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Culture - Photo

Rasha Kahil et « l’obscur objet du désir »

C’est une série de portraits qui sont exposés à la galerie The Running Horse*. « Between 11 and Noon » est un travail photographique et audiovisuel réalisé par la jeune Rasha Kahil qui mêle l’esthétique à la quête de soi. Jusqu’au 17 mars.

Une des photos de la jeune Rasha Kahil, exposée àla galerie Running Horse. Photo Michel Sayegh

Alex, Erwan, Mark, Mathias, Maxime, Ronnie et Xavier sont sept jeunes gens rencontrés dans la rue, dans un café, ou que l’artiste connaissait auparavant. Rasha Kahil les invite chez elle et c’est entre onze heures et midi qu’elle réussit, après les avoir dévêtus, à capter des clichés d’eux. Pourquoi ce choix spécifique? Qu’ont-ils de commun pour avoir attiré l’œil averti de la photographe? Cette jeune artiste établie à Londres, qui a choisi la capitale anglaise pour berceau de son parcours artistique, ne renie pas pour autant son pays natal et aime exposer ses œuvres comme une sorte de défi. Elle sait pertinemment que Beyrouth, quoique ville arabe, absorbe avec intelligence les affluences culturelles de l’Occident.
Habituée à la galerie The Running Horse, Rasha Kahil avait exposé il y a deux ans «In your Home», une série de photos où elle se photographiait mi-nue dans l’intérieur des autres. L’artiste aime évoquer dans son travail le nu, le vrai, le sans tabous. Elle n’a pas peur de l’imprévu mais, au contraire, elle le recherche et en est la première étonnée. Cette mise à nu dans tout le sens du terme – puisqu’elle traque l’intimité et la déshabille –, Kahil l’intègre d’une manière malicieuse ou évidente dans son travail.

La nudité à nu
À travers cette récente approche, où les mâles, quoique dissemblables, représentent certaines similitudes, Rasha Kahil permet au regard non seulement d’explorer l’intimité des autres, mais également la sienne. Elle donne forme à un désir inassouvi de son idéal masculin, un archétype qui pourrait rassembler des facettes de chaque modèle pris en photos. Malgré la technique et l’éclairage qui supposent une certaine distanciation avec le modèle, le sentiment d’intime y est prédominant.
Les hommes sont ainsi photographiés le buste nu. Des tatouages émaillent leur peau. La barbe naissante ou rasée, les cheveux en bataille, ils n’ont pas l’œil fixé sur l’objectif mais regardent au loin, ce qui laisse voyager l’imagination du spectateur. À quoi pensent-ils? Que font-ils dans la vie? Quels sont leurs aspirations, leurs rêves? En prenant l’écouteur placé en face de chaque photo, on entend la voix de l’artiste qui narre ces images captées. En décrivant leur attitude, leur profil, Kahil éclaire certes la personnalité du modèle mais, plus que cela, elle livre sa propre intimité.
L’art de la photo est-il du voyeurisme? Est-il un raccourci pour connaître l’identité de celui qui se tient derrière l’objectif? La photographe invite à pénétrer ce terrain intime sans limites. Sa description de ce moment arraché à la réalité, qu’elle prend en otage sous son œil surveillant, tient plus de la poésie que de la prose. On y retrouve une jeune fille bien de son temps qui évoque le pays d’où elle vient, ses désirs ou ses folies, mais qui parle aussi de son quotidien, de ses amours et de son besoin d’inscrire sa signature artistique dans un milieu difficile, alors qu’elle continue à exercer un emploi alimentaire.
Rasha Kahil ne craint pas les mots, elle flirte avec eux. Tout comme elle n’a jamais craint la puissance des images. Honnête envers elle-même et envers son œuvre, elle continue à sonder cet intime dont elle ne connaît pas encore le fond.

The Running Horse (Quarantaine) Jusqu’au 17 mars.  Tél. : 01/562778



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commentaires (4)

Tant qu'à faire, vous auriez pu nous montrer ses tatouages, sûrement plus expressifs que l'air pénétré qu'il pense avoir sur cette photo.

Tina Chamoun

18 h 02, le 06 mars 2013

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Tant qu'à faire, vous auriez pu nous montrer ses tatouages, sûrement plus expressifs que l'air pénétré qu'il pense avoir sur cette photo.

    Tina Chamoun

    18 h 02, le 06 mars 2013

  • Moi,j'aime l'OLJ...parceque depuis quelque temps,il y a chaque jour un article qui me permet d'exercer mes zygomatiques,et d'avaler mon indispensable pinte de rire quotidienne...outre la banalité qu'il y a à photographier des hommes (arabes?! sont ils différents des autres?!)) à moitié dévêtus l'inévitable tirade sur Beyrouth,ville arabe m' a fait hurler de rire...vous avez raison,nous sommes...aussi...arabes!Laissez nous donc,très chère,le plaisir d'être ce que nous sommes vraiment,des Levantins...pour ce qui est de notre "arabisme",je crois que nous n'avons plus rien à prouver,attendu que nous avons donné plus que tous les autres réunis...et pourquoi ne dites vous pas,Beyrouth ,ville libanaise?Libanais,ce n'est pas un gros mot,savez-vous?

    GEDEON Christian

    11 h 03, le 06 mars 2013

  • Artiste pour avoir dévetu les gens et les avoir photographié ( ? ) nus ? Le monde à l'envers...

    SAKR LEBNAN

    10 h 56, le 06 mars 2013

  • NON,Berytus n est pas une ville ARABE!!! c est la ville du Liban ,tournée vers L Occident,et qui étouffe actuellement dans un contexte "arabe".

    Marie Claude

    08 h 40, le 06 mars 2013

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