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Liban - Interview

Geagea à « L’OLJ » : Le comportement du gouvernement au sujet des attentats politiques est « un immense scandale »

Dénonçant l’attitude du gouvernement dans l’affaire de la tentative d’assassinat de Boutros Harb, le leader des Forces libanaises Samir Geagea presse l’opinion publique à réfléchir sur les raisons pour lesquelles seuls les pôles du 14 Mars sont la cible d’attentats politiques.
Propos recueillis par Michel TOUMA

Le gouvernement Mikati paraît de plus en plus semblable à un navire qui va à la dérive, qui est délaissé par son capitaine, qui est envahi de toute part par les flots, chaque brèche béante colmatée à la hâte étant aussitôt substituée par une autre ouverture tout aussi déstabilisatrice...
Il s’agit là d’une perception schématique que le citoyen lambda pourrait avoir de la situation du cabinet, mais dans les cercles politiques, voire diplomatiques, le diagnostic n’est pas moins sévère. Pour le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, le gouvernement en place a définitivement perdu la confiance de larges pans de la population, de nombreux responsables syndicaux et d’organismes économiques, et même de plusieurs pays arabes, comme l’illustre, relève le chef du parti des FL, la récente déclaration de l’ambassadeur saoudien qui a dénoncé sans détour la passivité des responsables face à la mésaventure subie par certains ressortissants saoudiens qui ont été enlevés et rançonnés au Liban sans que les services concernés n’inquiètent outre mesure les malfaiteurs qui étaient pourtant connus, selon les propos du diplomate.
Cette situation de déliquescence gouvernementale a été fermement stigmatisée par le leader des FL dans une interview accordée hier soir à L’Orient-Le Jour. M. Geagea résume le contexte présent en quelques mots simples : le gouvernement doit partir afin de rétablir quelque peu un climat de confiance dans le pays. Autrement, point de déblocage...
D’une manière plus spécifique, M. Geagea évoque la dernière tentative d’assassinat du député Boutros Harb pour qualifier « d’énorme scandale » le comportement du gouvernement sur ce plan. Le leader des FL rappelle une fois plus à ce propos que jusqu’au début de l’année en cours, les données sur la circulation des appels téléphoniques étaient fournies normalement aux services de sécurité lorsque cela s’avérait nécessaire. « Subitement, le 15 janvier 2012, l’actuel ministre des Télécommunications a pris la décision de ne plus fournir ces données téléphoniques aux services de sécurité, et cette décision a été avalisée par le Conseil des ministres au début du mois de février. Peu de temps après, les attentats politiques ont repris, à commencer par celui qui m’a visé à Meerab, jusqu’à celui qui a été déjoué contre le député Boutros Harb, sans compter les autres projets d’attentats dont certains services ont eu vent. Sans vouloir lancer des accusations, on ne peut que relever, de manière empirique, la concomitance de la décision prise par le ministre des Télécoms et la reprise des attentats politiques ». Car pour M. Geagea, « le pays a bel et bien été entraîné dans un nouveau cycle d’attentats politiques ». Et le leader des FL de s’élever contre « le grand scandale que constitue la nonchalance du gouvernement face à ces attentats ». M. Geagea relève à cet égard que le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a certes assumé ses responsabilités dans l’affaire Harb en demandant au ministère des Télécoms de fournir les données sur la circulation des appels téléphoniques, « mais seulement une partie des données a été fournie et, de surcroît, d’une manière tronquée puisque certains paramètres techniques ont été omis, de sorte que les données fournies ne sont pas utilisables par les services de sécurité ».
« Tous ces faits (depuis la décision du ministre des Télécoms jusqu’à la fourniture de données téléphoniques tronquées et partielles) indiquent clairement que certaines composantes au sein du gouvernement ne veulent pas que les services de sécurité puissent enquêter sur les attentats, déclare M. Geagea. Le président de la République et le Premier ministre ont à plusieurs reprises souligné que les données téléphoniques ne devaient pas être occultées, mais en vain. Je les exhorte, donc, à adopter une attitude ferme et tranchée sur ce plan. »
Le leader des FL souligne dans ce cadre que les indices palpables, notamment au plan de la logistique, indiquent qu’aussi bien l’attentat manqué de Meerab que la tentative d’assassinat de M. Harb sont « l’œuvre d’organisations de grande envergure qui font preuve de professionnalisme et qui ont d’importants moyens sur le double plan de la logistique et des renseignements, sans compter qu’elles semblent bénéficier d’une certaine couverture légale ». Et M. Geagea d’inviter à cet égard l’opinion publique à réfléchir sur « les raisons pour lesquelles seuls les leaders du 14 Mars sont la cible d’attentats ». « S’ils sont systématiquement la cible de ces attentats, c’est que des factions puissantes sont gênées par le projet politique du 14 Mars, axé sur l’édification d’un État rassembleur, sur la construction d’un avenir de paix, loin de la politique des axes, sur la sauvegarde de la souveraineté et de l’indépendance. Face à cette situation, il est grand temps que les Libanais proclament haut et fort qu’il n’est plus concevable de faire preuve de laxisme au sujet des attentats politiques. »
M. Geagea étend son cri de révolte à cet égard aux agressions dont sont la cible les habitants du Akkar dans les régions proches de la frontière syrienne. « Quel que soit le prétexte, la passivité du gouvernement sur ce plan est inacceptable », souligne le leader des FL qui déplore en outre, toujours dans le chapitre du Akkar, le comportement des autorités concernées dans l’affaire des deux dignitaires sunnites tués il y a quelques semaines à un barrage de l’armée. » « Nul n’ignore les liens des habitants du Akkar avec l’armée, souligne M. Geagea, mais certains comportements ont été très peu sages. Comment ne pas relever ainsi la différence de comportement lorsque nous voyons des militaires tirer à bout portant sur un dignitaire religieux alors qu’il y a quelques jours, des miliciens ont fermé des routes dans certains quartiers de Beyrouth durant toute une nuit et ont lancé des bombes incendiaires contre l’armée sans qu’il n’y ait aucune réaction de la part des militaires », relève M. Geagea.
Et le leader des FL de conclure, pour résumer la situation, que « la solution à la fronde des habitants du Akkar, de Beyrouth ou de Saïda, à la grogne de certains responsables d’organismes économiques (qu’il a reçus il y a quelques jours), et aux reproches de divers pays arabes réside dans le départ du gouvernement. Car c’est avec une nouvelle équipe ministérielle que l’on aura peut-être une chance de rétablir un brin de confiance dans le pays... »
Propos recueillis par Michel TOUMALe gouvernement Mikati paraît de plus en plus semblable à un navire qui va à la dérive, qui est délaissé par son capitaine, qui est envahi de toute part par les flots, chaque brèche béante colmatée à la hâte étant aussitôt substituée par une autre ouverture tout aussi déstabilisatrice...Il s’agit là d’une perception schématique que le citoyen...

