Né en 1933 et décédé en 2007, Hassan Alameddine a toujours eu pour compagnons palette et chevalet. Même quand, paralysé de la main droite en 2001, suite à une hémiplégie, la peinture est devenue paradoxalement thérapie, refuge et réconfort. Et c’est à ce moment-là, pour peindre encore et toujours, sous la bienveillante attention de sa femme et muse Jinane, que la main gauche supplée toutes les défaillances d’une main droite totalement inefficace... Prouesse physique pour une peinture aux touches
délicates.
Effort plus que louable pour un parcours à la fois lumineux et tourmenté, pour une entité picturale qui respire, avec quelque candeur et nostalgie, sérénité et douceur.
Sérénité et douceur des paysages de montagnes, de pinèdes, de rives marines dont on voit aujourd’hui les richesses, les ciels brumeux ou plombés, les variétés d’inspiration, mais aussi parfois les maladresses, les naïvetés, le déjà-vu... Telles ces natures mortes trop sages, ces couleurs un peu éteintes ou ces tracés répétitifs, un peu figés.
Des toiles toutes dimensions confondues: cela va des petites aux grandes surfaces (la plus grande toile mesurant 1,20 m x 1,65 m) pour capter l’essence du pays du Cèdre. Et une certaine arabité. Avec des arbustes qui s’accrochent à des pans rocailleux, des minarets qui se fondent dans l’azur sous une ombrelle de verdure, des pans de mur aux pierres colorées, des paysans de la Békaa entre semailles et récolte, des barquettes qui tanguent sur les flots, des pins parasols solitaires ou en tir groupé, les venelles d’un souk aux arcades un peu
penchées...
Monde imaginaire ou croqué sur le vif? Témoignage éloquent et un peu édulcoré, ou rêverie un peu évasive? Tout cela peut-être à la fois, car cette production balaye tout ce qui touche le regard ou l’environnement du peintre. Un cheikh en «abaya» à la barbe blanche, une femme qui essore une écharpe, penchée dans un pré, une autre portant une botte de foin, un marché avec escaliers où grouille une foule de passants, une nature morte où livres, bougeoir et carafe évoquent un monde d’un romantisme désuet, un autre espace voué à des cruches, des pommes et des grappes de raisins aux graines coruscantes. Et c’est là, mince lueur, qu’émerge dans cette petite lumière, dans cette petite tranche d’une peau de raisin blanc le talent d’un homme qui voudrait capter la beauté et la mobilité de la vie...
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