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Liban - Œcuménisme

André Vingt Trois : « Beaucoup voient dans le Liban un laboratoire de collaboration »

Envoyé spécial du pape Benoît XVI, l'archevêque de Paris, le cardinal André Vingt Trois, était au Liban pour la clôture de l'année Saint-Paul. « Je crois que vous savez et que vous pouvez développer un vrai dialogue national qui peut être probant au plan international au service de la paix », a-t-il dit aux Libanais.
Trop vite passée pour un tel géant, trop étriquée, l'année Saint-Paul instituée par l'Église catholique pour célébrer l'apôtre des nations, son incroyable audace missionnaire, son génie théologique, sa quête passionnée du Christ - « saisi et tentant de saisir » - a été clôturée au Liban le 29 juin, fête des apôtres Pierre et Paul, par une cérémonie œcuménique tenue en la basilique Saint-Paul des grecs- catholiques à Harissa, sous la présidence du cardinal André Vingt Trois, archevêque de Paris et envoyé spécial du pape à cette occasion.
De Tyr à Tripoli, de Tabarja à Jbeil et Batroun, le rivage libanais garde le souvenir de cet homme de feu, de cet infatigable voyageur que fut saint Paul. Les Actes des apôtres témoignent de son passage à Tyr. D'après la tradition, Tabarja, Jbeil et Batroun figurent aussi comme embarcadères sur ses itinéraires de voyage. De charmantes églises côtières bordant des criques marquent de leur présence cette tradition. D'après un père de l'Église, il visita même Tripoli.
Si proche de la Palestine biblique, le Liban ne pouvait pas ne pas figurer - comme une Terre sainte foulée par les pieds du Christ - sur l'itinéraire de l'apôtre Paul, à l'une ou l'autre de ses allées et venues dans un bassin méditerranéen qu'il allait marquer une fois pour toutes de son génie et de sa sainteté.
Une cérémonie œcuménique et, auparavant, le 28 juin, une rencontre avec les jeunes ont marqué la clôture de l'année Saint-Paul : la cérémonie œcuménique s'est donc tenue à la basilique Saint-Paul des grecs-catholiques, à Harissa ; la rencontre avec les jeunes, au couvent du Christ-Roi. Le cardinal André Vingt Trois a pu en outre, au cours de sa brève visite de 48 heures, rendre des visites « qui dépassent largement la simple courtoisie », aux chefs des communautés musulmanes, à qui il a transmis les salutations personnelles du pape Benoît XVI. Il leur a dit de vive voix l'estime que porte l'Église catholique à tout ce qui peut faire avancer le dialogue et la compréhension mutuelle avec les représentants de l'islam.
Enfin, André Vingt Trois a été reçu par le chef de l'État, « garant du respect de la Constitution et symbole de l'unité du pays ».

L'unité des Églises
Dans les allocutions qu'il a prononcées à Harissa, au Christ-Roi et, peu avant son départ, au salon d'honneur de l'aéroport de Beyrouth, André Vingt Trois a fait passer trois messages important, et un fondamental.
Il a demandé aux chrétiens du Liban, et à ses jeunes en particulier, de continuer à aimer le Christ comme saint Paul l'a aimé, d'un amour ardent, passionné, au point d'en être « les icônes ».
« À l'exemple de saint Paul, vous êtes appelés à le reconnaître comme le seul Maître, a-t-il dit. Il est votre sauveur et votre libérateur (...) Comme un ami, Il marche à vos côtés chaque jour de votre vie, l'ami le plus beau, le plus vrai, le plus sincère (...) Ayez le souci de connaître toujours mieux le Christ, en restant fidèle à son amitié, en vous rappelant ses paroles (...) Aimez le Christ comme votre modèle et votre idéal. »
Les trois autres messages s'inscrivent dans le prolongement de ce premier et fondamental appel : ils concernent le souci de l'unité des Églises, l'attachement au témoignage chrétien au Liban, dans sa spécificité, enfin la fraternité entre l'Église de France et l'Église du Liban.
Le souci de l'unité, le souci œcuménique, André Vingt Trois l'a exprimé au cours de sa première rencontre, à Harissa, avec les représentants de toutes les Églises locales : « Vous, les chrétiens du Liban, vous êtes appelés à œuvrer surtout pour que le dynamisme œcuménique, bien visible dans votre vénérable assemblée qui regroupe ce soir toutes les Églises présentes au Liban, aboutisse à l'unité de tous ceux qui portent le nom du Christ. Ensemble, vous êtes invités à prendre conscience de la nécessité, toujours urgente, de témoigner de votre foi, qui est une fierté et une richesse pour laquelle il faut être prêt à sacrifier tout le reste. Vous mettrez tout en œuvre pour la réserver contre les dangers qui la guettent. Loin de tout ce qui divise et sépare, vous ferez tout, dans un esprit fraternel et dans l'appartenance commune au Christ, pour construire une Église sainte et une et édifier ses fidèles dans l'amour et la justice. »

