par la MEA sous la bonne garde d’Anne-Marie Afeiche. L’ensemble a été emballé par les spécialistes de la compagnie al-Jazairi.

Kaunakes, 3000 avant J.-C.
Pour un plongeon dans le monde des inhumations, des offrandes et des croyances en l’au-delà, des urnes cinéraires de l’âge du fer ; des jarres funéraires de l’époque chalcolithique ; des ex-voto de l’âge du bronze moyen provenant de Byblos ; des amphores peintes (âge du fer) de Tell el-Rachidiyé (Tyr) et une quinzaine d’autels votifs romains, dont un magnifique en calcaire mis au jour à Niha et portant une inscription grecque, seront au cœur de l’exposition. A l’honneur également, des dizaines de statues en marbre dont celle d’Apollon, magnifique, découverte à Beyrouth en 1950. On notera également la présence de deux statues de bébés garçons (trouvées à Sidon) qui servaient d’offrandes votives au dieu d’Echmoun, guérisseur des enfants, et, issue du même temple, la Tête de jeune homme choisie pour illustrer l’affiche de l’exposition, réapparaît au grand jour. Volée avec d’autres pièces en 1981, elle fut identifiée avec huit autres sculptures par l’archéologue suisse Rolf Stucky lors des ventes aux enchères à Zurich et à Berne dans les années 2000. Leur vente fut alors arrêtée et l’Office fédéral suisse de la culture les a restituées au Musée national de Beyrouth.
Le trône d’Astarté (hellénistique) provenant des fouilles de Oum el-Amed près de Nakoura sera mis en valeur, ainsi que le veau en bronze recouvert de feuille d’or de Byblos (bronze moyen).
Le musée Rath propose aussi la statuette en plâtre de l’Orant (un officiant), unique représentation à ce jour d’un homme datant de 3000 avant l’ère chrétienne. Portant la traditionnelle robe mésopotamienne (kaunakes), la tête presque droite dans une attitude de respect, l’homme du troisième millénaire a été exhumé lors des fouilles du British Museum à Saïda.

Dea Gravida
Les visiteurs de l’exposition genevoise admireront en outre un sarcophage anthropoïde sculpté dans du marbre de Paros – d’ailleurs, le Musée national de Beyrouth possède la plus large collection de sarcophages anthropoïdes au monde. Sans oublier deux sarcophages en plomb provenant des fouilles d’Achrafieh et un sarcophage exceptionnel de l’époque romaine, issu des fouilles de Tyr et portant la légende d’Oreste, une des plus répandues dans la littérature grecque. Enfin, trônera, tout autant en marbre et de l’époque romaine, un sarcophage d’enfant (47cm de haut et 83 de long) représentant le chérubin entouré de ses parents et peut-être de son précepteur. Il a été découvert lors des fouilles à Beyrouth. Au menu aussi, la Phénicienne de Sarafand, Dea Gravida, déesse de la fertilité, ainsi qu’une série de figurines en terre cuite de Kharayeb (région de Tyr), remontant à l’époque hellénistique.
L’exposition rassemble de plus une collection de stèles funéraires antiques exhumées à Saïda ou encore ottomanes comme celle en marbre portant le nom de Khairy Enfendi datant de 1246 de l’hégire (ou 1830).

Éros et le nilomètre...
Quant à l’avènement du christianisme, il est illustré par des croix, des lampes, des chapiteaux à monogrammes, d’un ensemble d’encensoirs byzantins en argent gravé de scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament déterré à Mar Chahhine, au Hermel, ainsi que par trois mosaïques byzantines provenant des fouilles de Chehim où une basilique et tout un quartier d’habitation et des pressoirs à huile ont été mis au jour. Sur l’une de ces mosaïques figure une lionne ; sur une autre, deux antilopes y sont représentées de part et d’autre d’un canthare ; et sur la troisième, deux volatiles planent au-dessus d’une amphore. Ces tapis de tessons mesurent chacun deux mètres de long environ sur un mètre soixante dix de large.
Une mosaïque romaine, découverte en 2010 au centre-ville de Beyrouth au sein d’une habitation romaine, fait également partie du lot. Elle représente une scène nilotique d’où se détachent Éros gravant un nilomètre et un personnage mythologique entouré d’animaux aquatiques (crocodile, poissons, canards, etc) chevauchant un hippopotame.

