La séance plénière s’est donc ouverte à 10h45 par une minute de silence à la mémoire du député Farid Habib et de l’ancien député, diplomate et ministre Ghassan Tuéni. Antoine Zahra a pris la parole en premier pour reprendre une chanson de Feyrouz dans laquelle elle dit : « À quoi ça sert de parler ? » Berry a aussitôt répliqué : « J’espère que vos collègues suivront votre exemple », avant de donner la parole à Samy Gemayel qui a ouvert le dossier du déploiement de l’armée à la frontière nord et qui a soulevé la question de l’incident au poste-frontière de la Sûreté générale au Nord.
Fatfat, Moussawi, Zeayter et Ammar
Ali Fayad a ensuite estimé que le problème au Liban, c’est que chacun agit selon son propre point de vue, ajoutant que la fermeture des routes et les atteintes aux biens publics poussent vers l’effondrement de l’État. Selon lui, l’équation « l’État ou la résistance » s’inscrit dans le cadre d’un projet politique. Il a donc proposé de dissocier entre les clivages politiques et la sécurité pour aboutir à des accords partiels qui font l’intérêt de tous les Libanais et placent tout le monde sous le plafond de la loi. « Nous devons retracer les frontières de nos divisions », a affirmé Fayad.
Émile Rahmé s’est de son côté lancé dans un hommage à l’armée qui a prouvé, a-t-il dit, qu’elle n’est pas confessionnelle et ne favorise pas un camp contre l’autre. Il a aussi réclamé un « pacte d’honneur » pour la classe politique pour déjouer les complots ourdis contre le Liban. Assem Araji a évoqué des questions de développement portant sur sa circonscription, Zahlé, et Mouïn Meraabi a été dans le sens des propos de Samy Gemayel, notamment au sujet des agressions syriennes à la frontière nord du pays. Tout en critiquant l’inaction du gouvernement, il a pressé celui-ci d’agir « avant que les habitants du Nord ne soient contraints à se réfugier dans les hôtels de Beyrouth ». Il a aussi demandé que le dossier de la mort des deux cheikhs du Akkar à un barrage de l’armée soit déféré devant la Cour de justice, « sinon, a-t-il ajouté, nul ne pourra prévoir ce qui se passera »...
Nawaf Moussawi a appuyé les propos de son collègue Fayad rejetant toute incitation à la discorde confessionnelle. Moussawi a rappelé que l’incitation à la discorde est punie par la loi et il s’est demandé pourquoi le gouvernement ne réagit pas. Kassem Hachem a, pour sa part, critiqué la sécurité par la négociation, qui pousse les citoyens à l’inquiétude sur leur sort et sur celui de leur patrie. Il a aussi évoqué l’enlèvement par les Israéliens d’un berger sur le territoire libanais. Ahmad Fatfat a constaté que ce gouvernement « se met à l’abri de tout », ajoutant que la situation est devenue intenable. Il a aussi précisé que ce n’est pas l’armée qui ne remplit pas sa mission, mais bien la décision politique qui fait défaut. Il a aussi estimé que c’est l’occupation du centre-ville de Beyrouth (2007) qui a encouragé la politique du blocage des routes et du chaos. Selon lui, le prestige de l’État ne se rétablit qu’en reprenant le contrôle de toutes les armes. Ziad el-Kadri a rappelé que le Parlement avait donné au cours de la séance de politique générale une faible confiance au gouvernement et celui-ci n’a pas su l’utiliser, puisque la rue la lui a retirée. « Nous sommes devant une dernière chance pour regagner la confiance de la population en demandant des comptes au gouvernement. Nous devons sauver le pouvoir de lui-même et sauver l’État de ce gouvernement, en nous unissant au-delà de nos conflits politiques pour retirer notre confiance au gouvernement et amener au pouvoir des hommes d’État capables d’assumer leurs responsabilités », a-t-il lancé. Ghazi Zeayter a précisé que si le prestige de l’État a été bafoué, c’est à cause du comportement de certains avec l’ennemi israélien, alors qu’il a été restauré par la résistance. Il a aussi réclamé une protection de l’armée pour son domicile, affirmant avoir reçu des menaces.
Ali Hassan Khalil lui a alors lancé : « C’est parce que vous appartenez au clan des Zeayter. » La boutade est une allusion directe à la guerre des clans qui se livre dans certains quartiers de la banlieue sud et de la Békaa... Ghazi Zeayter a poursuivi en déclarant : « Si le courant électrique n’est pas assuré à Baalbeck, nous couperons les routes pacifiquement... » Mais Berry a riposté que le terme « couper les routes » sera éliminé du procès-verbal.
Nabil Nicolas a évoqué des questions de développement routier au Metn, notamment le pont de Jal el-Dib, et Michel Moussa a ouvert le dossier des transferts d’états civils vers certains villages à l’est de Saïda, mentionnant des pressions exercées sur des moukhtars dans ce but. Moussa ne l’a pas explicitement déclaré, mais il était aisé de comprendre qu’il faisait allusion à des inscriptions de sunnites dans les villages chrétiens pour des objectifs électoraux.
Tribun hors pair, Ali Ammar a ensuite pris la parole citant des versets du Coran « revisités » pour les besoins de l’actualité. Il a déclaré, entre autres choses, que l’idée de mettre le Liban à l’abri des développements régionaux est une illusion, ajoutant que « la machine de la discorde américano-sioniste a trouvé son chemin au sein de la oumma » et précisant que le Hezbollah reste le principal souci quotidien des Américains et des sionistes... Il a aussi évoqué l’enlèvement des onze pèlerins, se demandant s’il s’agit de la démocratie attendue et annoncée, et réclamant des précisions sur les démarches entreprises par le gouvernement pour obtenir leur libération. Ammar Houri a parlé à son tour, affirmant qu’en écoutant Ali Fayad il s’est demandé si c’était vraiment lui qui parlait ou bien un député du 14 Mars. Il a ensuite critiqué le gouvernement avant de laisser la parole à Georges Adwan, qui, à son tour, a salué le discours pondéré et ouvert du Dr Fayad, qui a, selon lui, reconnu l’existence d’un conflit vertical au Liban, sans porter de jugement de valeur sur les positions des uns et des autres. Il a appuyé la proposition de dissocier les sujets conflictuels des problèmes sociaux, tout en appelant à la formation d’un gouvernement neutre chargé de les traiter. C’est alors que Berry l’a surnommé « Georges Réconciliation », avant de passer à l’examen de l’ordre du jour.
commentaires (2)
Sous l'arbre a palabre, Scarlett nous raconte les nouvelles du "palais", tres enrichissant et cette fois ci on est dans la detente, c'est rarement le cas, mais on aime savoir que quand il y a le feu dans la maison on s'unit contre les "flambeurs" de tout acabit, ceux qui detruisent les mausoles, les sites archeologiques, les eglises et les mosques, certaines, le Liban est debout et fait passer le seau d'eau, on expliquera et on comprendra plus tard qui a mis le feu et qui en avait l'intention. Pour le moment Soniora a besoin d'un coup de main, elle ne doit pas lui etre refusee, bien au contraire.
Jaber Kamel
08 h 40, le 03 juillet 2012