Le témoignage chrétien
L'attachement au témoignage chrétien en terre libanaise a par ailleurs été l'un des thèmes récurrents des trois discours d'André Vingt Trois. « La réalité libanaise - différentes communautés vivant un même idéal national - est en effet un point de repère pour la famille humaine tout entière », a dit André Vingt Trois à l'aéroport, avant son départ.
« Chers Libanais, ce que vous vivez aujourd'hui dépasse les frontières de votre pays, a-t-il ajouté, avec réalisme, parce que vous êtes en même temps enracinés dans cette partie du monde et parce que vous constituez un pont vital entre l'Orient et l'Occident. Chacun de vous sait que ce destin singulier passe parfois par des moments plus difficiles, que ce projet se heurte à des conditionnements culturels et doit compter avec des intérêts politiques nationaux, régionaux et internationaux très divers. Mais le peuple libanais peut être assuré qu'il n'est pas seul dans cette problématique. Beaucoup de personnes, beaucoup de responsables de nombreux pays connaissent la richesse de la convivialité libanaise et la regardent comme un idéal à bâtir. Beaucoup voient dans l'exemple libanais une sorte de "laboratoire de collaboration" pour la recherche de solutions efficaces aux conflits qui agitent cette région du Moyen-Orient et aux défis des soi-disant incompatibilités entre les cultures. (...) Je crois que vous savez, et que vous pouvez développer un vrai dialogue national qui peut être probant au plan international au service de la paix, de la collaboration et de la solidarité entre les nations et les cultures. »

« Un trésor à offrir »
Aux Libanais, André Vingt Trois a demandé « de ne pas oublier ceux de (leurs) concitoyens qui ont payé de leur vie la défense des valeurs fondamentales de leur patrie ». « Vous devez considérer le témoignage chrétien comme une obligation à laquelle vous ne pouvez vous soustraire (...) L'Église du Liban, au milieu du monde arabe et moyen-oriental, porte ce trésor apostolique et doit y trouver la raison ultime de sa vocation et de sa tâche pastorale », avait-il affirmé la veille, tout en soulignant que « dans sa compréhension profonde du message salvifique, Paul s'est libéré de tout obstacle qui pourrait aggraver la division entre les hommes ».
Le Liban, a-t-il conclu, n'appartient pas aux Libanais. Il s'agit d'un « trésor qui leur est confié, ainsi qu'à la communauté internationale, un trésor à préserver, à développer et à offrir ».
En marge de ses messages fondamentaux, Mgr André Vingt Trois a rappelé que la fraternité entre l'Église de France et celle du Liban a, au-delà de la francophonie qu'ils ont - en partie - en partage, qu'elle est plus ecclésiale que culturelle. « Ce sont des liens de cœur, des liens familiaux, on pourrait même dire des liens de sang dans le sens le plus profond », a-t-il indiqué, précisant que l'archevêque de Paris entretient, comme « évêque ordinaire » de ces communautés, des liens particuliers avec les catholiques orientaux qui résident en France.
Trop vite passée pour un tel géant, trop étriquée, l'année Saint-Paul instituée par l'Église catholique pour célébrer l'apôtre des nations, son incroyable audace missionnaire, son génie théologique, sa quête passionnée du Christ - « saisi et tentant de saisir » - a...

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