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Liban - Religions

Voyage vers la préhistoire de l’Europe

Une délégation épiscopale suisse conduite par Mgr Pierre Grampa, évêque de Lugano et chargé par son Église des relations avec l'islam, vient d'effectuer une visite d'information et d'explication en Syrie et au Liban.

Mgr Pierre Grampa, évêque de Lugano, et le cheikh Akl druze, Naïm Hassan. Rencontre de deux esprits et de deux cœurs.

C'est un peu un voyage vers la préhistoire de l'Europe que Mgr Pierre Giacomo Grampa, chargé des relations avec l'islam du Conseil national des évêques catholiques en Suisse, a effectué ces derniers jours en Syrie et au Liban.
L'évêque de Lugano et la délégation qui l'accompagne avaient en tête plusieurs objectifs. D'abord d'exprimer les réserves de l'Église catholique en Suisse à la décision d'interdire la construction de minarets, prise il y a quelques mois à la suite d'un référendum.
Le Conseil des évêques catholiques voulait, en outre, prendre directement contact avec le monde islamique arabophone. « En Suisse, précise le chef de la délégation, Mgr Pierre Grampa, nous avons surtout contact avec des musulmans venus des pays balkaniques ou de Turquie. »
Enfin, la délégation voulait prendre contact et soutenir les communautés chrétiennes et Églises en Orient, et tenter de comprendre pourquoi les chrétiens émigrent.

Modèles politiques
Grâce à Harès Chéhab, secrétaire général du Comité national pour le dialogue islamo-chrétien, Mgr Grampa a pu rencontrer au Liban les chefs des communautés chrétiennes et musulmanes, et un certain nombre de personnalités engagées dans le dialogue et la vie nationale. Il a déjeuné hier à la table du mufti de Tripoli, après avoir rencontré la veille cheikh Naïm Hassan et le mufti Mohammad Kabbani.
L'objectif véritable que cherchait l'évêque suisse, au fond, c'est avoir une expérience de première main des modèles politiques les mieux à même de servir le dialogue, le plus capable de tenir les sociétés à l'écart de la violence religieuse, de la diabolisation de l'autre, de l'utilisation de la religion dans la lutte pour le pouvoir politique.
« La population suisse a voté sous la pression d'une information unidimensionnelle, où l'islam était diabolisé », indique Mgr Grampa, avant de se lancer dans une comparaison entre les régimes politiques en Suisse, en Syrie et au Liban.
En Suisse, dit-il en substance, nous sommes dans un régime de laïcité qui tend vers le laïcisme, ce qui pose certains problèmes, notamment au niveau de l'éducation religieuse. Au Liban, on est en contact avec un modèle confessionnel d'une autre époque, mais dont les atouts religieux sont immenses, et l'on se demande : peut-on continuer avec ce modèle ?
Faut-il aller plus vite, ou privilégier, come le font en ce moment les maronites, le statu quo ?
La délégation n'a pas de réponses toutes faites aux problèmes qui se posent. Comparée à la Syrie, elle se demande si la situation au Liban n'est pas meilleure, avec un pays qui cherche sans fausse honte la solution aux rapports de nature confessionnelle qui se posent, et un État qui se déclare nominalement laïc mais où, malgré les avantages d'une certaine liberté religieuse et l'existence d'un catéchisme unifié dont les livres sont imprimés par l'État, les problèmes sont refoulés.
En Syrie, la délégation a rencontré les patriarches orthodoxe Ignace IV Hazim, grec-catholique, Grégoire III, et Zakka Iwas, des syriens-catholiques, le grand mufti Badreddine Hassoun, la vice-présidente Najah el-Attar ainsi que les ministres des Wakfs et du Tourisme.
En somme, ce sont des inquiétudes différentes qui se posent en Syrie et au Liban, explique l'évêque suisse, qui pèse le pour et le contre de chacun des régimes en place. Pour Mgr Grampa, c'est bien évidemment le problème de la citoyenneté qui se pose, d'une citoyenneté dont les éléments religieux seraient harmonieusement intégrés à une identité civile à la fois indépendante du religieux, tout en lui étant ouverte.
Il avoue avoir fait au Liban des rencontres marquantes. Il fait en particulier l'éloge de l'archevêque maronite de Beyrouth, Boulos Matar, et du cheikh Akl druze, Naïm Hassan, qui l'ont impressionné par l'étendue de leur culture et leur sagesse.
L'évêque suisse a même trouvé, en la personne du mufti, un précieux allié dans l'affaire de la « burqa », le voile intégral, en passe d'être interdit dans plusieurs pays d'Europe. Il a ainsi été tout heureux d'apprendre du mufti que « la burqa n'est pas un vêtement musulman, mais une coutume vestimentaire ». Le mufti lui a promis de poser cette problématique auprès des plus hautes autorités religieuses sunnites du monde arabe. De tout évidence, Mgr Grampa ne rentre pas dans son pays bredouille.

C'est un peu un voyage vers la préhistoire de l'Europe que Mgr Pierre Giacomo Grampa, chargé des relations avec l'islam du Conseil national des évêques catholiques en Suisse, a effectué ces derniers jours en Syrie et au Liban.L'évêque de Lugano et la délégation qui l'accompagne avaient en tête plusieurs objectifs. D'abord...

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