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Liban - Sécurité

Cascade de réactions hostiles aux propos de Ghosn sur el-Qaëda ; contradictions au sein du gouvernement...

Les deux déclarations du ministre de la Défense, Fayez Ghosn, au sujet de l’infiltration, via Ersal, d’armes et de membres d’el-Qaëda en Syrie continuent d’alimenter les réactions hostiles dans les milieux politiques libanais, inquiets des répercussions sécuritaires négatives sur la scène interne libanaise.
Plusieurs hauts responsables politiques se sont relayés au cours du week-end dernier pour démentir, directement ou implicitement, les propos du ministre de la Défense, qui avait laissé entendre, il y a deux semaines, que le village de Ersal servait de voie de passage vers la Syrie aux armes et aux éléments d’el-Qaëda « sous le couvert de l’opposition syrienne ».
La première déclaration de M. Ghosn a pris d’autant plus d’ampleur que les différents porte-voix syriens du régime ont repris à la lettre les dires du ministre libanais une heure à peine après le double attentat kamikaze qui a visé deux grandes institutions sécuritaires bien protégées à Damas, laissant entendre que les responsables des attaques attribuées à el-Qaëda venaient bien du Liban.

Sleiman et Charbel
 La première réaction est venue du chef de l’État lui-même qui, à sa sortie de Bkerké dimanche, a affirmé qu’« aucun Libanais ou village libanais n’accepterait d’abriter des terroristes », soulignant que les citoyens coopèrent avec l’État pour empêcher toute tentative dans cette direction. Michel Sleiman a en outre précisé que « le Liban est contre le terrorisme, ayant déjà payé un prix lourd pour le combattre ».
Le chef de l’État a été suivi du ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, qui, dans une déclaration au quotidien Asharq al-Awsat, a déclaré qu’il ne détient « aucune information officielle sur la présence d’éléments d’el-Qaëda au Liban », tout en admettant « avoir pris connaissance des informations détenues par le ministre de la Défense lors du Conseil des ministres sur l’existence de tels éléments à Ersal ».
Le ministre de l’Intérieur, qui dit ignorer si ces informations étaient le fruit d’une coordination entre les deux armées libanaise et syrienne, a affirmé que les explosions qui ont eu lieu en Syrie « ne se répercuteront pas au Liban si les Libanais, qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition, restent attachés à leur unité et à la préservation de leur pays ». Et d’ajouter qu’« il faudra s’attendre à l’entrée en scène d’une troisième partie qui est lésée par la stabilité sécuritaire ».
Interrogé par L’Orient-Le Jour, le ministre a affirmé que M. Ghosn « n’a donné aucun détail sur les informations qu’il détient en Conseil des ministres », réaffirmant que les instances sécuritaires qui relèvent de l’Intérieur (les services de renseignements des FSI) ne détiennent pas de telles informations. « Toutefois, le ministre de la Défense m’a donné l’impression qu’il était certain de ses informations », a-t-il dit. À la question de savoir pourquoi le comité central de sécurité ne s’est pas encore réuni pour examiner un dossier aussi important et épineux, M. Charbel a répondu qu’« il se réunira après les fêtes ».

Ghosn confirme et... atténue
 Prié de commenter les propos de son collègue de l’Intérieur qui dit ne par détenir des informations sur la question, le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, a répondu : « Qu’il aille demander aux services de renseignements des FSI. »
Prié par L’OLJ de clarifier ses propos au sujet des éléments d’el-Qaëda, le ministre Ghosn a déploré en soirée « les interprétations et les réactions » vigoureuses suscitées par ces mêmes propos. Il a toutefois cherché à atténuer l’impact de sa déclaration initiale sans y revenir clairement. « Tout ce que j’ai dit, c’est qu’il fallait prendre garde et qu’ils (les éléments d’el-Qaëda) étaient présents à un moment donné dans une région précise. Peut-être qu’ils n’y sont plus à l’heure actuelle », a-t-il déclaré.
Cependant, plus tôt dans la journée, M. Ghosn avait publié un communiqué explicatif de ses premières déclartations dans lequel il indiquait que ce qu’il avait déclaré « n’est pas de l’ordre de la supposition, de l’analyse ou de simples conclusions, mais le résultat d’informations qui me sont parvenues et que j’ai estimé bon de communiquer au grand public pour mettre en garde contre le danger qui plane sur le Liban ». Le ministre avait également exprimé « (ses) regrets suite aux réactions qui ont donné à mes propos une portée confessionnelle comme s’ils étaient dirigés contre une communauté précise ou qu’ils s’en prenaient à la réputation d’un village libanais (Ersal) en mettant en doute le patriotisme de ses habitants ». « Nous savons, avait-il ajouté, que tous que les Libanais, toutes communautés et appartenances confondues, refusent le terrorisme et le combattent », affirmant qu’il est « certain qu’aucun village ni aucune ville libanais n’abritera des terroristes ».

