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Liban

L’impact du soulèvement syrien continue d’entretenir la polémique locale

Les retombées du soulèvement populaire qui ébranle la Syrie depuis huit mois se font sentir quotidiennement sur la scène libanaise en entretenant une vive polémique qui envenime davantage un climat local déjà suffisamment tendu. Au cours des dernières vingt-quatre heures, ce sont essentiellement le dossier des réfugiés syriens et la position du Liban lors de la conférence ministérielle arabe qui s’est tenue samedi au Caire qui ont été au centre des commentaires de la classe politique.
Le député Antoine Zahra, membre du bloc parlementaire des Forces libanaises, a déploré le fait que le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, ne se soit pas abstenu lors du vote sur la suspension de la participation de la Syrie aux réunions et activités de la Ligue arabe. M. Zahra a souligné sur ce plan que le Liban aurait dû adopter la même attitude que l’Irak (qui s’est abstenu). Le député FL a d’autre part relevé que le régime syrien continue de se comporter à l’égard du Liban en faisant fi de la souveraineté libanaise. « La position adoptée à la Ligue n’est pas celle du Liban, a déclaré M. Zahra. Elle n’est même pas celle de l’ensemble du gouvernement libanais dans la mesure où certains ministres ont relevé que cette position n’a pas été discutée en Conseil des ministres. » Le député FL a par ailleurs affirmé que « le peuple syrien a défini sa position et il ne saurait faire marche arrière, quelles que soient les circonstances régionales et internationales ».
Le député Akram Chehayeb, membre du Front de lutte nationale (de Walid Joumblatt), s’est élevé pour sa part contre la récente déclaration du ministre de l’Intérieur qui a affirmé qu’« il n’y a pas de Syriens enlevés au Liban ». « Il semble que les 13 personnes enlevées (des opposants syriens) ne soient plus au Liban, ce qui est extrêmement grave, a déclaré Akram Chehayeb. Ce qui est encore plus grave, c’est que cette déclaration (du ministre de l’Intérieur) intervient au moment où l’association Human Rights Watch a annoncé que l’un des frères Jassem enlevés au Liban est mort sous la torture dans une prison syrienne ».
Après avoir rappelé que le parquet détient un dossier complet sur l’affaire des opposants syriens enlevés au Liban, M. Chehayeb a indiqué que les débats qui ont eu lieu récemment au Parlement ont confirmé les enlèvements et ont dévoilé les parties qui en sont responsables. « Il n’est pas admissible que le Liban devienne une scène échappant à tout contrôle où les droits de l’homme sont bafoués », a déclaré M. Chehayeb.
M. Imad el-Hout, député de la Jamaa islamiya (allié au courant du Futur), a qualifié de « honteuse » la position du représentant du Liban à la conférence ministérielle de la Ligue arabe, soulignant que l’impression que le Premier ministre Nagib Mikati tente de véhiculer, selon laquelle les instances arabes et internationales ont fait montre de compréhension à l’égard de l’attitude libanaise, « est erronée ». M. Hout a déclaré dans ce cadre que le soutien du gouvernement libanais au régime syrien « est inadmissible et incompréhensible ».
Le député Nidal Tohmé a souligné de son côté que le pouvoir libanais se doit d’apporter une aide adéquate aux opposants syriens ayant trouvé refuge au Liban.
Quant à la Jamaa islamiya, elle a vivement stigmatisé la dernière incursion de l’armée syrienne dans la zone de Kaa, dans la Békaa, en vue d’enlever un habitant (libanais) de la région, Abdel Nasser Rayed, « qui a été emmené à l’intérieur du territoire syrien ».

L’allégeance du 8 Mars
Dans le camp adverse, les pôles du 8 Mars ont continué hier de faire acte d’allégeance à l’égard du régime baassiste. À l’issue d’un entretien avec le chef du législatif Nabih Berry, l’ancien député Mikhaël Daher a notamment affirmé que la décision des ministres arabes des AE de suspendre la participation de la Syrie aux réunions et activités de la Ligue arabe est « illégale » car elle aurait dû être prise, selon lui, à l’unanimité. M. Daher a par ailleurs estimé que le parquet devrait se saisir de l’affaire des « atteintes portées » par l’ancien député Moustapha Allouche au président syrien Bachar el-Assad lors de l’émission télévisée de la MTV, lundi soir.
L’ancien président Émile Lahoud a dénoncé quant à lui « le déclin de la Ligue arabe qui s’en est pris à un État arabe qui est au cœur de l’arabité et dont le peuple s’est rangé aux côtés de son commandement courageux et sage qui reste ferme dans ses positions et options stratégiques soutenant la résistance face aux projets de normalisation qui servent les visées d’Israël dans la région ». Selon M. Lahoud, la position adoptée par la conférence ministérielle de la Ligue contre la Syrie « est contraire au pacte et au règlement intérieur de la Ligue ». M. Lahoud a dénoncé sur ce plan « le complot ourdi par la Ligue arabe »...
Notons enfin que le député Assem Kanso, ancien secrétaire général du Baas prosyrien, a adressé au président Bachar el-Assad un message à l’occasion de l’anniversaire du « mouvement de redressement » en Syrie. M. Kanso souligne dans son message sa conviction que le président Assad parviendra à « faire échec au complot » qui vise, selon lui, la Syrie.
Les retombées du soulèvement populaire qui ébranle la Syrie depuis huit mois se font sentir quotidiennement sur la scène libanaise en entretenant une vive polémique qui envenime davantage un climat local déjà suffisamment tendu. Au cours des dernières vingt-quatre heures, ce sont essentiellement le dossier des réfugiés syriens et la position du Liban lors de la conférence...

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