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Culture - Spectacle

Kodeih « superjoujou » fait son cinéma...

Il est la coqueluche du public et un des princes du rire libanais actuels. Amusant et drôle Joe Kodeih qui, par-delà tout « jagal » et « bellâtrerie » masculine (aujourd’hui, à plus de quarante ans, il est rondelet comme une outre), use avec brio du verbe pour souligner les travers de ses concitoyens et contemporains. « Film cinama » sur les planches du Monnot, écrit et dirigé par ses soins, est son dernier one-man-show. Hilarant.

Un tour d’horizon du panorama libanais vu par un comique qui sait observer les travers de ses compatriotes. (Sami Ayad)

Tout de noir vêtu, avec chemise baba cool, jeans vaguement flottant et espadrilles. Les cheveux sel et poivre relevés en queue-de-cheval et une barbe d’une bonne semaine à peine taillée. Voilà pour le «look» style décontracté, auquel s’ajoutent une voix parfois fluette et des gestes mesurés pour un comédien qui remplit bien, sans excès, pitrerie ou ostentation, la scène.
Une scène vide, sauf le siège blanc d’un régisseur, une moto rutilante rouge et une bicyclette aux roues qui serviront de machine à filmer les quatre scènes toutes tissées d’ironie et de charmants sarcasmes. Le tout comme des mailles serrées et bien tricotées.
Pour les besoins de ce film débité en vitesse de croisière, en un flot torrentiel et saccadé de paroles, pas besoin d’aller très loin pour chercher l’inspiration. Vous l’aurez deviné, Beyrouth et la légendaire dolce vita (avec toutes nos misères, on ose encore se prévaloir d’un tel bien-être!) du pays du Cèdre sont un fond de commerce juteux et une source d’anecdotes inépuisables. La main dans le sac, comme pour la sortie de lapins du chapeau d’un prestidigitateur, le comique puise son trésor d’historiettes, certes caricaturales, mais à peine loin de notre gonflée et gonflante réalité...
Le tour de pellicule commence par une nostalgique tournée autour des salles obscures d’antan (Roxy, Rivoli, Métropole) où le public, composé de bric et de broc, s’adonnait à tant de jouissances dans les coins d’ombre. De films à fesses et à nichons aux karatés basiques (en ce temps-là il n’y avait pas encore les effets spéciaux), Joe Kodeih tape fort sur la gaudriole et brosse, par images corsées et associations verbales à double sens, les besoins et les frustrations d’un public encore non émancipé par le laxisme mondialiste de la toile et du smartphone.
Pour cet humour ravageur de tous crins, il fait feu de tout bois. Le franbanais a sa part léonine avec les Marie-Chantal qui se botoxent et se siliconent. Mais aussi le sexisme dans ses diverses variantes pour ces messieurs-dames ou dames-messieurs. Pointe accentuée de misogynie dans ce discours décapant certes, mais aussi haine du machisme balourd du «dakar» avec cet officier de police qui descend de sa moto avec une démarche à faire pâlir Artaban.
On rit beaucoup dans cette série de personnages cocasses, farfelus mais si communs, croqués sur le vif (le dishman égyptien qui est plus alerte que Spiderman, Foxie, une dragqueen plus folle que Zaza Gabor, et cette patiente, un peu nunuche, en mal de séduction chez son gynécologue).
Regard de sociologue, pointu et aiguisé, comme La Bruyère, que celui de Joe Kodeih qui sonde, ausculte, scanne et décrit la société libanaise. À sa manière franchouillarde et gugusse d’un comique impayable, aux jeux de mots acides et acidulés. Impitoyablement certes, mais avec une certaine compassion quand même, tant son humour reste tendre, affectueux, presque chaleureux. S’il dresse ce bilan au fusain noir, c’est pour dénoncer et corriger. Car, chez tout comique, il y a une âme de justicier, de redresseur de tort, de pur.
Et la phrase finale de cette ronde endiablée du rire, avec de rares moments creux, c’est le pieux souhait pour que notre pays se remette convenablement sur pied. Et cela, avec le rire, nous le partageons parfaitement avec Joe Kodeih.
Tout de noir vêtu, avec chemise baba cool, jeans vaguement flottant et espadrilles. Les cheveux sel et poivre relevés en queue-de-cheval et une barbe d’une bonne semaine à peine taillée. Voilà pour le «look» style décontracté, auquel s’ajoutent une voix parfois fluette et des gestes mesurés pour un comédien qui remplit bien, sans excès, pitrerie ou ostentation, la scène. Une...

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