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Lifestyle - Musique

Farhad Darya, le « Elvis afghan », chante pour les femmes et son pays

Les chansons de l’artiste, ambassadeur de bonne volonté de l’ONU, sont fortement teintées de politique et d’appels à la paix.

Les femmes du public sont restées plutôt « sages » par rapport aux événements similaires qui ont lieu dans le reste du monde. Photo Massoud Hossaini/AFP

Surnommé « le Elvis afghan » par certains médias occidentaux, Farhad Darya est probablement le seul homme capable en Afghanistan, l’un des pays les plus conservateurs et patriarcaux du monde, de transformer un auditoire de femmes voilées en foule hurlante.
Le chanteur est une idole en Afghanistan, notamment chez les femmes, qui ont encore peu de droits dix ans après la chute du régime ultrarigoriste des talibans qui avaient totalement interdit la musique. Une popularité palpable lors d’un récent concert réservé à la gent féminine donné par la star à Kaboul, même si les « fans » sont restées fort sages si l’on se réfère à n’importe quel événement similaire ailleurs dans le monde. En Afghanistan, il est indécent pour une femme de danser devant un homme. De l’étudiante à la mère de famille quadragénaire ou quinquagénaire, les femmes du public ont dû se contenter de se balancer timidement sur leurs chaises en agitant les mains. Mais elles ne se sont pas privées de crier à pleins poumons, l’une d’elles risquant un « On t’aime ! » qu’entendent à l’envi les rock stars du monde entier, mais quasi subversif dans un pays où la sexualité féminine est un sujet totalement tabou, même à Kaboul, considérée comme la ville la plus libérale.
Ce concert de Farhad Darya, ambassadeur de bonne volonté de l’ONU, visait surtout à attirer l’attention sur une campagne contre les violences envers les femmes, dans le cadre de la Journée internationale du 25 novembre. Il a expliqué espérer que l’événement fasse prendre conscience que la vie des femmes afghanes ne se résume pas à « la burqa, la cuisine et les souffrances ». Car, a-t-il souligné, la musique en Afghanistan est plus qu’un simple divertissement. « Les gens dans la politique, au gouvernement, sont incapables d’apporter quoi que ce soit » dans ce pays, explique le chanteur aux 35 albums, âgé de 49 ans, cheveux noirs et yeux bleus perçants. « Même les gens bien et compétents se perdent dans le système (...) Ce que les gens espèrent entendre d’un homme politique ou d’un dirigeant, ici, ils ne l’entendent pas. Donc ils se tournent vers les artistes », poursuit-il. « Ici, les gens attendent énormément d’un artiste. Un musicien, un chanteur est capable de délivrer les messages les plus importants et ils peuvent être entendus largement ». Ses chansons, aux sonorités traditionnelles afghanes teintées de rock, sont d’ailleurs fortement empreintes de politique et d’appel à la paix.
Si le chanteur s’est exilé en 1990 et vit désormais aux États-Unis, il passe une bonne partie de son temps en Afghanistan, malgré les risques et les menaces. L’an dernier, après l’un de ses concerts à Hérat, la grande ville de l’ouest du pays, 13 fans ont été blessés à l’extérieur de la salle par une bombe. Elle a explosé près de la porte par laquelle il était censé sortir, a-t-il expliqué.
L’Afghanistan a fait de réels progrès au cours de la dernière décennie, mais, estime-t-il également, il est trop tôt pour connaître son avenir après le départ prévu de l’ensemble des troupes de combat de l’OTAN fin 2014. « La chose la plus importante, c’est que les Afghans se prennent désormais en charge parce qu’ils ont besoin de croire en eux-mêmes. Ma musique peut avoir cet impact. C’est un outil, je peux aider les gens à vivre ici, alors pourquoi m’en priver ? »
(Source : AFP)
Surnommé « le Elvis afghan » par certains médias occidentaux, Farhad Darya est probablement le seul homme capable en Afghanistan, l’un des pays les plus conservateurs et patriarcaux du monde, de transformer un auditoire de femmes voilées en foule hurlante.Le chanteur est une idole en Afghanistan, notamment chez les femmes, qui ont encore peu de droits dix ans après la chute du régime...

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