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Liban - Archéologie

Les croisés, sous le bloc 94, secteur Marfa’

Les fouilles archéologiques dans le bloc 94, secteur Marfa’, ont révélé les vestiges de la citadelle croisée de Beyrouth et les traces d’une occupation remontant à l’époque romaine.

Les murs pouvaient atteindre six mètres d’épaisseur.

Bloc 94, rue Argentine (parallèle à la rue Foch), secteur Marfa’. Sous la houlette de la Direction générale des antiquités (DGA), l’équipe archéologique de l’Université libanaise dirigée par Lucia Cheikho a opéré une fouille s’étendant sur une surface de plus de 36 x 100 mètres qui a dévoilé les ruines de la forteresse croisée de Beyrouth. Érigée en pierres de grès de sable ou pierres calcaires, elle était délimitée à l’Ouest par une rivière ; à l’Est par le tell, alors qu’un mur de glacis, en pente et à découvert, constituait sa limite nord (mer). Elle abritait deux tours dont l’une dresse avec une majesté sobre un mur de 15 mètres de haut. S’appuyant sur des sources historiques, des dessins de voyageurs et des plans datant du XVIIIe siècle, Assaad Seif, responsable à la DGA, signale qu’une troisième tour était construite au bout d’une languette rocheuse qui se jetait dans la mer. La citadelle était entourée d’une double muraille. Son enceinte intérieure est constituée de murs à casemate et les murs extérieurs ont six mètres d’épaisseur. Aucune trace d’armes n’a été trouvée au sein de la fortification, mais des tessons de poterie et des restes d’aliments (ossements de volailles et de capridés) ont été mis au jour.

 

Une vue générale du site.


L’architecture militaire en ce lieu n’est pas due au hasard. Autrefois, « le front de mer était ici », révèle Seif, indiquant les encoches (toujours visibles) créées dans la roche par l’effet des vagues. La citadelle, qui s’était posée sur un promontoire rocheux, dominait la mer et offrait un poste d’observation stratégique. Et il y a tout lieu de penser qu’elle s’étendait à l’Est jusqu’au tell où une tour d’angle croisée a été découverte lors des fouilles menées, dans les années quatre-vingt-dix, par l’archéologue Leila Badr et son équipe de l’Université américaine de Beyrouth, signale encore le responsable à la DGA.
Côté ouest, au pied de la citadelle, coulait « une rivière ou talweg, qui se jetait dans la mer », ajoute Assaad Seif. On distingue très nettement les pierres charriées, il y a des siècles, par ce cours d’eau ainsi que la nappe d’eau qui s’est formée indiquant que la source n’a pas totalement tari. Quelques indices, dont les traces d’une herse (grille de fer coulissant de haut en bas), suggèrent qu’un pont-levis enjambait la rivière.
Les archéologues ont, d’autre part, identifié une salle fortifiée dont les murs en blocs de pierre alternent avec des fûts de colonnes en boutisse, datant de l’époque romaine tardive. Cette salle a révélé des traces d’incendie, indices de combats ou de destruction.

 

L'archéologue Lucia Cheikho dans les dédales de la citadelle.


Afin d’installer un nouveau système portuaire, tout ce front marin a été asséché et remblayé par les Ottomans. Des structures de cette époque, dont les soubassements d’une caserne ou Echlé, y sont encore visibles. « Comprendre la dynamique de l’évolution de ce paysage est aussi notre objectif », relève le responsable à la DGA, ajoutant que « les sédimentations permettent d’en reconstituer les éléments principaux ».
Des négociations avec la société immobilière Solidere et des architectes-restaurateurs sont en cours pour intégrer ce lieu dans l’espace urbain et l’ouvrir au public, qui découvrira, par la même occasion, la marque de Solidere : un gros, très gros bétonnage, souvenir des travaux d’infrastructure occupe le site historique !

 

Les murs en blocs de pierre alternent avec des

fûts de colonnes en boutisse, datant de la période romaine.

Bloc 94, rue Argentine (parallèle à la rue Foch), secteur Marfa’. Sous la houlette de la Direction générale des antiquités (DGA), l’équipe archéologique de l’Université libanaise dirigée par Lucia Cheikho a opéré une fouille s’étendant sur une surface de plus de 36 x 100 mètres qui a dévoilé les ruines de la forteresse croisée de Beyrouth. Érigée en pierres de grès de...

commentaires (2)

Comme dans toutes les fouilles de Beyrouth ouvrir l’espace urbain au public restera dans le monde des souhaits vu qu’ après quelques jours tout disparaitra et les nouvelles fondations effaceront la mémoire des vestiges de cette capitale devenue malheureusement une société privée ou tout lui appartient . Nazira.A.Sabbagha

Sabbagha A.Nazira

04 h 27, le 09 novembre 2011

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Commentaires (2)

  • Comme dans toutes les fouilles de Beyrouth ouvrir l’espace urbain au public restera dans le monde des souhaits vu qu’ après quelques jours tout disparaitra et les nouvelles fondations effaceront la mémoire des vestiges de cette capitale devenue malheureusement une société privée ou tout lui appartient . Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha A.Nazira

    04 h 27, le 09 novembre 2011

  • Ces vestiges échapperont ils à la voracité des promoteurs?Telle est la question!Je crains de connaître la réponse...et vous?Pour des motifs financiers,bien sûr,mais idéologiques aussi...

    GEDEON Christian

    03 h 27, le 09 novembre 2011

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