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Liban

Aide aux réfugiés syriens : Sleiman et Mikati s’efforcent de démentir le 14 Mars

La révolution syrienne fait désormais rage... au Liban. C’est en effet beaucoup plus que sa simple crédibilité que joue le pouvoir, à l’heure où le débat s’envenime sur les enlèvements et les arrestations d’opposants syriens – déférés devant les tribunaux d’exception – ou encore sur l’aide accordée aux réfugiés et la transformation de certaines régions du pays, où se trouvent ces réfugiés, en véritables fortins sécuritaires interdits aux journalistes.
Au lendemain des coups de semonce constitués par le message du Conseil national syrien adressé au Premier ministre Nagib Mikati, ou encore par les communiqués du secrétariat général du 14 Mars et du chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, ce sont, une fois de plus, les faits qui ont parlé d’eux-mêmes. Deux comédiens syriens connus pour leurs pièces satiriques à l’égard des autorités baassistes ont en effet quitté Beyrouth hier, craignant d’être arrêtés ou enlevés au Liban, pour s’installer en Égypte d’où ils comptent poursuivre leur lutte pour la démocratie, ont-ils indiqué à l’AFP. Mohammad et Ahmad Malas, des jumeaux de 29 ans, ont quitté le Liban, où ils ont vécu cachés pendant un mois, mais pour des raisons de sécurité ils ont demandé aux journalistes de l’AFP, qu’ils ont rencontrés mercredi soir, de retenir la diffusion de leurs commentaires jusqu’à leur arrivée au Caire. Ils ont fait part de leur crainte d’être enlevés ou arrêtés au Liban en raison de leurs prises de position contre le régime syrien. « Nous nous rendons en Égypte d’où nous poursuivrons notre travail, en soutien à la révolution en Syrie », a expliqué Mohammad Malas. Les jumeaux s’étaient réfugiés au Liban après l’arrivée à leur domicile à Damas d’agents des services secrets syriens qui voulaient les interroger. « Mais nous avons vécu avec la même peur à Beyrouth qu’à Damas, surtout après toutes les histoires de dissidents enlevés », a indiqué Ahmad Malas. « Je pense que l’Égypte est devenue maintenant plus sûre que le Liban ou la Syrie », a-t-il ajouté. Les deux frères avaient été arrêtés lors d’une manifestation à Damas en juillet avec d’autres acteurs, des journalistes et des écrivains. Leurs pièces les plus récentes, dont une intitulée La révolution de demain est reportée à hier, raillaient les autorités et ont surtout été jouées dans leur modeste chambre à Damas pour éviter tout contrôle des autorités.
Par ailleurs, la direction générale de la Sûreté générale a indiqué hier dans un communiqué de presse que « les détenus syriens Ammar el-Adib et Mohammad Bachlah », qui avaient été interpellés à l’AIB, ont été « transférés à la prison de Kobbé à Tripoli, sur demande du juge d’instruction militaire, pour trafic d’armes du Liban vers la Syrie ». La direction générale de la Sûreté générale a assuré dans son communiqué qu’ « elle agit en toute transparence, dans le respect des lois et des instructions qui lui sont données ».

Souhaid d’ici peu à Wadi Khaled
Tout aussi peu rassurantes sont les plaintes des journalistes, qui affirment qu’ils sont désormais soumis à des pressions qui les empêchent de remplir leur mission correctement dans les zones ultra-sécurisées où sont placés les réfugiés, devenues similaires à des « périmètres de sécurité », comme Wadi Khaled par exemple (voir par ailleurs le communiqué de SKeyes). Le secrétariat général du 14 Mars a d’ailleurs annoncé hier que son coordinateur général, l’ancien député Farès Souhaid, se rendra dans les jours à venir dans cette région, en passant par Tripoli, en compagnie d’une importante délégation de personnalités politiques et de journalistes, pour confirmer qu’aucune autorité sécuritaire ou politique ne peut boucler une région sous un prétexte sécuritaire quelconque. Le 14 Mars entend ainsi exprimer sa solidarité avec les habitants de ces régions ainsi qu’avec les réfugiés syriens qui s’y trouvent actuellement, tout comme il entend constater de par lui-même que l’aide libanaise est bel et bien assurée à ces réfugiés.