Bijoux et vêtements
Chemin faisant, le visiteur pourra admirer la maquette en pierre calcaire du temple de Beit Méry, datant du IIe siècle après J.-C., mais aussi un albarello à décor épigraphique sous glaçure alcaline (XIVe siècle, Beyrouth) ; des monnaies, des bas-reliefs et des poteries mamelouks ; des vases en verre d’époque romaine ; de la céramique et des bijoux dont un collier composé de 54 pendeloques suspendues à des perles en or, trouvé sur le site Dakermann à Saïda.
L’exposition met aussi en vedette le Murex, ainsi que deux robes d’enfant, une robe d’adulte aux manches et aux plastrons brodés, et une étole, le tout découvert en 1991 au nord du Liban, dans la grotte de Aassi el-Hadath, par les spéléologues du Gersl (Groupe d’études et de recherches souterraines au Liban). Pour un petit rappel des faits, l’exploration de la grotte, située à 1300 mètres d’altitude, avait permis d’exhumer huit corps momifiés, dont les vêtements sont demeurés en bon état. D’après le matériel archéologique découvert (céramiques, monnaies, manuscrits arabes et syriaques datant du XIIIe siècle...) et les écrits historiques musulmans et chrétiens, principalement la chronique d’Ibn Abed el-Zâhir et les textes du patriarche Doueihi, les femmes et les enfants y auraient été ensevelis en 1283, lors d’une attaque de l’armée du sultan mamelouk Baybars. Grâce à un processus de momification naturelle dû à la sécheresse de la grotte, les vêtements ont été conservés tout au long des siècles et ils sont aujourd’hui le plus beau témoin de l’art vestimentaire féminin du Liban médiéval.

Quatre documentaires
Voilà en bref quelques-unes des œuvres archéologiques qui seront données à voir au musée Rath de Genève – une visite qui sera ponctuée par les photographies de Manoug Alemian qui a fixé pour l’éternité les sites historiques et les paysages caractéristiques du Liban. Quatre films documentaires seront projetés en boucle : ils montrent les fouilles archéologiques de Sidon menées par Claude Doumit Serhal et le British Museum ; la découverte des momies dans la vallée de Qadischa et la restauration en cours des fresques de Behdaidat (région de Jbeil), ainsi que le film en 3D réalisé par l’équipe de Barcelone à Tyr qui présente le cimetière phénicien de la ville et les fresques de la tombe de Tyr, exposée au Musée national.

Que des vestiges informes...
À la collection archéologique s’ajoutent deux autres ensembles : les icônes melkites de Freddy Abou Adal et les photographies de Max Van Berchem, « savant fondateur de l’épigraphie arabe en tant que discipline », qui, vers la fin du XIXe - début du XXe, avait saisi dans son objectif Tripoli et son patrimoine mamelouk. Dans un texte prémonitoire daté de 1892, Van Berchem signalait que les monuments musulmans et « leurs ruines encore magnifiques ne seront bientôt plus que des vestiges informes d’un glorieux et artistique passé. Leurs inscriptions historiques disparaissent, il faut immédiatement relever tous les textes gravés sur les mosquées, les tombeaux, les caravansérails, les madrassas, les châteaux forts ou les ponts, photographier les monuments et explorer toutes les régions musulmanes (...) »

« Il nous manque encore pas mal d’argent... »
Signalons enfin qu’à travers des articles de fond ou de notices développés, plus d’une trentaine d’archéologues et d’historiens apportent leur contribution au catalogue qui sera édité à l’occasion de cette exposition qui bénéficie du généreux soutien de l’association Fascination du Liban et de ses mécènes, de la Fondation Max Van Berchem, de MKS (Switzerland) SA, de Crédit Agricole Private Banking, de Jabre Capital Partners SA, du magasin Lyzamir et de Middle East Airlines-Air Liban.


