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Culture - Festival de Byblos

Ute Lemper, un tango très Cabaret !

Détonnant mélange de sensualité, de vitalité et d’humour, Ute Lemper, la très « Dietrichienne » chanteuse allemande, a présenté son « Ultimo tango » sur le site antique, face à la mer...

Ute Lemper et ses musiciens (ici Marcello, le bandonéoniste) : une belle complicité...Press Photo

Zéna ZALZAL

 

Répertoire rétro et cosmopolite réorchestré aux sonorités contemporaines pour un tango voyageur qui a emporté les festivaliers, par-delà la Méditerranée, dans un tourbillon de rythmes, de langues et de chansons de poètes. Le «Dernier tango» d’Ute Lemper est une plongée nostalgique dans la période de l’avant-guerre. Une tournée imaginaire des milongas de Buenos Aires aux clubs de jazz new-yorkais, en passant par les cabarets berlinois des années 30...
Un voyage au son de la voix grave et sensuelle de cette diva, sosie de Marlène Dietrich. Et dont l’allure d’une classe tranchante offre un saisissant paradoxe avec son intrinsèque fantaisie et l’humour dont elle fait preuve sur scène. Si elle cultive la ressemblance avec la célèbre actrice allemande – en reprenant notamment le répertoire et les poses de l’Ange bleu –, Ute Lemper n’en garde pas moins sa propre personnalité, sa façon à elle de faire son show. Sans distance ni aura de mystère, elle livre, au contraire, une vraie performance de cabaret : un spectacle total mêlant interprétation expressive des chansons, petites histoires, interaction avec le public et d’amusantes performances vocales façon boîte à rythmes... Une vraie présence scénique qui en a ébloui plus d’un !
Baladant sa sculpturale silhouette, moulée dans un fourreau noir scintillant, entre son quatuor de musiciens (au piano, l’Allemand Vana Gierig; au bandonéon Marcello Mivinman; à la contrebasse et à la batterie, les Américains Steven Millhouse et Eric Halvorson), elle chante en quatre langues: en allemand, sa langue natale, en français, celle d’une de ses terres d’élection, en anglais pour cette New-Yorkaise d’adoption, et en espagnol pour les airs de ce concert en hommage à Piazzolla. Cosmopolite, Ute Lemper présente un spectacle à son image. À l’image également de la musique d’Astor Piazzolla, maître incontesté du Nuovo Tango, dont les compositions mêlent tango, musique classique et jazz.
De Yo Soy Maria, tiré de l’opérette Maria de Buenos Aires d’Astor Piazzolla et Horacio Ferrer, à la version allemande du célèbre air de la comédie musicale Cabaret, en passant par un choix de titres du duo Piazzolla et Ferrer (Balada Para Mi Muerte, Balada Para Un Loco, Olbivion, Los parajos perdidos, La Muralla de China...), mais aussi des extraits de L’opéra de quat’sous de Weill et Brecht, la chanteuse passe d’un univers à l’autre, d’une langue à l’autre – dans la même chanson souvent! –, d’une tonalité dramatique à un clin d’œil enjoué à l’auditoire, avec une belle aisance. Et puis, entre deux titres, elle égrène spontanément, dans un mélange de français et d’anglais, naturellement ponctué d’expressions espagnoles, des histoires de tangueros dansant jusqu’au bout de la nuit, d’amours malheureuses, de mégapoles décadentes, de filles de joie, d’abandon et de solitude (l’émouvante histoire de «Chiquilin de Bachin», le petit vendeur de fleurs qui rêvait de quitter Buenos Aires), ou encore, elle se fait séductrice et langoureuse pour réincarner Lola, le personnage, mythique de l’Ange bleu...
Tout un éventail d’ambiances distillées avec subtilité, intelligence et humour par mademoiselle Lemper, dans ce tour de chant d’une belle poésie. Et qui, étant par essence intimiste, aurait gagné à se passer du déferlement d’images lumineuses sur grand écran en fond de scène!

Zéna ZALZAL
 
Répertoire rétro et cosmopolite réorchestré aux sonorités contemporaines pour un tango voyageur qui a emporté les festivaliers, par-delà la Méditerranée, dans un tourbillon de rythmes, de langues et de chansons de poètes. Le «Dernier tango» d’Ute Lemper est une plongée nostalgique dans la période de l’avant-guerre. Une tournée imaginaire des milongas de Buenos...

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