Sleiman et Mikati
Assaillis par les pôles du 14 Mars, qui les accusent de manquer à leurs devoirs et à leurs responsabilités concernant la protection des réfugiés, le tout en s’exposant au risque de poursuites internationales pour atteintes fondamentales aux conventions internationales et aux droits de l’homme, les pôles du pouvoir se sont efforcés de montrer patte blanche hier.
Le président de la République, Michel Sleiman, a ainsi agi à un double niveau hier : celui de la Sûreté et celui de l’aide humanitaire aux réfugiés. Aussi a-t-il reçu au palais de Baabda le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, qui a mis l’accent sur l’attachement de la troupe à préserver la sécurité et la stabilité des citoyens. Le général Kahwagi a insisté sur le fait que « les rumeurs faisant état d’enlèvements sont infondées, à l’exception des cas qui sont déjà connus », en l’occurrence ceux de l’opposant syrien Chebli al-Ayssami et des quatre frères Jassem. Des déclarations qui recoupent d’ailleurs celles du ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, lequel a démenti hier l’information selon laquelle 13 ressortissants syriens auraient été récemment kidnappés et remis aux autorités syriennes. M. Charbel a par ailleurs rejoint le communiqué de la Sûreté générale en affirmant que les deux Syriens arrêtés à l’AIB étaient « des trafiquants d’armes ».
Le président Sleiman a également reçu le président du Haut-Comité de secours, le général Ibrahim Bachir, qui lui a exposé l’action menée par l’organisme, notamment pour assurer l’aide nécessaire aux réfugiés syriens.
Même souci du côté du Premier ministre Nagib Mikati, qui, en Conseil des ministres, hier soir, a indiqué que « certaines parties souhaitent faire de la question des Syriens déplacés par la force vers le Liban, en raison des incidents sécuritaires en Syrie, un élément de récupération politique et une tentative d’adresser des critiques et d’initier des campagnes contre le gouvernement dont les objectifs sont bien connus ». « Je souhaite mettre l’accent sur le fait que dès les premiers instants de ces déplacements vers le Nord, le gouvernement a traité la question d’un point de vue strictement humanitaire et a refusé de la politiser ou de la dénaturer. L’État libanais a rempli ses devoirs humanitaires vis-à-vis de nos frères syriens à tous les niveaux et dans les limites de ce qui est possible de la part du Haut-Comité de secours et du ministère des Affaires sociales. Nous allons poursuivre l’aide et les soins aux déplacés par la force, en espérant que les raisons qui ont conduit à leur déplacement disparaissent et qu’ils puissent rentrer chez eux en toute dignité », a ajouté M. Mikati, qui a précisé qu’il avait suivi ce dossier depuis son retour de Londres, en compagnie du secrétaire général du Haut-Comité de secours. « Je peux assurer que nous prenons soin d’eux en permanence et que les rumeurs selon lesquelles des mesures ont été prises pour mettre fin aux soins qui leur sont accordés sont dénuées de tout fondement », a-t-il dit. Il a ajouté que ceux qui sont à l’origine de ces rumeurs ont « des objectifs politiques et parfois personnels que tout le monde connaît ».
La question sécuritaire a également été à l’ordre du jour du Conseil des ministres et aurait même donné lieu à un échange assez vif entre le ministre de l’Intérieur et le ministre Waël Bou Faour, suite aux propos mercredi du chef du PSP en réponse aux déclarations de M. Charbel concernant la reprise éventuelle des assassinats politiques. « Les rumeurs qui sont lancées concernant des troubles sécuritaires éventuels, et qui sont répandues par différents moyens, portent atteinte à l’image du Liban et ébranlent la confiance du monde dans la sécurité et la stabilité du pays. Il est inadmissible d’utiliser la dimension sécuritaire dans le cadre des conflits politiques », a-t-il dit, appelant chacun à assumer ses responsabilités et à accorder la priorité à l’intérêt national supérieur. Il a enfin indiqué que le gouvernement suivra de près cette question « pour empêcher toute manipulation ».
Signalons enfin que la joute verbale entre pôles du 14 Mars et du 8 Mars, ou plutôt entre pro-Conseil national syrien et pro-Assad s’est poursuivie de plus belle, avec comme arsenal les différentes questions liées donc à la révolution syrienne. Les protagonistes, hier, de ces pugilats étaient, du côté du 8 Mars, MM. Wi’am Wahhab, Émile Lahoud, Kassem Hachem, Ammar Moussawi, Marwan Farès (qui s’en est pris à Walid Joumblatt), les partis prosyriens (qui ont adressé une missive à Nabil el-Arabi), ou encore le député aouniste Michel Hélou, qui a exigé « des preuves concrètes sur l’existence de disparitions forcées », et, du côté du 14 Mars, MM. Khaled Daher, Antoine Zahra, Nidal Tohmé, Hadi Hobeiche, Jean Oghassabian, Ziad Kadri, et... le ministre Akram Chehayeb, qui a tancé Assem Kanso pour ses propos de mercredi au sujet des enlèvements.
La révolution syrienne fait désormais rage... au Liban. C’est en effet beaucoup plus que sa simple crédibilité que joue le pouvoir, à l’heure où le débat s’envenime sur les enlèvements et les arrestations d’opposants syriens – déférés devant les tribunaux d’exception – ou encore sur l’aide accordée aux réfugiés et la transformation de certaines régions du pays, où...