Lancée dès 2007 à l’initiative du ministre Tarek Mitri et de Patrice Mugny, à l’époque responsable de la culture à Genève, qui avaient désigné Malek Michel el-Khoury, résident entre Genève et Beyrouth, coordinateur entre les deux parties, le projet a été avalisé et adopté avec enthousiasme par les directeurs des musées et les ministres de la Culture genevois et libanais. «Toutes les procédures se sont enclenchées à l’époque, mais le processus d’exécution n’a commencé en fait que sous le ministre Gaby Layoun, Samy Kanaan (responsable de la culture à Genève) et Jean-Yves Marin, directeur du musée Rath», indique Malek el-Khoury, ajoutant que «ce projet mixte libano-suisse impose au Liban une partie de l’organisation et une participation financière qui est de 550000 francs suisses, alors que la somme engagée par Genève est de loin supérieure». Aussi, pour assurer la promotion de l’exposition, solliciter le secteur privé et récolter les fonds nécessaires, les Libanais de Genève se sont mobilisés et ont créé l’association Fascination du Liban, qui a à sa tête deux coprésidents : Malek el-Khoury et Cathia Damien, et regroupe Zahi Haddad, Carole Abi Saab, Alain Bitar et Dalia Mitri Davidshofer. À l’appel lancé par l’association, « un grand nombre de Suisses et de Libanais se sont solidarisés pour verser de petites sommes, mais il nous manque encore pas mal d’argent pour assurer la cotisation du pays du Cèdre à la monumentale exposition », résume M. Khoury avec un sourire plutôt optimiste.
L’espoir fait vivre : il serait atrocement malheureux que les derniers à être fascinés par le Liban, sa culture et son rayonnement soient... les Libanais.

Organisée par la direction des Musées d’art et d’histoire de Genève et le ministère libanais de la Culture, l’exposition « Fascination du Liban » déroulera au travers de 277 œuvres archéologiques, puisées dans les réserves de la Direction générale des antiquités et présentées en première mondiale, le récit de soixante siècles d’histoire de religion, d’art et...

commentaires (1)

salut malek je suis tres contente et aussi fiere du travail que tu fais pour faire aboutir cette tres importante exposition.... la voie que tu as choisie est certainement la meilleure possible elle rejoint d'une certaine facon notre choix : .on peut exister , differement et plus durablement que par la triste politique de tous les politiciens du monde .l'archeologie , l'art, l'ecriture, le cinema,et tout ce qui touche de pres et de loin a tous ces domaines de l'esprit ,sont resolument,ce que nous pouvons faire, de plus durable, notre modeste contribution, rejoint en silence le flot de ceuc qui nous ont precede. l'exposition que tu organises, en est la preuve je t'embrasse et t'aime encore plus qu'avant. huguette

huguette Caland

13 h 53, le 02 novembre 2012

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Commentaires (1)

  • salut malek je suis tres contente et aussi fiere du travail que tu fais pour faire aboutir cette tres importante exposition.... la voie que tu as choisie est certainement la meilleure possible elle rejoint d'une certaine facon notre choix : .on peut exister , differement et plus durablement que par la triste politique de tous les politiciens du monde .l'archeologie , l'art, l'ecriture, le cinema,et tout ce qui touche de pres et de loin a tous ces domaines de l'esprit ,sont resolument,ce que nous pouvons faire, de plus durable, notre modeste contribution, rejoint en silence le flot de ceuc qui nous ont precede. l'exposition que tu organises, en est la preuve je t'embrasse et t'aime encore plus qu'avant. huguette

    huguette Caland

    13 h 53, le 02 novembre 2012

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