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Lifestyle - Paléontologie

Balade insolite dans la jungle française d’il y a 17 millions d’années

Plus de 20 000 ossements appartenant à 90 espèces ont été mis au jour sur le site de Montréal-du-Gers en Gascogne.

Un paléontologue nettoyant des os de rhinocéros sur le site de Montréal-du-Gers, près de Toulouse. Éric Cabanis/AFP

Dans la campagne du sud-ouest de la France, les rhinocéros côtoient éléphants, tortues, reptiles, écureuils... endormis là voilà 17 millions d’années dans un des plus grands sites paléontologiques d’Europe, désormais ouvert au public. « Je marchais sur un tapis d’os. Jamais je n’avais vu ça de ma vie ! » raconte le conservateur en chef et directeur du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, Francis Duranthon, en se remémorant la découverte du site, en 1988. Le jeune paléontologue avait été appelé sur place par les exploitants d’une carrière de calcaire située près de Montréal-du-Gers, dont un tir de mine avait éparpillé des ossements fossiles. « On trouvait des os partout ! Il y en avait tellement que l’on se demandait par quel bout on allait prendre le site. » Une vingtaine d’années plus tard, le bilan des fouilles est impressionnant : plus de 20 000 ossements identifiés, appartenant à 90 espèces, dont quatre inconnues jusque-là. « L’un des gisements les plus riches d’Europe », s’extasie M. Duranthon.
Le gisement de Montréal-du-Gers – 1,5 ha dont seuls 400 m2 ont été dégagés – remonte au miocène (- 24 à – 5 millions d’années) et correspond à un ancien marécage où de nombreux animaux ont été piégés. Pour un néophyte, le site apparaît comme un vaste cimetière, avec un enchevêtrement d’os englués dans la terre. En fait, il s’agit d’un « instantané d’une vie au miocène, de la photo d’un moment de vie » il y a 17 millions d’années, « quand la Gascogne était une jungle », s’émerveille M. Duranthon. Là, un crâne percé de trois trous, traces de morsures, trouvé à 30 cm d’une mâchoire de carnivore, raconte la course-poursuite et le combat mortel entre les deux animaux. Plus loin, la présence d’un fossile d’écureuil volant montre qu’il y avait de grands arbres dans la région. Amphibiens, tortues de 1,5 m de diamètre, crocodiles de 2 à 3 m de long, hippopotames, attestent de la présence d’un lac et d’une rivière, dont l’interaction aurait formé le marécage. Les ossements d’éléphants prouvent le contact entre les blocs Eurasie et Afrique, puisque ces pachydermes viennent de ce continent. Quant aux restes de végétaux (pollens...), ils permettent de reconstituer le climat d’alors : des températures moyennes annuelles de 20° Celsius (contre 14° aujourd’hui) et des précipitations annuelles proches de 1 500 mm contre 800 de nos jours.
Chaque saison de fouilles réserve des surprises tellement la diversité de la faune piégée dans la couche d’argile se révèle extraordinaire : plus de 50 espèces de mammifères (70 rhinocéros, 15 éléphants, cervidés, sangliers, rongeurs...), des reptiles (lézards, serpents...), des amphibiens (grenouille, tritons...), des oiseaux, des mollusques gastéropodes (famille des escargots) terrestres et d’eau douce, etc. Parmi les animaux les plus curieux figurent une sorte de gros chien, l’Hemicyon stehlini, ou un énorme prédateur ressemblant à un lion, le Megamphicyon giganteus. Mais les scientifiques ont surtout identifié 4 espèces et genres inconnus : deux cochons, un rhinocéros, et surtout un cerf-girafe (Ampelomeryx ginsburgi), au corps de girafe et à la tête de cerf portant des bois. Par ailleurs, les études anatomiques réalisées sur certains fossiles pourraient « remettre en cause l’évolution de l’apparition des bois sur les cervidés », dévoile M. Duranthon. Gisement exceptionnel, proximité d’universités comme celles de Toulouse, recherches au Muséum d’histoire naturelle, pourraient permettre « dans les années à venir d’organiser des master classes en paléontologie au niveau européen », estime le conservateur. Dès cet été, les touristes plongeront 17 millions d’années en arrière grâce à des visites guidées du site, et des jeunes de 14 à 17 ans pourront aider lors de stages les professionnels à dégager crânes et squelettes d’animaux préhistoriques.
(Source : AFP)
Dans la campagne du sud-ouest de la France, les rhinocéros côtoient éléphants, tortues, reptiles, écureuils... endormis là voilà 17 millions d’années dans un des plus grands sites paléontologiques d’Europe, désormais ouvert au public. « Je marchais sur un tapis d’os. Jamais je n’avais vu ça de ma vie ! » raconte le conservateur en chef et directeur du Muséum d’histoire...

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