Le cri d’alarme de la LCCPP : nos ports antiques sont en danger

« Les travaux entrepris actuellement dans plusieurs ports du Liban constituent un réel danger pour les vestiges archéologiques », ont déclaré les présidents et membres des municipalités des villes de la LCCPP (Ligue des cités cananéennes, phéniciennes et puniques). Réunis chez Maha el-Khalil al-Chalabi, secrétaire général de l’Association internationale pour la sauvegarde de Tyr (AIST), Nader el-Ghazal et Khaled Tadmouri (Tripoli), Bassam Raed (Baalbeck), Makarem Makari (Enfeh), Ayoub Bark (Byblos), Mohammad el-Baba (Saïda) et Bushra Itani (Beyrouth) ont dénoncé les projets de construction qui pourraient défigurer ou démolir des sites historiques uniques, comme l’installation portuaire antique de Minet el-Hosn à Beyrouth, le port phénicien de Tyr, le vieux port de Byblos et le port de Tripoli.

Un cri d’alarme est lancé, exhortant les Libanais à une prise de conscience pour la sauvegarde des paysages maritimes antiques. Maha Chalabi a mis aussi en exergue « le tracé de l’autoroute du sud qui traverse 26 sites archéologiques et menace la destruction des vestiges de Pale, à Tyr. Ces travaux pourraient aboutir au déclassement de la ville de Tyr de la liste du patrimoine mondial », a-t-elle dit, soulignant à ce sujet « l’indifférence flagrante du département des Antiquités, et de l’opinion publique ployant sous le poids de soucis existentiels et rongée par un défaitisme insensé ».

Le communiqué a mis également l’accent sur « la fièvre immobilière et l’absence de toute planification urbanistique (...) La situation chaotique alarmante a provoqué la disparition progressive des sites archéologiques au profit de l’architecture moderne, dédaignant le concept d’intégration de ces sites aux projets immobiliers qui ajouterait une plus-value à ce dernier, comme c’est le cas dans les villes modernes du monde qui veillent à la préservation de leur patrimoine. Ces dangers effarants sont une preuve évidente de l’impuissance de l’État face à la disparition graduelle des marqueurs historiques du pays ».

À la fin de cette réunion, les membres présents ont fait appel aux autorités libanaises, particulièrement le Premier ministre Nagib Mikati, les ministres de la Culture, du Tourisme et des Travaux publics, ainsi qu’au Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), pour engager les démarches nécessaires afin d’assurer la protection des sites archéologiques. Ils se sont également adressés à chaque citoyen libanais, aux étudiants, aux intellectuels, aux ouvriers, aux fonctionnaires, aux archéologues, aux artistes, aux élus locaux et nationaux, et notamment aux médias, les pressant d’assumer leurs responsabilités et de jouer un rôle-clé pour la préservation de leurs richesses culturelles et historiques.

« Il y va du devoir de chacun d’informer et de sensibiliser la société civile libanaise dans toutes ses composantes, pour la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine. Il est utile de prendre en considération que le fait de défendre farouchement son patrimoine ne diverge absolument pas avec la notion de développement. Le patrimoine est une ressource notable du développement durable sur le plan économique, social et environnemental, et constitue une composante de l’essor humain, permettant d’assurer la croissance économique au Liban », signale encore le communiqué.
La LCCPP, qui vise à mettre en œuvre une stratégie de travail et un plan d’action relatifs aux thématiques de la Ligue (qui regroupe 40 villes méditerranéennes), a réitéré son engagement en vue d’une dynamique favorisant l’essor économique tout en étant respectueuse de l’environnement. Dans cet objectif, la Ligue prévoit de créer le label « Ports verts » et de mener des campagnes d’information et de sensibilisation, notamment auprès des pêcheurs pour l’exploitation durable des ressources marines....