Le gisement de Montréal-du-Gers – 1,5 ha dont seuls 400 m2 ont été dégagés – remonte au miocène (- 24 à – 5 millions d’années) et correspond à un ancien marécage où de nombreux animaux ont été piégés. Pour un néophyte, le site apparaît comme un vaste cimetière, avec un enchevêtrement d’os englués dans la terre. En fait, il s’agit d’un « instantané d’une vie au miocène, de la photo d’un moment de vie » il y a 17 millions d’années, « quand la Gascogne était une jungle », s’émerveille M. Duranthon. Là, un crâne percé de trois trous, traces de morsures, trouvé à 30 cm d’une mâchoire de carnivore, raconte la course-poursuite et le combat mortel entre les deux animaux. Plus loin, la présence d’un fossile d’écureuil volant montre qu’il y avait de grands arbres dans la région. Amphibiens, tortues de 1,5 m de diamètre, crocodiles de 2 à 3 m de long, hippopotames, attestent de la présence d’un lac et d’une rivière, dont l’interaction aurait formé le marécage. Les ossements d’éléphants prouvent le contact entre les blocs Eurasie et Afrique, puisque ces pachydermes viennent de ce continent. Quant aux restes de végétaux (pollens...), ils permettent de reconstituer le climat d’alors : des températures moyennes annuelles de 20° Celsius (contre 14° aujourd’hui) et des précipitations annuelles proches de 1 500 mm contre 800 de nos jours.
Chaque saison de fouilles réserve des surprises tellement la diversité de la faune piégée dans la couche d’argile se révèle extraordinaire : plus de 50 espèces de mammifères (70 rhinocéros, 15 éléphants, cervidés, sangliers, rongeurs...), des reptiles (lézards, serpents...), des amphibiens (grenouille, tritons...), des oiseaux, des mollusques gastéropodes (famille des escargots) terrestres et d’eau douce, etc. Parmi les animaux les plus curieux figurent une sorte de gros chien, l’Hemicyon stehlini, ou un énorme prédateur ressemblant à un lion, le Megamphicyon giganteus. Mais les scientifiques ont surtout identifié 4 espèces et genres inconnus : deux cochons, un rhinocéros, et surtout un cerf-girafe (Ampelomeryx ginsburgi), au corps de girafe et à la tête de cerf portant des bois. Par ailleurs, les études anatomiques réalisées sur certains fossiles pourraient « remettre en cause l’évolution de l’apparition des bois sur les cervidés », dévoile M. Duranthon. Gisement exceptionnel, proximité d’universités comme celles de Toulouse, recherches au Muséum d’histoire naturelle, pourraient permettre « dans les années à venir d’organiser des master classes en paléontologie au niveau européen », estime le conservateur. Dès cet été, les touristes plongeront 17 millions d’années en arrière grâce à des visites guidées du site, et des jeunes de 14 à 17 ans pourront aider lors de stages les professionnels à dégager crânes et squelettes d’animaux préhistoriques.
(Source : AFP)
commentaires (0)
Commenter