Contradictions, interrogations et accusations...
La valse des informations contradictoires au sein d’une même équipe n’a pas échappé au député de l’opposition, Jean Oghassabian, qui, s’exprimant au nom du 14 Mars, a demandé la réunion de la Commission nationale de la défense en présence du ministre de la Défense pour l’interroger sur ses propos et sur les preuves qui les étayent, ainsi que « sur les mesures prises pour empêcher ces supposées infiltrations ». Le député a également réclamé une réunion du Parlement pour discuter du dossier et interpeller le gouvernement sur les déclarations contradictoires qui ont émané des différents ministres sur cette affaire.
À son tour, le député de la Békaa Jamal Jarrah a précisé que M. Ghosn a peut-être indiqué que les éléments d’el-Qaëda « viennent au Liban en provenance de Syrie sous le couvert de l’opposition syrienne. Il n’a pas dit qu’ils partaient (du Liban) en direction de la Syrie », a-t-il relevé .
« Peut-être a-t-il confondu les détails lorsqu’il lui a été demandé de faire cette déclaration », a ironisé le député, dans une allusion aux Syriens qui auraient dicté les propos au ministre. M. Jarrah a déploré le fait que « certains ministres tentent d’impliquer le Liban dans la crise syrienne qui pourrait avoir de graves répercussions localement ».
Et d’insister : « Ersal n’est pas une voie de passage pour el-Qaëda. Nous n’avons pas un historique qui démontre que nous avons l’habitude d’abriter des fondamentalistes. C’est plutôt le régime syrien qui les parraine pour des considérations liées à l’Irak ». Selon lui, le régime syrien cherche à compromettre le Liban dans cette affaire (...) probablement pour couvrir ce qui s’est passé à Damas », a-t-il ajouté. M. Jarrah a également clairement affirmé que les analyses militaires montrent que « c’est le régime syrien qui est derrière les attentats de Damas ».
Ce n’est pas l’avis d’un haut responsable sécuritaire libanais qui croit savoir qu’« il n’est pas dans l’intérêt du régime syrien de commettre de telles opérations, surtout qu’elles visent des institutions sécuritaires névralgiques pour le régime ». La source croit savoir que s’il est prouvé que ce sont des éléments d’el-Qaëda qui sont effectivement derrière ces attentats, « ces derniers s’étaient très probablement infiltrés à partir de la frontière irakienne ».
À son tour, le député du Akkar Khaled Daher (Futur) a estimé que les déclarations sur la présence d’éléments relevant d’el-Qaëda à Ersal « rejoignent l’intérêt syrien ». Le député a qualifié les propos de M. Ghosn d’ « irresponsables », estimant qu’« il traite à la légère l’intérêt du pays ». « Le ministre aurait mieux fait de défendre ceux qui ont été tués et blessés à Ersal et à Wadi Khaled, ainsi que la souveraineté libanaise face aux violations syriennes », a-t-il affirmé.
Le secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid, a été plus loin encore, estimant que le président de la République et le Premier ministre doivent intervenir pour que le Conseil des ministres condamne les positions exprimées par Fayez Ghosn. « Tout le monde sait que le timing des attentats à Damas est douteux, notamment à la veille de l’arrivée des observateurs de la Ligue arabe. L’objectif est de montrer que le régime est victime d’el-Qaëda. »
Par ailleurs, les habitants de Ersal ont rapporté que des avions syriens ont survolé dimanche la Békaa au-dessus de leur village notamment, affirmations confirmées par l’Agence nationale d’information ainsi que d’autres médias.
Plusieurs hauts responsables politiques se sont relayés au cours du week-end dernier pour démentir, directement ou implicitement, les propos du ministre de la Défense, qui avait laissé entendre, il y a deux semaines, que le village de Ersal servait de voie de passage vers la Syrie aux armes et aux éléments d’el-Qaëda « sous le couvert de l’opposition syrienne ».La première...

commentaires (1)

Quand on est responsable et on émet des déclarations irresponsables, décrivant son propre pays comme tremplin d'El Qaëda, et y faisant du tort irréparable, dans les conjonctures régionales et internationales qui prévalent aujourd'hui, le moins qu'on puisse faire, pour servir son pays après l'avoir accablé, c'est de démissionner, sans retard ; ou bien le changement s'impose ! Anastase Tsiris

Anastase Tsiris

02 h 12, le 27 décembre 2011

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Commentaires (1)

  • Quand on est responsable et on émet des déclarations irresponsables, décrivant son propre pays comme tremplin d'El Qaëda, et y faisant du tort irréparable, dans les conjonctures régionales et internationales qui prévalent aujourd'hui, le moins qu'on puisse faire, pour servir son pays après l'avoir accablé, c'est de démissionner, sans retard ; ou bien le changement s'impose ! Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    02 h 12, le 27 décembre 2011

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