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Sport - Football

Transferts : l’exode vers l’Est ne fait que commencer

Au cœur de l’hiver dernier, Yann M’Vila montrait la voie à ses compatriotes français en filant au Rubin Kazan en catimini. Le Rennais fuyait l’agitation qui l’entourait en Bretagne et son transfert fut analysé davantage comme un exil forcé que comme un choix de carrière assumé. Pourtant, M’Vila n’est sans doute que le premier d’une longue liste, et il pourrait bien voir débarquer cet été quelques anciens adversaires en L1 au talent certain.
La Russie et l’Ukraine s’installent au fil des mercatos comme une destination de plus en plus attrayante. Hulk, Witsel, Criscito, Danny, M’Vila, L. Diarra, Bruno Alves : ils sont déjà quelques-uns, dans la force de l’âge, à avoir choisi de s’exporter en Europe de l’Est. « Il y a cinq, six ans, je travaillais sur des joueurs français et espagnols pour le championnat russe, mais personne ne voulait y aller », témoigne Goran Matijevic, agent de joueurs spécialiste du marché russe qui s’est notamment chargé du transfert de M’Vila à Kazan. « Les choses ont changé. Des Anglais, des Espagnols et des Français m’appellent désormais directement pour y aller. » Principale raison à ce changement spectaculaire : la récession qui frappe la Liga, la série A et la Ligue 1 conjuguée aux sommes colossales investies dans les grands clubs de l’Est.
Un jeu de vases communicants qui pourrait déboucher sur un spectaculaire exode.

Le foot, hobby des propriétaires milliardaires
« C’est un marché intéressant parce que les clubs ont beaucoup d’argent », continue Goran Matijevic. Les puissances financières du PSG, de City ou de Monaco n’effraient pas les poids lourds russes et ukrainiens.
Le propriétaire de l’Anzhi, Suleyman Kerimov, est un milliardaire qui contrôle une compagnie pétrolière. « Sa passion, c’est le foot. C’est plus un hobby qu’un business. Il ne cherche pas à faire de l’argent », continue Matijevic. Les sommes déboursées sont colossales. Samuel Eto’o touche 20 millions d’euros par an, c’est mieux qu’Ibrahimovic, Ronaldo, Messi et tous les autres. Le Zenit Saint-Pétersbourg est aujourd’hui soutenu par Gazprom, premier exploitant et exportateur de gaz au monde. Alors que Lukoil, premier producteur russe de pétrole, possède le Spartak Moscou.
Si les clubs de l’Est dépensent des fortunes en transfert depuis plusieurs saisons déjà, ils semblent désormais réorienter leur recrutement. Leur cible prioritaire désormais : les meilleurs jeunes d’Europe de l’Ouest. « Le business model du Shakhtar Donetsk fonctionne depuis plusieurs saisons sur le recrutement de jeunes Sud-Américains qu’il garde longtemps ou revend à prix d’or avec une énorme plus-value », analyse Damien Comolli, ancien directeur sportif de Saint-Étienne, Tottenham et Liverpool. « Ce qui change aujourd’hui, c’est qu’il vise désormais l’Europe de l’Ouest. »

Les cibles : Aubameyang, Cabella, Zouma
Kurt Zouma, dragué par le Zénit, qui a déjà proposé 12 millions d’euros à l’ASSE, mais aussi Rémy Cabella, sont sur les tablettes de ces clubs aux moyens illimités ou presque. « Le Rubin Kazan m’a harcelé pendant deux mois pour avoir Pierre-Emerick Aubameyang alors que personne n’était encore dessus. Au contraire, Stéphane M’Bia a été proposé aux clubs russes, mais ils le jugent déjà trop vieux. Les dirigeants russes et ukrainiens veulent des joueurs en pleine force de l’âge et non plus des joueurs en préretraite », continue Goran Matijevic.
Oui mais Aubameyang, convoité également par l’Inter ou Dortmund, a opposé une fin de non-recevoir. Voilà la dernière limite à l’arrivée massive des meilleurs jeunes européens : la compétitivité de leur club. Les décideurs russes, les dirigeants de Gazprom en tête, et ukrainiens l’ont bien compris et travaillent à une fusion des deux championnats pour l’automne 2014 afin de créer une superleague plus compétitive.
Mais si Donetsk a remporté la Ligue Europa, si le Rubin Kazan a bien failli jouer un mauvais en quart de finale de C3 à Chelsea cette année, aucun club de l’Est n’a atteint les demi-finales de la Ligue des champions dans les années 2000, même si le CSKA Moscou ou le Shaktar Donetsk ont goûté aux quarts récemment. « Si l’un des quinze clubs du top niveau européen s’intéresse à une de leurs cibles, comme pour Aubameyang, les clubs de l’Est ne réussiront pas à l’avoir », constate Damien Comolli.
Au cœur de l’hiver dernier, Yann M’Vila montrait la voie à ses compatriotes français en filant au Rubin Kazan en catimini. Le Rennais fuyait l’agitation qui l’entourait en Bretagne et son transfert fut analysé davantage comme un exil forcé que comme un choix de carrière assumé. Pourtant, M’Vila n’est sans doute que le premier d’une longue liste, et il pourrait bien voir...

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