commentaires (4)

Comment le gouvernement peut il resoudre les tentatives d'assassinats qui se repetent puisque ceux qui se cachent derriere ne sont autres que certains partis au pouvoir justement!

Pierre Hadjigeorgiou

05 h 27, le 09 juillet 2012

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Commentaires (4)

  • Comment le gouvernement peut il resoudre les tentatives d'assassinats qui se repetent puisque ceux qui se cachent derriere ne sont autres que certains partis au pouvoir justement!

    Pierre Hadjigeorgiou

    05 h 27, le 09 juillet 2012

  • Le gouvernement protège les armes qui le menacent.

    Robert Malek

    04 h 49, le 09 juillet 2012

  • Cher Monsieur Touma, le navire qui vogue avec plusieurs CAPITAINES à bord, pareil AU NAVIRE IVRE de Rimbaud, est voué avant tout à perdre sa route, à souffrir tous les maux de l'océan agité, et puis, le naufrage ! Comment LE sauver ? Changez les Incapables Capitaines en UN vrai Capitaine, de bord opposé, avant la catastrophe...

    SAKR LEBNAN

    02 h 44, le 09 juillet 2012

  • Le comportement de quoi? du gouvernerererement....quésaco?

    GEDEON Christian

    19 h 56, le 08 juillet 2012

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