commentaires (7)

Pauvre Président ! Et pauvre Premier Ministre ! Il faut les plaindre ! Ils sont tous les deux pris, comme otages, dans les filets enchevetrés du HEZB-CPL. A quand viendrait leur délivrance ? Anastase Tsiris

Anastase Tsiris

05 h 04, le 12 novembre 2011

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Commentaires (7)

  • Pauvre Président ! Et pauvre Premier Ministre ! Il faut les plaindre ! Ils sont tous les deux pris, comme otages, dans les filets enchevetrés du HEZB-CPL. A quand viendrait leur délivrance ? Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    05 h 04, le 12 novembre 2011

  • Ils sont juste ridicules...le traitement fait aux réfugiés syriens est indigne,qu'on soit pour ou contre...d'ailleurs on n' a pas être pour ou contre...la Syrie est un pays ETRANGER.....ETRANGER....

    GEDEON Christian

    09 h 29, le 11 novembre 2011

  • La vérité est toujours bien dite, mais il faut des gens pour bien l'entendre. Peut-on imaginer que des êtres humains , douées de toutes les capacités que la nature a offertes à ce genre spécial qui se distinguerait par l'existence d'une âme, puissent arriver à dire : les présumés assassins sont innocents et le TSL est coupable. Depuis Nuremberg, il y a eu au moins dix procès internationaux et toujours les accusés crient leur innocence et toujours les supporters des accusés crient à la politisation du tribunal et toujours le Tribunal finit par condamner ces coupables . Le monde change et l'esprit des hommes reste figé.

    Saleh Issal

    07 h 49, le 11 novembre 2011

  • Démentir quoi ? Les vérités peuvent être déformées momentanément, mais elles éclatent toujours au grand jour. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    07 h 28, le 11 novembre 2011

  • La vérité bien dite, merci Mr. Saleh Issal. Carlos Achkar

    carlos achkar

    06 h 11, le 11 novembre 2011

  • Et nous voilà revenus là où nous avions tout recommencé. Avant février 2005. Que le Hezbollah nous y ai ramené , cela est à la limite compréhensible car il paye le fait d'être sous emprise de Wilayat El Fakih. C'est le prix demandé par les iraniens contre leurs dollars et leurs armes et pour installer leur projet : un Moyen-Orient chapeauté par la révolution islamique des ayatollahs. Mais que le CPL soit devenu le cheval de Troie du Hezbollah pour pénétrer et soumettre la communauté chrétienne, cela est bien triste. Quel changement des mentalités et quelle réforme des espoirs ! Mais si Troie est tombée à cause du cheval, Beyrouth s'en remettra car personne n'a pu la désarçonner jusqu'aujourd'hui. Ni en 1969, ni en 1976, ni en 1982, ni en 1989, ni un 7 mai , ni en 2006 (lorsque l'ennemi interne à exigé de l'ennemi externe qu'il la détruise afin de faire tomber le gouvernement de la justice du TSL).

    Saleh Issal

    03 h 55, le 11 novembre 2011

  • C'est quand même curieux ! Pour s'éviter la désagréable corvée de "montrer patte blanche" et embarras en ce qui concerne des réfugiés syriens "ingrats" envers leur régime le plus "humanitaire" du monde puisqu'il tue seulement en moyenne vingt citoyens par jours, qui fuient vers Beyrouth et s'aperçoivent aussitôt qu'ils ont de quoi y "avoir peur autant (sinon plus) qu'à Damas", comme en témoignent les frères comédiens Malas, pourquoi nos vénérables autorités ne placent-elles pas "leurs frères réfugiés" dans le périmètre de sécurité et sous la "protection" du Hezbollah, pilier du pouvoir, du gouvernement, du Parlement, d'Ain el-Tiné, de Rabieh, de Khaldé, de Jahilieh, de tout quoi ?? Ce serait alors la plus grande tranquillité pour tout un monde, et le chef du gouvernement n'aurait plus de souci de dénoncer à toutes les heures "les objectifs politiques bien connus".

    Halim Abou Chacra

    02 h 44, le 11 novembre 2011

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