Première du métal professionnel au Liban avec Nightwish

Le Festival international de Byblos a de nouveau détonné en offrant, pour la toute première fois à ses fans, un concert de métal. L’enthousiasme était au rendez-vous pour cette apparition libanaise du métal symphonique Nightwish: près de 4000 personnes se sont pressées pour venir écouter et acclamer ce groupe finlandais iconique du genre, qui a interprété son nouvel album, Imaginaerum, aussi bien que des tubes plus anciens. 

Pour Nagi Baz, producteur du festival, il s’agit d’«une des bonnes années » (qui peuvent brasser jusqu’à 50000 visiteurs sur le mois) pour ce festival libanais en terme de fréquentation. Il parle du «plaisir de voir les sourires béats des fans» face à cette grande première du métal au Liban, un genre selon lui «complètement ignoré, alors qu’il a un public».  

Les festivaliers sont ravis: «C’était parfait», conclut immédiatement l’un d’eux. Il relève cependant quelques difficultés d’ordre technique: le volume du son, trop bas au début du concert, mais corrigé en cours de performance. Un autre a des revendications plus sociétales: la barrière scindant la fosse entre ceux détenteurs d’un billet standard et ceux qui ont payé le «gold circle», une limite «séparatiste» selon lui, qui « casse l’ambiance». Mais pas de quoi briser l’enthousiasme: «Ça fait du bien de voir des groupes extraordinaires au Liban» pour ce fan de longue date.

Créé sous la forme d’un trio atmosphérique en 1996, le groupe se réoriente rapidement vers le métal symphonique, plus cohérent avec la puissante voix de leur première chanteuse, Tarja Turunen. Ils deviennent un élément majeur de la scène métal au cours des années 90 et 2000. 

Les attentes des fans ont été récompensées par une performance généreuse, en particulier de la part de la chanteuse Floor Jansen, la troisième à occuper le poste aux côtés des quatre membres permanents. Avec une voix plus heavy qu’opéra, elle a conquis une partie de l’assistance alors qu’une autre regrette un peu cette orientation. Un sourire en permanence accroché aux lèvres, elle offre au public un «circular swing» spectaculaire en faisant tournoyer sa longue chevelure noire, lance un «sukran » et vante la gastronomie libanaise. Le tout se déroule dans un décor gothique-médiéval, style qui a fait le succès du groupe au début des années 2000. Les éléments visuels (fumée, lumières) forts et colorés, les costumes noirs et élaborés complètent la scène, offrant un spectacle apparemment à la hauteur des attentes du public, «un rêve devenu réalité» pour Anis, 19 ans, fan «depuis 6 ans». 

L’alliage d’instruments (guitare, basse, batterie, clavier) est typique du rock ou du métal et vise ici la création d’une symphonie avec des airs d’opéra. La diversité ne fait pas peur au groupe, qui inclut désormais des éléments de folk-métal (flûte, cornemuse), «très bien intégrés» selon une personne présente très enthousiaste. 

Le Festival de Byblos, lui aussi, soigne sa réputation de diversité internationale: après les Finlandais de Nightwish et le Grec Yanni, le festival ouvre ses portes, entre autres, à Lana del Rey (États-Unis), Pet Shop Boys (Angleterre), Onerepublic (É.-U.), Paco de Lucia (Espagne) et Scorpions (Allemagne). L’esprit, également, est international et joue sur une expression idiomatique anglophone qu’on peut lire dans la zone de restauration: «Food is music to my ears» («La nourriture est une douce musique à mes oreilles)».
Si Nightwish ne jouait pas à guichets fermés (6000 places), le concert de Lana del Rey est déjà presque complet.

Pour mémoire

Yanni, mi-homme-orchestre, mi-chef d’orchestre