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Culture - Musique

Improvisations pour deux pianos

Un concert qui sort du rang à l’Assembly Hall (AUB), avec une note singulière et tonique : la présence d’un public nombreux à prédominance jeune. Sous les spots de la scène, devant les tuyaux de l’orgue, deux jeunes pianistes, Haley Kallenberg et Vladimir Kurumilian.

Un duo jeune et enthousiaste qui dialogue à travers les touches du piano. (photo marwan ASSAF)

Pas de programme précis, mais des improvisations, en solo et duo. Voyage libre au bout des touches d’ivoire.
Né à Beyrouth, il a vingt-trois ans, l’allure féline de Justin Timberlake, des cheveux coupés court, une chemise « slim fit », un pantalon moulant, dès qu’il effleure les touches du clavier, Vladimir Kurumilian établit un rapport passionnel avec la musique. Rapport passionnel et libre avec des improvisations qui sonnent comme un feu d’artifice, certes fougueux mais un peu trop assourdissant et fortissimo. Des éclats chaloupés, des accents arméno-orientaux, mais aussi des virées aux luisances entre Darius Milhaud et Eric Satie. Le piano, sans contrainte de partition sous ses doigts ivres d’amour, a le galop débridé.
Longue robe noire satinée moulante pour elle et des cheveux retenus avec des barrettes sur les tempes, en cascades blondes sur les épaules, Haley Kallenberg est née en Alaska et est tombée toute petite fille dans le chaudron de la musique pour ne plus en sortir... Avec elle aussi, dès les premières mesures, le piano est brusquement hanté de féerie comme tous les gestes de la jeune interprète qui dodeline de la tête et emboîte le pas aux rythmes et cadences qui pleuvent comme des cordes, avec des moments de rêverie et de netteté d’un toucher chargé de tendresse. Éclats jazzy favorisés, mais aussi des tonalités américaines à la Joplin, Barber et Menotti. Avec, en figure de proue, des accords riches sur une base fragile de notes aigrelettes.
Et vient le moment tant attendu où les deux pianos fusionnent, dialoguent, se boudent, se menacent, se répondent, cheminent comme de vieux compagnons, se lovent au cœur l’un de l’autre. C’est Vladimir Kurumilian qui ouvre le feu de la discussion et de la narration. Haley Kallenberg prend la balle au vol et s’élance, à notes perdues et éperdues... Humeur à deux pour un esprit vagabond, une narration fantaisiste où les notes font feu de tout bois. Liaison ardente aux tonalités à la fois tendres et drues, aux accents véhéments et détachés, aux chromatismes sinueux sans être périlleux, aux images sonores imprécises, mais aux synchronisations qui retombent toujours sur pied et justes.
Plaisir de fouiller dans les touches, de soutenir un groupe de notes, de sonder un accord, de taquiner un triolet, de dégager des trésors aux naïvetés bordées d’une touchante jeunesse, de se perdre, en toute jubilatoire conscience, dans un monde sonore écumant de souvenirs et débordant d’images multipliant torrides chaleurs de l’Orient et hivernales froidures du grand Nord. Un mélange inédit que traduisent avec une charmante éloquence des pianos qui ne reculent devant aucun déferlement, déchaînement, aucun excès, aucun tumulte, aucun interdit, aucune emphase. Ça doit être cela la fougue de la jeunesse...
Pas de programme précis, mais des improvisations, en solo et duo. Voyage libre au bout des touches d’ivoire.Né à Beyrouth, il a vingt-trois ans, l’allure féline de Justin Timberlake, des cheveux coupés court, une chemise « slim fit », un pantalon moulant, dès qu’il effleure les touches du clavier, Vladimir Kurumilian établit un rapport passionnel avec la musique. Rapport...

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