Rechercher
Rechercher

Culture - Festival al-Bustan - Rencontre

Apologie de « l’état de nature » de Zad Moultaka

« Tous les hommes dansent », une première mondiale d’un conte musical signé Zad Moultaka, au programme de ce soir. Dans le cadre du Mois de la francophonie, avec le concours de l’Institut français et du Bustan, lumière sur un voyage intérieur pour faire l’apologie de « l’état de nature ». À travers l’histoire des « bushmen » de l’Afrique du Sud se pose la question des origines et du devenir de l’humanité.

Les trois artistes qui se produiront ce soir.

Obsédé par les mondes perdus et les civilisations englouties, armé d’une culture qui va toujours chercher ses assises dans les terres non seulement les plus lointaines, mais les moins connues, accompagné de sa musique qui (re)concilie tous les horizons et tous les instruments, Zad Moultaka fait plonger cette fois ses auditeurs dans l’univers des «bushmen» de l’Afrique du Sud, massacrés par les Blancs et les Noirs! Tout comme les destinées des Amérindiens et bien d’autres peuplades livrées aux machettes, aux couteaux, aux gourdins, aux fusils ou aux canons des blindés...
Sous le titre Tous les hommes dansent (titre né d’une anecdote avec Pierre Mann pour trouver un danseur: eh oui, tout simplement tous les hommes dansent...), ce spectacle musical, nouveau dans le paysage «moultakien», est en fait un prétexte pour parler du rapport de l’homme avec la nature d’abord, avec ses proches et ses frères humains ensuite. Une idée jaillie après la lecture du livre Le monde perdu du Kalahari de Laurens Van Der Post. La musique et les sons, éloquence de la vie et quête pour l’authenticité, se sont substitués aux mots, au reportage, au témoignage.
Pour ces pages d’une exploration qui tente de retrouver les «bushmen», des mots pour déculpabiliser leur ancêtre des carnages commis, d’éclaircir les rapports à la guerre, à l’environnement, de calmer les générations qui portent les cicatrices des violences, de revenir à la paix et le contentement d’un état de nature. Et nous Libanais, au parcours tortueux et tourmenté, on a en partage toute cette gamme de sentiments, de désirs, de vécu et d’émotions.
«Myrna Boustany m’a donné carte blanche, dit Zad Moultaka, pour offrir au public quelque chose de différent d’un concert classique. On a voulu apporter un autre regard. Mon choix est tombé sur ce voyage intérieur, poétique et politique. Dans cette évocation d’une terre aride, on entend la pluie, les grillons, l’orage... C’est un conte féerique, bon aussi pour les enfants, avec des oiseaux qui pépient... Tous les sons de la nature sont faits avec des voix humaines (enregistrées). Si dans ce spectacle il n’y a pas beaucoup de musique, dans le sens classique du terme, il y a en même temps de la musique du début jusqu’à la fin! Pour cela, il y a les poèmes des “bushmen”, une tradition orale qui avait d’ailleurs piqué la curiosité et l’intérêt de William Blake, qui en a rassemblé tout ce qui a pu être sauvé de l’oubli. Pour cela, pour faire vivre ces poèmes au naturel, le ténor Marc Manodritta. Pour les percussions, il y a Claudio Bettinelli tandis que la part du saxo est assurée par Joel Versavaud. À cela s’ajoute l’ensemble Mezwej (fondé en 2004 par Zad Moultaka et Catherine Peillon) qui assume la liaison des sons et des images pour le côté visuel, pour un environnement sonore avec un peu de jeu théâtral et, bien entendu, des morceaux musicaux.»
Pour ce concert «polyforme » et polyphonique, qui sort des chemins battus (curieuse expression pour retrouver le chemin perdu des bushmen!), entre dunes et montagnes, trois personnages, de personnalités interchangeables.
Mutation des esprits de chacun, dialogue avec des fantômes, apparitions et disparitions, jeux entre le visible et l’invisible, tels sont les contours et les données de cette géométrie à éléments variables pour s’entretenir d’un retour à l’état de nature premier. Comme un rite et cérémonial pour se purifier. Pour se débarrasser de tout ce qui détruit, empoisonne et asservit.
Si les traces du passé et l’exemple des peuples, anéantis ou disparus, ne doivent pas nous servir de leçons, à quoi servirait alors l’histoire?
Si on ne retrouve pas ce qui est perdu, terres ou biens, on retrouve toujours en soi le plus précieux. C’est-à-dire l’essence de ce qui est humain. Sagesse, bonté, savoir.
Tout cela, en toute simplicité et magie, la nature et sa musique (la Pastorale de Beethoven en est une éclatante illustration, si besoin d’exemple en est!) vous le diront.
Obsédé par les mondes perdus et les civilisations englouties, armé d’une culture qui va toujours chercher ses assises dans les terres non seulement les plus lointaines, mais les moins connues, accompagné de sa musique qui (re)concilie tous les horizons et tous les instruments, Zad Moultaka fait plonger cette fois ses auditeurs dans l’univers des «bushmen» de l’Afrique du Sud,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut